Dans le regard de Léa...

Chapitre 8

Dimitri regardait Léa qui se tenait à quelques pas de là. Il la sentait très peu sûre d'elle. Elle était pourtant magnifique dans sa petite robe en soie noire légèrement moulante, à la coupe minimaliste de chez Versace, qui lui arrivait bien au-dessus du genou, révélant ainsi ses jambes fuselées. Il lui avait offert cette robe, et il était heureux de son choix, car le vêtement mettait en valeur son corps mince sans pour autant être trop sexy.

Moins de dix minutes plus tôt, elle s'était éclipsée, prétextant qu'elle allait se chercher quelque chose à boire. Elle essayait, tant bien que mal, de faire bonne figure en affichant son masque impassible, il s'en rendait compte.

Cela faisait des semaines maintenant qu'elle était à fleur de peau... En fait, depuis ce fameux soir où elle lui avait enfin parlé. Il avait tout d'abord cru que ces moments intenses et chargés en émotions qu'ils avaient partagés allaient les rapprocher, mais bien au contraire, Léa s'était ostensiblement éloignée de lui...

Quelques jours auparavant, Dimitri avait vu, avec une joie toute particulière, un violeur condamné par la justice dans le procès pour le viol de la jeune étudiante. Après deux jours passés aux assises, le présumé agresseur avait écopé de sept ans fermes... et n'avait pas fait appel.

Dimitri avait voulu annoncer la nouvelle à Léa. Tout d'abord pour partager cette nouvelle avec elle, et ensuite pour qu'elle sache que la justice, tout comme les mentalités, avait évolué. Cependant, il y avait finalement renoncé. Il la sentait beaucoup trop fragile en ce moment. Elle aurait pu le prendre comme un reproche de sa part. Alors que là n'était pas son intention.

Ces derniers jours, il avait l'impression qu'elle semblait à nouveau perdre totalement pied face à ses peurs. Il avait bien essayé de lui parler, mais elle se refermait comme une huître à chaque fois qu'il tentait d'aborder le sujet, et devenait hermétique à toute discussion. Elle devenait également de plus en plus distante. En fait, il était même étonné qu'elle ait accepté de l'accompagner à cette soirée...

Dimitri se tourna à nouveau vers son interlocuteur, et s'efforça de se concentrer sur la conversation.

⁂

Qu'est-ce qu'il peut bien me trouver ? se demanda Léa pour la énième fois en regardant Dimitri à la dérobée. Il éprouve juste du désir pour moi, répondit une petite voix au fond d'elle-même. Du désir et rien de plus. Que pourrait-il éprouver d'autre ?

Puis, son regard balaya la salle où des femmes toutes plus magnifiques les unes que les autres riaient et discutaient... Elles étaient toutes pétillantes d'intelligence et sûres d'elles... Dimitri lui avait présenté certaines d'entre elles comme étant des amies. Quelque peu amère, Léa n'avait pu s'empêcher de se demander avec laquelle, ou lesquelles, il avait eu une aventure.

Elle qui n'avait pas le moindre courage, qui était ennuyeuse et terne, jamais elle ne pourrait survivre à la comparaison avec ses femmes... surtout, lorsque le désir de Dimitri pour elle serait tari.

Sans presque l'avoir touché, Léa déposa son cocktail sans alcool sur un guéridon et s'éloigna vers les toilettes. C'était le seul endroit où elle pourrait échapper, pour quelques instants du moins, à toute cette agitation qui lui mettrait les nerfs en pelote. En plus, comme si ça ne suffisait pas, depuis quelques instants, elle avait l'impression d'être l'objet de l'attention de plusieurs personnes dans la salle, et cela augmentait d'autant plus son malaise.

Deviendrait-elle paranoïaque, par-dessus le marché ? se demanda-t-elle, acide.

Elle pénétra dans les toilettes, et fut heureuse de n'y trouver personne. Après s'être lavé les mains, elle regarda d'un œil critique son reflet dans le miroir et eut une moue désabusée face à son image. Elle replaça une mèche de ses cheveux qui s'était échappée de son chignon, tout en se rappelant qu'avant de partir pour la soirée, Dimitri lui avait dit qu'elle était splendide et qu'elle l'aurait été bien plus si elle n'avait pas noué ses magnifiques cheveux. De toute façon, il l'avait toujours complimentée, lui avait toujours dit qu'elle était belle. Mais elle, elle se trouvait quelconque...