Chapitre 1

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La musique résonnait à fond dans les écouteurs de son petit « iPod » première génération acheté d'occasion. Léa passa le chiffon imbibé de produit dépoussiérant sur les étagères de l'impressionnante bibliothèque chargée d'ouvrages et de dossiers.

Le meuble couvrait deux pans des murs de la pièce aux belles proportions. Dans un joyeux désordre, les livres anciens richement ornés côtoyaient les ouvrages d'auteurs classiques ou modernes, les livres juridiques, et les dossiers en carton marqués par années, sans doute pleins de documents administratifs.

La jeune femme avait envie de classer tout cela, mais elle avait appris à ne toucher à rien, lorsqu'elle faisait le ménage. Elle s'attarda malgré tout quelques instants devant certains livres magnifiquement reliés, qu'elle aurait souhaité feuilleter, mais qu'elle n'osait toucher.

MC Solaar chantait, maintenant, à tue-tête son « Si je meurs ce soir » dans ses oreilles, et elle reprit le refrain en sourdine...

Une main large et ferme s'abattit soudain sur son épaule.

Instantanément, Léa se tétanisa. Son cœur manqua un battement, puis repartit à un rythme effréné. Un court instant, elle eut l'impression d'être assaillie par une odeur répugnante venue des méandres de son esprit. Le relent paraissait cependant si réel qu'il lui provoqua un haut-le-cœur. Et, soudain, de violents tremblements secouèrent son corps. Il tressautait tellement fort que les écouteurs sortirent de ses oreilles.

— Bon sang ! dit une voix masculine à l'accent à peine perceptible, derrière elle.

La jeune femme était paralysée par une peur telle, qu'elle ne put réagir lorsque deux puissantes mains l'agrippèrent par les épaules et lui firent faire volte-face.

Dimitri Kyriakis fronça les sourcils en regardant la jeune femme.

Elle était livide, d'abondantes gouttes de sueur perlaient à son front et sa respiration était saccadée. Et, elle continuait à trembler... Mais ce fut son regard qui l'interloqua le plus. Ses magnifiques yeux en amande, marron très clair, presque translucides, étaient exorbités et emplis de frayeur... ou plutôt de terreur. Oui, une véritable terreur comme il n'en avait jamais vu auparavant se lisait dans son regard.

Non, elle n'était pas en train de jouer la comédie. Mais de quoi avait-elle donc peur à ce point ? se demanda-t-il pour le moins intrigué.

Il eut soudain l'impression que les jambes de la jeune femme allaient se dérober sous elle. Voulant la retenir par le bras, il tendit la main, mais elle eut un mouvement si brusque pour reculer qu'elle heurta violemment la bibliothèque derrière elle.

— Non ! cria-t-elle.

Cette fille était complètement folle ! L'agence lui avait envoyé une folle pour remplacer Maria. Il restait à espérer qu'elle ne l'accuse pas de harcèlement, ou de Dieu sait quoi, parce qu'il lui avait touché l'épaule ! se dit-il, sentant l'irritation le gagner.

— Excusez-moi, si je vous ai effrayée, fit-il pourtant très calmement de sa voix grave. Je n'en avais vraiment pas l'intention, mais vous ne m'avez pas entendu avec vos écouteurs poussés à fond.

Comme elle ne répondait pas et restait complètement immobile, il l'examina attentivement.

Ses yeux étaient encore empreints de peur, mais elle avait manifestement repris un semblant de contenance. Sa peau était mate, mais elle semblait pourtant manquer de soleil. Son visage plutôt anguleux aux joues creusées avait, malgré son air torturé, un aspect enfantin, qui contrastait avec sa bouche pulpeuse et sensuelle. Elle était jolie, tout au plus... Séduisante, serait le mot exact. Sa chevelure de couleur châtain foncé était tirée en arrière, en un chignon bas qui ne laissait dépasser aucun cheveu. Elle était visiblement âgée d'une petite vingtaine d'années. Mais Dimitri se demanda par contre de quelle origine elle était. C'était difficile à dire. Elle aurait tout à fait pu venir du Maghreb, des Antilles, ou encore d'un pays asiatique...

Dans le regard de Léa...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant