Chapitre 51 : Con te partirò

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J'avais passé l'intégralité du vol à osciller entre la colère, ressentie face à ce que je considérais comme une trahison, et l'angoisse à l'idée que Clemente puisse être condamné à de la prison. Son acte m'était insupportable. J'avais cru que nous avions établi une relation de confiance en tant que couple, mais le fait qu'il ait caché cela me faisait désormais douter. Cette situation, bien qu'elle le concerne en premier lieu, allait inévitablement affecter notre couple. J'estimai donc qu'il aurait dû m'en parler, au lieu de recourir à la dissimulation et aux manigances en m'offrant un voyage qui n'était finalement qu'un subterfuge pour me tenir éloignée de New York.

Arrivée devant notre immeuble, je restai un moment immobile, observant les fenêtres éclairées de notre appartement. J'inspirai profondément avant d'entrer dans le bâtiment.

Clemente m'attendait sur le canapé, les mains posées sur les genoux, l'air abattu. Lorsque j'entrai, il tourna vers moi un regard fatigué et tendu. Son visage épuisé, marqué par une barbe de trois jours, contrastait fortement avec son habituelle apparence soignée. Son état atténua quelque peu ma colère, sans toutefois la faire disparaître.

Je m'assis en face de lui, le saluant à peine, et remarquai un tressaillement sur ses lèvres, signe de son trouble face à ma froideur.

— Dis-moi tout, exigeai-je d'une voix ferme.

Il baissa les yeux, fixant le sol, puis inspira profondément avant de commencer son récit.

Clemente me révéla tous les détails qu'il avait jusque-là soigneusement occultés. Avec gravité, il me décrivit les premières visites des inspecteurs, le complot ourdi par Nicola pour le faire tomber, Danièle prêt à témoigner, et l'accumulation des preuves contre lui. Il m'expliqua avoir planifié ce voyage lorsqu'il avait appris qu'un mandat serait émis et que notre appartement serait fouillé. Il termina ses explications en évoquant les risques qu'il encourait et l'offre de ses avocats, qu'il avait finalement acceptée.

Tout au long de son récit, je restais silencieuse. Submergée par mes émotions, j'étais en colère contre lui, contre Nicola, mais aussi contre moi-même. Je n'avais rien vu venir, persuadée qu'il ne s'agissait que de simples problèmes professionnels, alors que la réalité se révélait bien plus sombre.

Quand il se tut, un silence lourd tomba entre nous. Je me trouvais sans voix, la gorge nouée et la bouche sèche, partagée entre sentiments de trahison et d'épuisement. Les conflits antérieurs avec les Russes, puis avec Nicola, avaient été éprouvants, et j'avais nourri l'espoir que nous serions enfin tranquilles. Cependant, notre paix fut éphémère, et notre avenir se voyait à nouveau menacé.

Après avoir avalé difficilement ma salive, je retrouvai enfin ma voix, tremblante.

— Ne me fais-tu donc pas confiance ?

— Ce n'est pas ça, Victoire, murmura-t-il, la voix teintée d'hésitation.

Je plongeai mon regard dans le sien, et, malgré moi, sentis les larmes envahir mes joues.

— Alors, pourquoi m'avoir dissimulé tout cela ?

— Oh Victoire... soupira-t-il, se levant pour me rejoindre.

Il me prit dans ses bras. Je ne le repoussai pas, mais je ne lui rendis néanmoins pas son étreinte. J'étais toujours énervée, cependant, ma tristesse avait pris le dessus sur ma colère, et je me sentais désemparée.

— Si je t'ai caché cela, ce n'est pas par manque de confiance, expliqua-t-il doucement. Je voulais juste te protéger. Tu as déjà vécu tant de choses difficiles depuis que nous nous fréquentons, je ne voulais pas ajouter un autre souci à ta vie. J'espérais régler cela seul, mais les événements m'ont dépassé.

Four Aces Of CardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant