Chapitre II

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Jack ne m'en avait pas dit plus et m'avait raccompagné jusqu'à ma chambre. Il ne m'avait pas reparlé et n'avait pas cherché à en savoir d'avantage sur mes pensées. J'étais perdu et on ne pouvait apparemment pas m'aider. Tous ces éléments raccordés à mes soit disant problèmes mentaux... Cette couverture rouge de posée sur le fauteuil de ma chambre, ce rouge si intense, le même rouge qui colorait le plaid que je faisais apparaître dans ma salle de bain à Constance et dans le square avec Peter, le soir de la découverte de mon don. Cette couverture n'est pas là par hasard j'en suis sûre mais pourquoi est-ce que cette pauvre couverture rouge est si importante? J'espère le savoir bien assez tôt. Le prénom de mon Docteur me fait le même effet que cette couverture. Il s'appelle Jack et ce n'est pas normal que l'infirmier de mon "Absence" avait le même nom... Toutes ces choses bizarres me donnent des vertiges. Je ne comprends plus rien. Et ce tableau dans la salle étrange où j'ai été tout à l'heure, il représente ma maison, ma seule et unique maison à Constance. Je veux que tout ça s'arrête. Je veux rentrer chez moi, je ne suis pas folle, ce n'est pas normal qu'on m'enferme dans ma chambre à chaque fois que je suis seule. Quand est-ce que je reverrais ma mère? Ma vraie mère pas celle qui a participé à mon isolement. Je me souviens du dernier moment que j'ai passé en sa compagnie, quand elle m'avait demandé de l'aide pour poser la nouvelle vitre dans la cuisine. Elle était si heureuse de ne pas avoir eu à appeler quelqu'un pour le faire à notre place... Cette mère me manquait, celle avec qui je faisais des balades tard le soir en scooter. La mère que j'ai rencontré il y a encore quelques jours avait que l'aspect physique de la personne que je connaissais. À l'intérieur, elle était sans aucun amour pour moi et aucune pitié, elle avait laissé mon père me gifler et m'emmener dans la cave afin de me frapper encore et encore avec des coups de plus en plus fort. Elle l'avait laissé me faire toutes ces choses sans lever le petit doigt. Il m'avait attaché à cette chaise avec des cordes bien trop serrées. Il n'avait aucune pitié lui aussi. Pourquoi est-ce qu'il m'avait frappé aussi fort sans aucune retenue. Les parents qui m'ont fait interner ne sont pas les parents dont je me souviens le mieux. Pourquoi toutes ces choses m'arrivent à moi? Et pourquoi je suis en train de pleurer pour cette stupide histoire de couverture rouge?! Je veux plus de tout ça. Je veux que tout s'arrête...

Je pleure tellement que je n'avais pas vu que la porte de ma chambre venait de s'ouvrir. Une fille avec les cheveux d'un brun envoutant était sur le pas de ma porte. Elle portait un pyjama de l'hôpital. Il était blanc avec des tous petits carrés rouges. Elle portait des sabots en plastiques. Si elle n'avait pas eu cette tête d'aliénée, je l'aurai prise pour une infirmière. Elle me fixait avec ses yeux marron et s'approchait tout doucement de mon lit. Elle avait l'air gentil malgré sa façon étrange de se déplacer. Elle boitait très légèrement mais comme j'avais l'habitude de me focaliser sur les détails, je l'avais de suite remarqué. Elle avait l'air si fragile, c'était un tout petit gabarit. Quand elle marchait j'avais l'impression qu'elle allait se briser en mille morceaux à chacun de ses mouvements. Quand elle était parvenue jusqu'au fauteuil posté à côté de mon lit, elle c'était assise calmement comme si de rien n'était et me fixait de plus belle. Nous nous sommes regardées comme ça pendant une bonne dizaine de minutes jusqu'à ce que Jack vienne frapper à ma porte.

-Violette, je pense que tu n'es pas très bien mais sache que je suis là si tu veux parler de quoi que ce soit.

-Vous pouvez entrer Jack, je suis en compagnie d'une patiente de l'hôpital je crois...

Quand il avait entendu ce que j'avais à lui dire, il s'était empressé d'entrer et quand il avait vu la fille assise sur le fauteuil il avait comme l'air d'être soulagé. Il souriait en nous regardant à tour de rôle.

-Vous vous êtes retrouvées depuis longtemps?

- Heu... Je ne suis pas sûr de tout comprendre...

-Dr. Thinry, je crois qu'elle ne se souvient pas de moi. J'ai beau la regarder droit dans les yeux elle n'a pas l'air de réagir.

-Rosie, tout est comme avant, il suffit juste que ses souvenirs reviennent c'est tout. Tout va rentrer dans l'ordre mais il faut lui laisser quelques semaines pour...

-Quelques semaines vous dîtes?! MAIS J'AI BESOIN DE MON AMIE LÀ MAINTENANT PAS DANS QUELQUES SEMAINES!!!

-Calmes toi, crier n'arrangera absolument rien et pourra même ralentir la capacité de Violette à se souvenir de toi. Donc retournes dans ta chambre et restes y jusqu'à ce que je vienne te dire si Violette est apte à recevoir une de tes visites.

-C'est toujours la même chose, tu veux jamais que je reste... Je retourne dans ma chambre, mais pas parce que tu m'as dit de le faire Jack, mais parce que j'en ai marre d'être ici. À plus Violette.

-Je... oui, à plus heu...

Cette fille était sortie de ma chambre en claquant la porte. Jack avait fermé les yeux quelques secondes pour reprendre son calme je pense. Cette fille avait vraiment l'air de ne pas être facile à vivre. Un caractère et un égo surdimensionné.

-Violette, cette fille... Rosie, c'est ta meilleure amie depuis le tout début de ta venue dans cet hôpital, il y a des années. Vous êtes arrivées toutes les deux en même temps, vous aviez le même âge et un penchant commun pour les ennuis.

-Les ennuis?

-Oui, les ennuis. À plusieurs reprises vous aviez frôlé le changement d'établissement et même le refus de beaucoup de récréations avec les autres patients.

-Je suis désolée, je ne me souviens d'absolument rien...

-Je sais, mais ne t'inquiètes pas pour ça, dès demain nous allons reprendre les séances de psychologie ainsi que la maitrise de soi.

-La maitrise de soi?

-Oui, apprendre à contrôler tes émotions et surtout la colère due à ta frustration de ne pas te souvenir de ta vie d'avant.

-Je comprends mais je vais très bien en dehors du fait que je ne sache absolument pas comment tout ce que j'ai cru savoir et toutes les personnes que j'ai connu n'étaient pas réelles...

-Nous en avions déjà parlé, ces personnes peuvent exister. Nous allions en reparler demain. Mais reposes-toi maintenant Violette. Demain nous avons une longue journée de reconstitution... de ton passé...

Il n'avait pas attendu ma réponse et était déjà ressortit de ma chambre. La nuit s'était abattue sur l'hôpital et je me retrouvais de nouveau à fixer ce maudit plafond blanc. Cette nuit allait être très longue.


Calice Pan Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant