Chapitre 24 : Italien entiché

4.9K 440 21
                                    



Dès que Clemente fut certain que Renato avait bel et bien quitté son appartement, il s'installa à son bureau et entreprit de prendre des notes sur une feuille, concentré. Intriguée, je lui demandai ce qu'il était en train de faire.

— Je mets en place notre plan d'action, en précisant les points sur lesquels nous devons travailler. Il est impératif que nous soyons parfaitement prêts.

— Excellente idée. J'ai déjà une suggestion à faire. Pourrions-nous éviter les « chéri » et autres termes similaires ? Entendre ces mots sortir de ta bouche me donne des frissons.

— À ce point-là ? soupira Clemente. Alors, comment devrais-je t'appeler ?

— Victoire, ça me semble parfait.

— Juste Victoire ? Ne devons-nous pas donner l'image d'un couple ? Après tout, ce genre de surnom, c'est ce que font les couples « normaux », non ?

— Ah, parce que tu maîtrises la normalité ? Nous ne sommes pas un couple normal, en réalité, nous ne sommes pas du tout un couple. Alors, appelle-moi Victoire, ou au pire Vic, mais c'est tout.

— Certes, mais comme tu parais tellement détester cela, je vais prendre plaisir à te taquiner avec ces petits surnoms, juste pour te voir t'agacer, me répondit-il en faisant un clin d'œil.

— Clemente... grognai-je.

Il émit un léger rire et revint à sa liste. Pendant ce temps, je m'installai sur le canapé et réfléchis à la situation, à comment je comptais me sortir de tout cela. Clemente releva la tête, me jeta un coup d'œil rapide, puis écrivit tout en verbalisant ses pensées.

— Une nouvelle garde-robe pour le week-end et une visite chez le coiffeur me semblent nécessaires.

— Quel est le problème avec mes tenues ?, me plaignis-je.

— Veux-tu réellement discuter de tes goûts en matière de mode, mon cœur ? me lança-t-il en insistant sur le dernier mot.

Je lui lançai un regard plein de colère. Il cherchait visiblement à mettre mes nerfs à l'épreuve. Désireuse de lui rendre la pareille, je lui répliquai.

— Chéri, t'ai-je déjà dit à quel point je te détestais ?

— Le sentiment est totalement réciproque, mon amour, souffla-t-il avec un petit sourire.

Le dimanche, plus tard dans la matinée et après que Clemente eut passé près d'une heure à réprimander son frère pour sa monstrueuse erreur, nous rentrâmes chez moi pour nous atteler au scénario de notre couple. L'après-midi fut consacré à l'invention de nos histoires communes, à la création d'anecdotes, et à des discussions portant sur tous les détails que nous connaissions l'un sur l'autre, le tout dans le but de renforcer notre mascarade.

J'avais découvert que Clemente avait un faible tout particulier pour le poisson, qu'il aimait déguster préparer de toutes les manières inimaginables. Il n'accordait que peu de temps à la télévision et ne connaissait aucune des séries dont j'étais fan, et en dehors du travail, il ne semblait avoir ni loisir ni passe-temps. Rien de particulièrement captivant.

Le lendemain, je repris enfin le travail avec un soulagement palpable. Entre tous les problèmes qui m'étaient tombés dessus au cours de la semaine précédente, et en plus le fait que Clemente squattait mon appartement, me retrouver à l'hôpital, m'en éloignant me procurait un soulagement bienvenu.

Mes collègues, inquiets de mon long congé maladie, me demandèrent des nouvelles, et je pris le temps de les rassurer tous avant de me plonger entièrement dans le travail. Je me lançai ensuite corps et âme dans mes tâches, cherchant ainsi à éviter que mon esprit divague vers ce qui m'attendait en fin de semaine.

Four Aces Of CardsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant