Chapitre Seize.

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« Les gens sont comme les livres.

Les uns trompent par leur couverture.

Les autres surprennent par leur contenu. »


    Comme la dernière fois, je passe de groupe en groupe, avec mon plateau. Et un joli sourire plaqué sur le visage. A deux reprises déjà, deux hommes m'ont mis la main aux fesses. Là, je ne tolère pas. Aucuns mots n'est sorti de ma bouche. Mais mon sourire s'est transformé en regard noir, à lancer des éclairs. Ça les a calmés. En espérant qu'ils n'aillent pas se plaindre et que ça ne me retombe pas dessus...

    Je m'approche du groupe où se trouve Ed. Depuis notre discussion, il est beaucoup plus appréciable. Même s'il reste froid, de temps un autre, il sait ne pas être méchant. Il suffit de le connaitre un minimum, et de savoir comment le prendre. Et j'ai trouvé, comment faire. Lorsque je m'approche, il me regarde de haut en bas, un sourire en coin. Qu'est-ce qu'il me fait là ? je ne peux m'empêcher de lâcher un petit rire. Je propose une boisson à tout le monde. Je me place à côté de Ed. Il se rapproche de mon oreille.

- « C'est un peu court comme tenue quand même. »

    Je lui réponds, à voix basse tout en gardant mon sourire, face aux autres. Ne lançant aucun regard à l'homme se trouvant à mes côtés.

- « Ce n'est pas l'avis des boss. »

- « Je n'en doute pas du tout. Je vais peut-être leur en toucher quelques mots. »

- « Tu ne leur diras rien du tout. »

    Il parait surpris par ma réponse lorsque je lui jette un coup d'œil. Ce qui m'amuse. Certains me posent quelques questions, auxquelles je réponds le plus gentiment et calmement possible. Au moment de m'éloigner, une grande main se pose sur mes fesses. Surprise, je me retourne, pensant que c'est Ed, mais pas du tout. C'est un homme d'une quarantaine d'années, limite pervers. Je m'apprête à lui lancer un regard noir, comme aux autres, mais je suis devancée par Ed qui s'approche de lui, en le pointant du doigt. La voix autoritaire, en détachant chaque mot.

- « Ne t'avise jamais de refaire ça. Ce n'est pas un objet. Personne ne la touche. »

    J'en reste bouche bée. Qu'il me défende comme ça, jamais je n'aurais pensée. Il doit vraiment s'en vouloir d'avoir été le premier à le faire, lors de la première soirée et surtout de comment ça a fini. Je vois du coin de l'œil, Mr Cànovas, nous regarder d'un regard interrogateur. Je ne m'attarde pas plus longtemps ici et retourne dans la cuisine pour également faire le plein du plateau. Je souffle un bon coup, au calme. Des pas se font entendre et s'arrête dans la pièce, à côté de la porte. Je ne prends pas la peine de relever la tête pour voir qui c'est, je le sais déjà.

- « Jamais je n'aurais pensé entendre ses mots de ta bouche, surtout à mon égard. »

- « Je ne pouvais pas rester comme ça, sans rien faire. Je ne suis pas aussi mauvais que tu ne le pense. »

    Je relève la tête pour le voir, tête baissée. Je sais déjà ça, depuis que j'ai appris à le connaitre, un minimum.

- « Je ne suis pas sûre que les boss acceptent ça. »

Il relève simplement les yeux, pour me regarder.

- « Peu importe. Je sais qu'ils n'acceptent pas que les invités traitent leurs membres de cette manière. Tu n'es pas un jouet. Ils n'ont aucuns droits de faire ce qu'il a fait. »

- « On ne peut pas dire non plus que ma tenue convient pour montrer qu'il faut aussi me respecter. »

    La grimace qu'il fait montre qu'il n'a aucuns arguments pour me contredire. Je retourne à ce que j'étais venue faire, prend un plateau remplis de coupe de champagne avec quelques amuse-bouche et retourne dans la salle. Neutralité, élégance, enfin presque, et surtout, garder la tête haute.

    Une petite discussion avec Alvaro s'est faite il y a quelques minutes. Ils me laissent une pause de trente minutes. Je me dirige dans les couloirs de la maison pour décompresser un peu. Comment pourrais-je m'habituer à cette vie ? Je m'appuie contre un mur, les yeux fermés. Une présence se fait à mes côtés. Je reconnais cette odeur, ce parfum. Je l'adore. Et pourtant, je continue de rester de marbre.

- « Qu'est-ce que tu veux Liam ? »

- « Ed prend ta défense maintenant ? »

    Le ton de sa voix est glacial et exprime presque de la haine. Envers qui ? Moi ou Ed ? Ou les deux ? Je garde mes yeux fermer.

- « Je ne lui ai rien demandé. »

- « Il l'a quand même fait. »

    Qu'est-ce qu'il lui prend ? Il est énervé ? Vexé ? Jaloux ? Je tourne ma tête et mon regard vers lui, à ma gauche. Mes yeux s'encrent dans les siens.

- « Qu'est-ce que ça peut faire ? Sincèrement. »

    Il tourne la tête pour échapper à mon regard. Pour que je ne puisse pas lire en lui.

- « Je ne supporte pas qu'il fasse ça alors qu'il a fait pire. »

- « Et il le sait. C'est sa façon de se faire pardonner. Il l'a fait et ça montre qu'il peut être là pour les autres. »

    Ses yeux se figent brusquement, sur mon visage, sourcils froncés. Il ne comprend pas.

- « Qui te dit qu'il l'a fait pour toi et pas pour donner une bonne imagine de lui et se racheter auprès de Mr Cànovas et Alvaro ? »

- « Parce que je n'ai pas le même point de vue que toi en ce qui le concerne. »

Il paraît blessé par mes mots. Qu'a-t-il compris, dans ce que je viens de lui dire ? Je ne le saurais pas. Ou du moins pas tout de suite. Il s'éloigne sans dire un mot, alors que je reste planté à le regarder partir.


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