Chapitre 2

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L'odeur ambiante d'urine concentrée était écœurante, presque suffocante...

Mais ce fut pourtant le souffle chaud à l'haleine fétide, près de son oreille, qui lui donna un haut-le-cœur.

Elle retint sa respiration aussi longtemps qu'elle le put, et aurait raidi son corps un peu plus, si cela avait été possible.

La main rugueuse et puissante de l'homme sur sa bouche se crispa un peu plus, incrustant ses dents dans la chair tendre de ses joues.

Elle était incapable de bouger. Immobilisée. Bloquée. Le visage contre le mur en parpaing sali par la suie des gaz d'échappement...

Léa s'agita dans son sommeil, et poussa un gémissement de douleur. Des gouttes de sueur perlaient à son front.

Elle devait se réveiller, ouvrir les yeux. Mais ses paupières pesaient des tonnes... C'était comme si le rêve se mélangeait étroitement à la réalité... Elle avait confusément conscience dans son sommeil, de faire un rêve, mais c'était comme si elle n'avait plus le pouvoir de commander son corps... Elle n'arrivait pas à ouvrir les yeux. Il fallait pourtant qu'elle se réveille ! C'était encore le cauchemar...

Elle s'agita de plus belle. Se réveiller... Elle devait absolument se réveiller !

L'impression de ne pouvoir sortir du rêve était aussi terrifiante que le cauchemar en lui-même...

Elle poussa soudain un cri. Le son de sa propre voix la fit émerger, lui permettant enfin d'ouvrir les yeux. En même temps, elle jaillit de dessous les draps, comme si son corps était brusquement libéré d'un lien invisible.

Trempée de sueur, le regard effaré et le cœur semblant vouloir sortir de sa poitrine, elle était maintenant assise dans son canapé-lit.

Instinctivement, elle agrippa le médaillon accroché à la chaînette qu'elle portait autour du cou. Puis, d'une main tremblante, elle essuya les gouttes de sueur qui mouillaient son front, et les larmes qui coulaient silencieusement sur ses joues fiévreuses.

Les yeux dans le vide, la jeune femme resta immobile durant quelques minutes, jusqu'à ce qu'un frisson glacé la tire complètement de l'état d'hébétude et d'angoisse dans lequel elle se trouvait. Elle dirigea son regard translucide vers la fenêtre aux volets fermés. Des rayons de soleil filtraient à travers les fentes des panneaux en bois. C'était l'été. Et, cette année encore, il faisait une chaleur étouffante dans la région parisienne.

Désorientée, elle tourna la tête vers l'affichage digital du boîtier, qui trônait juste à côté de la petite télévision, posée sur le vieux meuble de rangement. Meuble qu'elle avait trouvé un jour sur le trottoir en bas de chez elle.

8 h 17... C'était dimanche matin. Elle n'avait donc aucune obligation.

Se laissant lourdement retomber contre les oreillers et les draps froissés, elle se tourna sur le côté et se roula en boule.

Malgré son rêve récurrent, elle trouvait un sentiment de réconfort et de sécurité dans l'oubli que désormais seul pourrait lui apporter le sommeil...

Pourtant, au bout de quelques minutes, sans qu'elle n'y puisse rien, des larmes silencieuses jaillirent à nouveau de ses yeux.

Dimitri jeta un coup un bref coup d'œil à sa montre. S'il se dépêchait un peu, il pourrait arriver juste avant qu'elle n'ait fini.

Ces deux dernières semaines, l'image de cette fille avec ses magnifiques yeux translucides emplis de terreur était régulièrement venue le hanter. Mais ce qui le troublait le plus, c'était le fait qu'elle lui faisait penser à Anthéa. Il ne pouvait s'empêcher de se demander si elles avaient vécu la même expérience...

Dans le regard de Léa...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant