Chapitre 16 : Sangu chiana sangu.

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Je n'avais aucune notion du temps écoulé depuis mon entrée dans cette pièce

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Je n'avais aucune notion du temps écoulé depuis mon entrée dans cette pièce. Était-ce des heures ou des jours ? Les deux hommes qui me faisaient office de gardiens n'intervenaient que pour m'accompagner aux toilettes ou pour me fournir de la nourriture, que je n'osais pas toucher, me contentant de boire l'eau qu'ils me donnaient. Dans l'absence de toute fenêtre, il m'était impossible de discerner s'il faisait jour ou nuit. J'étais épuisée, ballotée entre les sanglots, l'insomnie due à ma difficulté à m'endormir, et la faim qui rongeait mon corps. Ma condition était pitoyable, je me sentais sale. Comment les frères Santini s'étaient-ils retrouvés impliqué avec ces individus et leurs affaires ? Ces hommes étaient indiscutablement des criminels, cela ne faisait aucun doute. Leur désir de vengeance me faisait frissonner d'angoisse, mais comparé à leur proposition de m'entraîner dans l'un de leurs maisons closes, c'était bien peu.

Le temps s'écoulait, presque imperceptible, et puis le bruit du verrou retentit. Mes geôliers vinrent me chercher encore une fois, mais cette fois-ci, ce ne fut pas pour m'escorter aux toilettes. Ils me conduisirent à l'étage, dans le salon. Les hommes étaient toujours là, assis sur les canapés, mais leurs tenues avaient changé, signe qu'au moins une journée s'était passée. Cette fois, nulle invitation à m'asseoir ne fut formulée, la brute se contenta de me projeter violemment sur le tapis, face à la table basse. Il était évident que la situation avait évolué. Le chef, désormais bien moins amical, éructa presque son discours à mon adresse.

— Vous aviez raison concernant les Santini. Ils ne vous accordent aucune importance. Quelques heures plus tôt, j'ai demandé à l'un d'eux quelle décision il avait prise à votre sujet. Sa réponse fut, et je cite : "Vous croyez que j'ai le moindre intérêt pour une femme que j'ai baisée et jetée ?". Puis, il a raccroché en riant.

Cette réaction, bien que redoutée, ne me surprit guère venant de Clemente. Mon destin semblait s'être scellé et loin de la meilleure des manières.

— Malheureusement, vous ne serez pas notre monnaie d'échange. Pauvre créature, vos parents ne vous ont-ils jamais mis en garde contre les fréquentations dangereuses ? Regardez où cela vous a menée. Dimitri, emmène la jeune fille en haut dans l'une des chambres et surveille-la. Sergueï veut avoir un avant-goût avant de la voir intégrer l'une de nos maisons, dit-il en désignant l'un des hommes, d'environ quarante ans, qui me dévisageait avec avidité et désir.

La nausée m'envahit lorsque je pris conscience de ce qui m'attendait. Mes cris retentirent alors que mon geôlier s'avançait. Je résistai de toutes mes forces, me débattant, mais il arrêta ma lutte d'un coup de poing brutal. Je m'effondrai sur le sol, la main contre ma figure endolorie, prise de vertige.

— Dimitri, ne la blesse pas. Je doute que Sergueï prenne plaisir à jouer avec une poupée meurtrie, ordonna le chef à son complice d'une voix glaciale.

Dimitri me saisit fermement le bras, et tout devint flou. Le monde se réduisit à l'avidité lubrique de Sergueï, à la douleur de l'impact du coup, à mes sanglots et à mes cris. Dans cet instant, je ne réalisais pas immédiatement que les fenêtres de la pièce explosaient. Dimitri me lâcha brusquement pour sortir un pistolet dissimulé dans sa veste. D'autres hommes l'imitèrent, et la salle devint le théâtre de détonations puissantes. Un court laps de temps fut nécessaire pour comprendre que des tirs provenaient de l'extérieur. À travers mes yeux embués de larmes, la scène m'apparut presque indistincte. Des hommes se mouvaient en hâte, des objets chutaient, des cris emplissaient l'air, les bruits de balles sifflantes et les hurlements de douleur se mêlaient dans une cacophonie infernale. Je rampai, me réfugiant sous une console pour me protéger. Fermant les yeux, je tentai de me couper du chaos, couvrant mes oreilles de mes mains, comme si cela pouvait me préserver des balles et m'arracher à cette guerre qui ne me concernait pas. Soudain, une main m'attrapa par l'épaule, me tirant de ma cachette improvisée. Je me mise à hurler, me débattant, mais une paire de bras m'enveloppa de manière ferme par-derrière, me contraignant à l'immobilité. Une main appuya sur ma tête, m'incitant à la garder baissée avant de me tirer en arrière avec empressement. Mon champ de vision, brouillé par les larmes et l'angoisse, m'empêcha de distinguer clairement l'identité de cet homme qui me retenait si étroitement. Il m'emmenait loin du fracas, loin des cris, loin de cette agitation.

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