Chapitre IV

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Après m'être une nouvelle fois regardée dans mon miroir, je suis sortie de ma chambre, j'ai refermé ma porte dans un claquement des plus mémorables. Tous les malades se sont mis à hurler d'épouvante et me regardais les yeux remplis de peur mêlés à des larmes. Une vieille dame c'était approché de moi et m'avait tiré le bras afin que je me rapproche d'elle. Arrivée à sa hauteur, elle s'était approchée de mon oreille et avait chuchoté des mots à peine audible. Elle se reculait de moi et avait commencé à hurler que Satan en personne était dans le bâtiment et qu'il était en moi, que j'étais dangereuse et que tout le monde devait fuir au plus vite. Un infirmier qui était simple spectateur de la scène s'était approché de la vieille et la tirait maintenant par le bras jusqu'à la rentrer dans une chambre au bout du couloir. La vieille se débattait et je commençais à m'en vouloir d'avoir provoqué en toute ces personnes une peur bleu si tôt dans la journée. Je me suis tout de même mise à marcher assurément jusqu'à la cantine pour prendre mon petit déjeuné. Sur mon chemin, des discussions s'interrompaient, des cris et des gloussements se faisaient aussi entendre. Je m'étais assise à ma chaise habituelle proche du buffet mais aussi de la sortie ainsi que des toilettes, la place parfaite. Je mangeais souvent seule car peu de personnes étaient saine d'esprit ici. Je regardais comme toujours dans les mêmes directions ainsi que les mêmes objets, faisais les mêmes gestes et ainsi rien ne changeait de l'habitude à part ma tenue qui marquait une anomalie dans le décor blanc de la cantine. Ce blanc était présent dans tout le bâtiment, mais encore plus ici, les murs, le plafond, le sol, les chaises, les tables, les assiettes, les couverts, les plateaux, les verres, les coupelles à médocs, tout était blanc, pure, sans aucune tâche tout était bien trop propre et ordonné pour ne rien cacher d'étrange, quelque chose de malsain se préparait derrière ce décor bien trop parfait. Je me suis alors dépêchée de finir mon bol de céréale et je me suis mise à courir aussi vite que je le pouvais jusqu'à arriver dans ma chambre, j'ai refermé ma porte en me laissant tomber sur mon lit le souffle court. C'était une terrible erreur de se faire remarquer maintenant alors que je ressens comme un mauvais pressentiment. J'ai donc remis mes vêtements habituels et je suis allée à la rencontre de Jack qui m'attendait dans ma salle aux souvenirs. Je me posais maintenant beaucoup de questions sur la réalité de ce qui se trouvait dans cette pièce. Je ne pouvais pas avoir inventé toutes ces choses sur moi en si peu de temps j'en étais persuadé, il se passait quelque chose en moi depuis quelque temps mais je n'en avais parlé à personne et je ne devais pas en parler. Je devais sortir d'ici mais je devais avoir un meilleur plan que celui qui m'avait parcouru l'esprit auparavant. Je devais réfléchir mais avant tout je devais réussir à faire croire à Jack que je vais mieux pour qu'il me laisse tranquille au moins pour avoir moins de séance à ses côtés. J'ai frappé à la porte et dans la seconde qui avait suivi, Jack avait ouvert la porte sèchement. Il me regardait avec des yeux brûlant de colère. Il avait dû sûrement entendre parler de l'agitement dans les couloirs ce matin par ma faute.

-Pauvre gourde!

J'ai été informée assez vite vu ses premières paroles, nous n'allions pas parler rêves ni souvenirs durant le quart d'heure qui allait passer.

-Cassie ne va pas bien du tout, on a dû l'attacher à son lit et lui donner des calmants pour qu'elle arrête de hurler Satan et tout ça à cause d'une jeune illuminée qui s'amuse à s'habiller comme une trainer dans des locaux catholiques!

Je ne savais pas quoi répondre à cela, d'un côté, je comprenais sa colère mais d'un autre côté j'étais énervée de me faire remonter les bretelles aussi sèchement dès mon arrivée sans un ''bonjour" avant. Je le dévisageais sans vraiment se qui allait se passer maintenant, est ce qu'il allait me punir de sorties dans les jardins de l'hôpital ou bien me punir de soirée Scrabble que je faisais semblant d'aimer, je n'en savais rein et après tout, qu'est-ce que cela changerait... Rien, rien ne pouvait compter maintenant, je voulais connaître les secrets de cet hôpital. J'avais donc commencé par m'excuser et quitte à dire des choses que je ne pensais pas, il faudrait que cela soit vraiment convainquant.

-Si tu savais comme je regrette mon agissement de ce matin Jack, si seulement je pouvais remonter le temps, ne pas découper ces rideaux magnifiques et mes cheveux... Comme je regrette, et toute cette folie dans les couloirs, j'ai eu tellement peur de cette femme...

-Cassie.

-Oui, Cassie, j'ai eu tellement peur de sa propre peur que après mon déjeuner, j'ai été me changer en me promettant de ne plus jamais faire ça, cette peur chez les patients de cet hôpital, ils font tous partis de ma famille maintenant, j'irais m'excuser auprès de Cassie, pour ce matin, j'irais et je lui tiendrais compagnie autant de temps qu'il le faudrait, jusqu'à se qu'elle me pardonne de mon immaturité croissante ces temps-ci...

-Allons, Violette, ne dis pas ça, on fait tous des erreurs, nous sommes tous humain voyons. Je pense qu'il soit nécessaire de te blâmer autant, des excuses s'imposent à Cassie certes mais je pense que tu es assez grande maintenant pour savoir ce qui est juste ou non.

Bingo! Il y a cru. Je ne pensais pas que ça allait être aussi facile de jouer la comédie avec Jack, pourtant à l'écouter, il me connaît depuis toujours... Une preuve de plus que se cache peut être un mensonge derrière tout cela.

-Je m'en veux tellement...

Et des larmes maintenant, mais qu'elle bonne comédienne je faisais purée je ne pensais pas être aussi douée! Il s'était approché de moi afin de pouvoir me prendre dans ses bras. Au contact de nos deux blouses, je sentais les battements accélérés de son cœur bien trop proche de mon oreille, je détestais l'idée d'être proche de quelqu'un comme ça sans vraiment le vouloir. La seule personne que je voulais serrer dans mes bras était Peter, bien trop de temps c'était écoulé. Je reposais tout de même ma tête sur le torse musclé de Jack et des larmes coulaient le long de mes joues pour la simple et bonne raison que la tristesse gagnait de nouveau mon corps tout entier. Je me suis décollée de lui après quelques minutes et d'un revers de manche j'avais essuyée mes yeux remplis de larmes encore fraiches. Jack me regardait de haut en bas et soupirait.

-Allez, on va travailler sur ce tableau aujourd'hui, tu vas me dire tout ce qui te passe pas la tête en le voyant, que ce soit des noms, des prénoms, des adjectifs, des sentiments tout ce à quoi il te fait penser.

Il me montrait le tableau où était peint ma maison à Constance et les deux petites filles devant celle-ci. Je devais sûrement mentir pour parâtre normal, habituellement comme il dit, je ne me rappelle pas de mes crises, je devrais faire comme si tous mes souvenirs de ma soit disant crise avaient disparus.

-Je vois de la joie et heu... De l'amour, ses deux petites filles ont l'air de beaucoup s'aimer et peut être qu'elles aiment la maison derrière elles.

-Cette maison, tu l'as reconnaît?

-Non, je ne sais pas, je devrais ? Je suis désolé, mais je ne sais pas ce que dit représenter cette maison pour moi, je ne la reconnais pas... Jack pourquoi je ne m'en souviens pas? C'est normal?

Il a l'air ravi, mon plan marche à ce que je vois, il a l'air de croire à ma comédie.

-Tout va bien Violette, tu reprends tes esprits, c'est tout à fait normal que tu ne te souviennes pas de cette maison puisqu'elle n'existe pas, ton médicament marche à merveille, tu commences à retrouver ta vie d'avant tes crises, c'est du très bon travail, c'est tout pour aujourd'hui, tu peux retourner dans ta chambre c'est bon.

J'ai donc ouvert la porte et avant de partir en direction de ma chambre, j'ai regardé une dernière fois Jack le sourire aux lèvres, on aurait dit un savant fou ayant réussi une expérience de dingue et pourtant sa réussite était qu'un pure mensonge le pauvre homme... J'ai refermé la porte et je suis reparti dans ma chambre. On m'avait racheté des rideaux bordeaux et ils étaient exactement comme ceux que j'avais découpés. Je me suis assise dans mon fauteuil en continuant à lire un de mes gros livres, il était passionnant et pourtant j'ai réussi à m'endormir en le lisant, surement dû à l'accumulation de fatigue. Je ne prenais plus aucuns médocs et mon organisme était en manque de certain à mon avis.


Calice Pan Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant