❄ Good Luck Little Brother

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Yuri se résigna à se lever. Il n'arrivait pas à s'endormir, trop préoccupé par son défi contre Yurio. Défi qui, il le savait, assurerait ou non que Victor reste au Japon avec lui. Sinon il rentrerait tout simplement en Russie et lui resterait à Hasetsu, seul...

L'enjeu est tellement important, se dit-il en traînant des pieds vers le salon.

En entrant dans la pièce, il fut étonné de trouver son adversaire assit par terre contre le canapé, son casque vissé sur les oreilles. Il avait les yeux fermés et semblait concentré. À tel point qu'il ne remarqua pas tout de suite que Yuri venait s'asseoir près de lui.

Lorsqu'il s'en aperçut, il écarquilla les yeux, fronça les sourcils de colère et retira rapidement son casque.

-- Dégage le porcelet ! J'ai pas besoin de ta compagnie, s'exclama-t-il.

Le japonais ne bougea pas, observant Yurio. Il aurait sans doute fui avant, par peur du jeune russe, mais ces derniers jours, en travaillant à ses côtés, il avait pu se rendre compte que Yurio n'était pas si méchant. À sa manière... Et puis il devait aussi avoué qu'il était trop fatigué pour se relever.

-- Regarde ailleurs ou je t'arrache les yeux ! le prévint son rival en levant deux doigts.

-- J'arrive pas à dormir, lâcha simplement Yuri en posant sa tête sur le sofa et en fixant le plafond sans faire attention aux paroles du jeune. J'ai peur. Pour demain.

Yurio soupira d'agacement.

-- Je ne vois pas pourquoi.

À ces mots, le japonais se redressa et l'observa, étonné.

-- Comment ça ? C'est logique pourtant. J'ai peur de toi parce que tu es redoutable et tu es l'un des meilleurs. Tu n'as que 15 ans et lorsque tu patines tu es tellement extraordinaire ! Tu as un grand avenir devant toi et je suis heureux que Victor puisse devenir ton entraîneur. Que tu le crois ou non, je te supporterais pendant les championnats, finit Yuri avec un sourire timide.

L'adolescent sembla surpris d'entendre tout ça de sa bouche. Mais très vite il retrouva son expression de froideur habituelle et posa lui aussi sa tête sur le canapé.

-- Tu parles comme si tu avais déjà perdu, répondit-il avec dureté.

Yuri haussa les épaules et se mit dans la même position que lui.

-- C'est le cas. Je suis réaliste, tu es meilleur que moi.

-- Non, lâcha Yurio aussitôt.

Le japonais tourna la tête vers lui.

-- Non ? le questionna-t-il sans comprendre.

Seul le silence lui répondit. Silence qu'il n'osa pas briser.

Il le savait, Yurio parlait peu ou lorsqu'il le faisait c'était de manière agressive et souvent blessante. Mais il était persuadé que c'était seulement une facette. Cette méchanceté lui permettait de n'avoir personne à ses côtés, de détourner les discussions pour ne pas avoir à se livrer sur lui et ce qu'il pourrait ressentir et surtout pour ne pas se montrer faible.

Malheureusement pour lui, Yuri l'avait compris et avait même appris à l'apprécier tel qu'il était. Il n'était pas prêt de l'abandonner, peu importe qu'il gagne le lendemain ou non.

-- Tu te trompes, déclara soudain le russe en brisant le silence.

Yuri resta muet, espérant qu'il en dirait plus sans qu'il n'ait à le demander. Ils restèrent plusieurs minutes comme ça jusqu'à ce que Yurio continue.

-- Je suis meilleur que toi. Techniquement. Mais c'est Victor qui choisira le gagnant et il y a quelque chose en toi qui lui plais. Ce regard qu'il te lance lorsque tu patines... Il ne m'a jamais regardé comme ça. Et pourtant j'ai plus d'allure, lâcha-t-il en observant Yuri de haut en bas avec une grimace de dégoût.

Yuri prit le temps de digérer ses paroles sans y croire.

Non Victor ne le choisirait pas. Il n'avait aucune raison de le faire et ça serait même idiot de sa part.

Mais...

Yurio ne lui aurait jamais dit ça si ce n'était pas vrai si ? Il aurait plutôt eu tendance à lui dire des choses comme : "je vais t'écraser le porc" ou "t'es qu'un raté et tout le monde le verra demain". Bref, pas le genre à lui redonner l'espoir en affirmant connaître les intentions de leur coach.

-- Merci, souffla-t-il encore dérouté.

L'adolescent tourna les yeux vers lui et posa un doigt sur sa poitrine.

-- Te méprend pas. Je vais quand même t'écraser le porcelet. Tu n'auras jamais connu pareille humiliation, déclara-t-il avec un ton néanmoins plus doux qu'à l'accoutumée.

-- C'est ce qu'on verra, le défia le japonais avec un sourire.

Il attendit un peu, profitant de la compagnie de Yurio puis lorsqu'il se mit à bailler et qu'il devint vite évident qu'il allait s'endormir par terre, il décida d'aller se recoucher.

-- Je vais..., commença-t-il en tournant la tête vers le jeune homme.

Mais il s'arrêta en pleine phrase. Yurio dormait déjà. C'était tellement adorable de le voir ainsi que le japonais sourit en se levant.

Il prit le plaid qui recouvrait le sofa et le posa délicatement sur son adversaire.

-- Bonne chance petit frère, murmura-t-il avant de s'éloigner de la même façon qu'il était arrivé : en traînant des pieds.

Dans l'obscurité du salon, le russe ne dormait pas tout à fait et un sourire naquit sur ses lèvres.

Bizarrement il appréciait ce surnom...

Yuri On Ice - RecueilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant