Dans le regard de Léa...

Chapitre 3

Dimitri se tenait devant la baie vitrée, et parlait doucement dans son téléphone portable. En entendant Léa arriver, il se tourna vers elle et lui adressa un sourire avenant, avant de se détourner à nouveau.

— Écoute, Sandrine, on en reparlera ce soir. Je te rappelle, si tu veux bien. Bon après-midi, à plus tard, dit-il avant de raccrocher.

De plus en plus mal à l'aise, Léa sentit intuitivement que cette Sandrine en question devait être une intime, très intime même. Peut-être avait-elle cette impression à cause du ton qu'il avait employé pour parler à cette femme ? Sa belle voix avait pris des intonations presque sensuelles...

Que lui arrivait-il ? En quoi cela la concernait de savoir à qui pouvait parler cet homme ? s'admonesta la jeune femme.

Alors qu'elle s'avançait vers la table de la salle à manger, une bonne odeur de nourriture affleura à ses narines. Apparemment, le livreur était passé. Elle était restée bien plus longtemps dans la salle de bains qu'elle ne l'avait cru.

Dimitri lui fit signe de s'asseoir et prit place en face d'elle. Léa, sans aucune raison, se sentit rougir et se maudit encore une fois. Elle ne rougissait plus comme ça, à tout bout de champ, depuis son adolescence. Enfin... depuis deux ans, les choses avaient de nouveau changé...

Elle osa à peine le remercier et encore moins le regarder lorsqu'il lui tendit une barquette de nem et la salade qui l'accompagnait. Commençant à manger presque à contrecœur, elle fut étonnée de constater que finalement, elle avait faim.

— Alors, ce n'est pas mauvais, n'est-ce pas ? demanda Dimitri après quelques minutes, alors qu'elle prenait un deuxième nem, qu'elle mangea avec appétit.

— C'est très bon, dit-elle en réfrénant son envie de se servir à nouveau.

De toute façon, se dit-elle, il valait mieux ne pas en manger plus, car elle risquait d'être malade. Elle avait, en effet, perdu l'habitude de manger de telles quantités... Et, pensa-t-elle en lorgnant avec envie les plats, elle avait bien l'intention de goûter au poulet et aux légumes dont l'odeur et l'aspect étaient particulièrement alléchants... Cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pas eu autant d'appétit. Était-ce parce qu'elle partageait son repas ? Ce qu'elle n'avait pas fait depuis des mois...

Ils continuèrent à manger en silence pendant quelques minutes, avant que Dimitri ne reprenne la parole.

— Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, commença-t-il, j'aurais besoin de votre aide. Je voudrais savoir s'il vous serait possible d'effectuer quelques heures supplémentaires pour ranger la bibliothèque.

Léa releva la tête de son assiette.

— Ranger la bibliothèque ? répéta-t-elle, perplexe.

— Vous avez dû constater que c'est une vraie pagaille sur ces étagères. Je n'ai jamais vraiment eu le temps de m'en occuper. De plus, je dois faire de la place, car j'ai encore des livres qui traînent dans des cartons dans le débarras. En fait, j'ai besoin que quelqu'un fasse l'inventaire de tous les ouvrages. Il faudrait, dans l'idéal, vider les étagères, en profiter pour les nettoyer et bien sûr classer les différents ouvrages. Je pense qu'il me faudra sûrement rajouter un module à l'actuelle bibliothèque pour tout caser.

— Pourquoi moi ? Votre femme de ménage habituelle n'a pas pu le faire ? ne put s'empêcher de demander Léa sur la défensive.

— En fait, cela ne l'intéressait pas vraiment, expliqua Dimitri d'un ton détaché. De plus, comme, je vous l'ai dit, je n'en avais pas vraiment le temps. Mais j'aurai quelques heures de disponibilités pendant les semaines à venir, je pourrai donc vous aider pour l'inventaire.