Chapitre 15

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Ce fut un réel plaisir pour Léa de se plonger dans un bain bien chaud, moussant et délicatement parfumé. Elle se détendit, et sentit se relâcher ses muscles contractés par toutes les tensions accumulées et la fatigue. N'ayant qu'une microscopique douche dans sa propre salle de bain, cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pu se détendre et s'abandonner dans un bain. Peu à peu, une douce langueur diffusa en elle.

Tout à l'heure, en passant devant la chambre, qui aurait dû être celle de son petit Theo, Léa avait eu une vive émotion, et sa main tremblante avait agrippé ses pendentifs, alors que des larmes avaient perlé à ses cils. Mais elle avait finalement pu les retenir. Elle n'avait pu s'empêcher de se demander si Dimitri avait refait la décoration depuis qu'elle était partie, ou si la chambre était restée en l'état. Mais, elle n'avait pas osé ouvrir la porte pour le vérifier.

Même si, maintenant, elle ne pleurait plus systématiquement, il ne se passait pas un jour sans qu'elle ne pense à Theo. Elle savait désormais qu'il en serait ainsi toute sa vie. La douleur était un peu moins vive cependant. Ou peut-être s'était-elle habituée à son intensité ?

Léa ne sut combien de temps elle était restée dans l'eau agréablement parfumée, mais elle en était ressortie en ayant l'impression de revenir un peu à la vie. En tout cas, elle se sentait plus détendue. Les cheveux sommairement retenus par une pince, elle sortit finalement de la pièce, emmitouflée dans un épais peignoir vert anis, bien trop grand pour elle.

Elle rejoignit Dimitri dans la salle à manger. Apparemment, pendant qu'elle prenait son bain, il leur avait préparé un copieux petit-déjeuner. Des œufs brouillés, des toasts, du jus d'orange et du café.

Un léger sourire aux lèvres, Dimitri regarda la jeune femme qui était presque perdue dans la masse de tissu éponge.

— Toutes tes affaires sont encore dans le dressing, dit-il doucement.

Léa lui jeta un coup d'œil surpris, mais ne fit aucun commentaire, se contentant de hocher la tête.

Ils s'installèrent en silence, et la jeune femme essaya de faire honneur aux délicieux œufs brouillés que Dimitri avait préparés. Mais, elle n'avait pas vraiment d'appétit. Elle but par contre son café avec un réel plaisir, tout en grignotant un toast tartiné de confiture de cerises noires.

— Quels sont ses papiers dont tu voulais me parler ? demanda-t-elle au bout d'un moment, comme Dimitri n'avait pas l'air de vouloir engager la conversation.

Il avait dévoré ses œufs et, tout en buvant tranquillement son café, il l'observait avec une intensité qui la troublait.

— Finis de manger, Léa, dit-il doucement d'une voix ferme. Après, tu iras te reposer et nous aurons tout le temps de parler plus tard.

— Dimitri, ce n'était pas ce qui était convenu..., commença la jeune femme sur la défensive.

— Ce qui était convenu, Léa, c'était que tu sois en état d'avoir une conversation. Et si comme je le pense, tu as passé la journée à la fac, pour ensuite partir travailler de nuit, je ne crois pas que ce soit vraiment le cas, fit valoir Dimitri.

Le fixant un instant, elle décida finalement qu'elle en avait assez de lutter. De toute façon, quand Dimitri avait cet air, ce n'était en général pas la peine d'essayer d'avoir le dernier mot. Et puis, il avait raison, elle était épuisée.

— Je n'ai pas envie de me disputer avec toi... Tu as raison, je vais aller me reposer. Est-ce que je peux prendre la chambre d'amis ?

— Bien sûr, répondit-il laconiquement.

Dans le regard de Léa...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant