Chapitre 12

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Quelques jours plus tard, ils s'envolèrent pour la Grèce.

Théodora Kyriakis, la mère de Dimitri était séparée de son mari depuis quelques années déjà. Elle avait quitté la grande maison familiale qu'avait bâtie, des générations auparavant, la riche famille Kyriakis. Et elle avait acheté un confortable appartement dans le quartier Kolonaki, un des riches quartiers au nord d'Athènes, non loin de l'établissement, où elle enseignait le français.

Théodora était une belle femme brune, qui paraissait beaucoup moins que ses cinquante-quatre ans plus petite que la moyenne et très mince. Elle arborait une coupe au dégradé mi-long et un style vestimentaire chic, mais décontracté, qui collait parfaitement à sa personnalité.

Ce fut une Léa émue et fébrile qui fut agréablement surprise de la simplicité et de la chaleur, dont fit preuve la mère de Dimitri à son encontre. La jeune femme se sentit immédiatement à l'aise avec le franc parlé et la tranquille assurance de Théodora.

En fait, Léa en arriva très vite à admirer cette femme qui, elle le sentait, malgré son apparente bonne humeur, portait une tristesse latente au fond d'elle.

Le soir de leur arrivée, à dîner, Théodora avait tout de suite donné le ton lorsqu'ils étaient passés à table. Avec beaucoup d'humour, elle expliqua que préférant leur épargner l'intoxication alimentaire, avec ce qu'elle aurait péniblement essayé de préparer, elle avait préféré passer chez son traiteur attitré. Sur quoi Dimitri, avec un clin d'œil complice à Léa l'avait exagérément remercié de cette attention particulièrement « touchante », mais regrettait, tout de même, de ne pas avoir été épargné de ses talents de cuisinière, étant enfant... Sur ce, tous trois avaient ri de bon cœur.

Léa avait donc goûté à quelques spécialités. Elle avait plus particulièrement apprécié le Mélitzanosalata, un caviar d'aubergine au très léger goût amer, et les Keftédès, des boulettes de viande hachée relevée de menthe et d'épices, parmi lesquels elle avait reconnu, entre autres, du cumin.

À la fin du repas, Théodora avait demandé à son fils s'il avait l'intention de voir son père. Et même si Dimitri avait répondu de façon très détachée qu'il n'en aurait certainement pas le temps, Léa avait ressenti l'atmosphère, jusque-là détendue, s'alourdir quelque peu.

Théodora les avait tout naturellement installés dans la même chambre. Mais, bien qu'ils partagent le même lit, ils ne se touchèrent pas. Ce ne fut certes pas parce qu'ils n'éprouvaient plus de désir l'un pour l'autre, mais dans un tacite accord, ils préféraient se focaliser sur une relation avant tout amicale.

Le lendemain, après un solide petit-déjeuner, Dimitri jugea le temps assez stable et agréable, pour se promener dans le jardin national. Pour commencer leur semaine touristique en douceur, avait-il dit.

Le jardin, situé en plein cœur du centre-ville, était très étendu. Les promenades étaient ombragées, bordées de hauts palmiers, de pins, de cyprès... La végétation était assez luxuriante. Il y avait de nombreux bassins, où barbotaient des canards, assez rares malgré tout. Le jardin était vraiment magnifique, et donnait une impression de sérénité et de majesté. Léa s'y sentit bien. Ils déambulèrent un moment, puis Dimitri repéra un banc libre, ce qui ne fut pas une mince affaire, et ils s'y assirent.

Ils restèrent silencieux un instant goûtant le calme apaisant des lieux.

— Tes parents se sont séparés suite au... décès de ta sœur ? finit par demander Léa, curieuse de connaître la raison de cette soudaine tension à la fin du dîner, causée apparemment par l'évocation du père de Dimitri.

Dans le regard de Léa...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant