Chapitre Cinq

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« May your choices reflect your hopes.

Not your fears. »

Nelson Mandela


J'écris tout et n'importe quoi, qui peut me passer par la tête. J'écris tout sur ces murs. Qui se remplissent petit à petit.

Tony lui, dessine par terre. Je ne sais pas si son talent artistique est présent en lui, mais si c'est le cas, il est présent bien profondément en lui. Ou il ne le montre pas. Mais rien de ce qu'il ne fait, ne ressemble à grand-chose. Après tout, Picasso avait une façon très particulière de faire ses œuvres et le résultat était plutôt... Spécial.

Il pleut aujourd'hui et j'essaie de combattre le froid du mieux que je peux. Mes dents ne peuvent s'empêcher de claquer entre elles. C'est normal, nous sommes en plein moi de décembre. Et on ne peut pas dire que l'isolation est le point fort de cette pièce.

Dans mon décompte de jours, cela fait maintenant cinq jours que je suis ici. Déjà trois, accompagnés de Tony. Et, je suis toujours dans la même tenue que lorsque je suis tombée, inconsciente dans cette rue. Qui n'était qu'à deux minutes de mon appartement.

Cinq jours avec la même robe, la même petite culotte, le même soutien-gorge. Cinq jours que je ne me suis pas lavée. Cinq jours que je n'ai pas mangée un vrai repas. Cinq jours que je dors sur un matelas miteux avec une misérable couverture, que je dois maintenant partager avec quelqu'un d'autre. Je suis grandement étonnée de ne pas être encore tombée malade.

Je suis coupée dans mes rêveries par le bruit de la porte qui s'ouvre lourdement. Sans douceur. Pour changer.

- « Avélina. Viens. »

-          « Pour faire quoi ? »

-          « Viens. C'est tout. »

Sa voix est dure et froide. Je ne pose pas plus de questions. Je me lève et me dirige vers lui. Je ne peux ignorer mes battements de cœur qui s'accélèrent. De peur ou d'excitation. Je ne sais pas. Mais, je vais enfin pouvoir quitter cette cellule, au moins pour quelques instants. Ou, pour toujours s'il décide de me tuer. Ne pense pas à ça.

Une fois devant lui, le regard timide et surtout apeuré, il me saisit le bras, sans trop de douceur. Je grimace de douleur. Il referme la porte à clé, tout en me maintenant.

-          « Où est-ce qu'on va ? »

-          « Tu verras. »

-          « Dis-moi où tu m'emmène. »

-          « Tu me tutoies et me donnes des ordres maintenant ? »

Son regard est encore plus dur. Mais encore une fois, j'y vois autre chose mais distingue pas quoi. C'est frustrant. Au point où j'en suis, je n'ai plus rien a perdre.

-          « Pourquoi je ne le ferais pas ? Tu me tutoies alors que je ne t'en ai jamais donné la permission, tout comme me donner des ordres. »

Ses deux grandes mains musclées me plaquent contre le mur d'une telle force que mon dos claque violemment le mur. Je grimace de douleur, une fois de plus. Son regard, qui est à quelques centimètres de mon visage, transperce le mien. Ses yeux clairs presque turquoises, deviennent plus foncés, dû à la colère.

-          « Ne me parle pas sur ce ton ! Je fais ce que je veux de toi.»

Ses paroles m'irritent au plus haut point. Mes yeux bleus océan lui envoient des éclairs. Il ne fera certainement pas ce qu'il veut de moi. Je ne suis pas une fille facile. Je ne suis pas du genre à me laisser faire. La colère monte en moi et je me détache de son emprise en un mouvement de bras. La stupéfaction puis l'agacement passe sur son visage, en deux secondes. Il faut que je me contrôle pour ne pas aggraver mon cas. Je ne dis rien et reste plantée devant lui, attendant qu'il m'emmène où il l'avait prévu.

Sa main saisit mon bras une nouvelle fois, mais cette fois-ci, il est beaucoup plus délicat. J'en suis surprise mais ne dis rien et me contente de le suivre.

Nous montons un escalier en béton. Pour changer. Et arrivons dans un couloir. C'est relativement moderne. Je ne pensais pas. Je n'ai pas le temps de m'attarder sur les détails de ce que je vois que je suis déjà dans une autre pièce. Une chambre. Jolie. Simple. Masculine. Ce serait donc la sienne ? Pas le temps non plus d'admirer cette nouveauté plus longtemps, car il m'emmène déjà dans une nouvelle pièce, qui communique avec la chambre. Une salle de bain. Je vais enfin pouvoir me laver ? C'est une blague ? Je suis en train de rêver là, non ? Le bon Dieu a décidé d'être de mon côté aujourd'hui.

-          « Je me suis dit qu'il serait peut-être temps de te laver. »

Mon excitation se traduit par l'ironisme.

-          « Mince alors. Moi qui commençait à me découvrir un goût certain pour les cheveux gras, la crasse et la bonne odeur de transpiration. C'est vraiment bête. »

Mon ton ironique ne l'amuse pas vraiment et le fais souffler.

-          « Tais-toi et déshabilles-toi. Tu me casses les oreilles. »

A mon tour de souffler. Ce n'est quand même pas moi qui ai choisie d'être ici. Donc, j'ai encore le droit de dire ce que je veux.

-          « Tu avais qu'a en choisir une plus silencieuse. Et comment ça « déshabilles-toi » ? Tu ne vas tout de même pas rester ici ? »

-          « Oh que si je vais rester ici. Parce que c'est moi qui vais te savonner. »

Je crois que j'ai mal entendu. Il est peut-être super bien foutu et carrément beau. Ca n'empêche pas, que je ne l'ai pas rencontrer par plaisir et qu'il m'a enlevé alors que j'étais inconsciente et droguée et qu'ensuite il m'a enfermée dans son sous-sol.

-          « Quoi ? L'intimité, tu ne connais pas ? »

-          « Crois-moi, tu préfères largement que ce soit moi qui soit ici, à te laver, plutôt que quelqu'un d'autre. »

De qui il parle ? Il y aurait quelqu'un d'autre ? Quelqu'un qui lui dise quoi faire ? Milles questions tournent dans ma tête. Il a attiré ma curiosité.

Voir au-delà des actesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant