Je prends mon oreiller, appuie ma tête contre et je me mets à hurler. De toutes mes forces. De tout mon coeur blessé. De toute cette fatigue accumulée. Ma mère ne veut pas comprendre. Ne veut pas accepter. Elle ne fait que juger les faits et elle ne se préoccupe pas de l'amour, de la vérité et de la puissance de nos sentiments. Elle nous culpabilise d'aimer. Elle voulait que nous ayons des petits ami(e)s. Voici chose faite. Nous nous aimons. Ce n'est sans doute pas à cela qu' elle pensait. Mais je ne veux pas ignorer mes papillons dans le ventre. Je ne peux pas ignorer la rougeur de mes joues quand je le vois torse nu. Et surtout je ne peux pas ignorer le manque que j'ai quand je suis loin de lui. Il est fort, il est oppressant, il est maladif. Je me découvre plus jalouse que jamais. La nuit je rêve de lui, le matin je me lève pour lui. Je suis comme un animal en manque soudain de compagnie et il est le seul à pouvoir le combler. Si notre propre mère ne peut pas le comprendre c'est qu'elle ne sait pas ce que c'est le véritable amour. Ce n'est pas parce que nous sommes jeunes que notre amour n'est pas réel. Ce n'est pas parce qu il est mon premier amour qu'il ne peut pas être le dernier. Ce n'est pas parce qu'il est mon frère que nous meritons d être traiter de la sorte. Je me remets à hurler dans mon coussin. Les larmes sortent de nouveau et elles sont nombreuses. Sommes nous des criminels ? Cette question si absurde pour moi il y a des mois me paraît tout à fait approprier à la situation depuis quelques temps. Je ne pensais pas l être un jour... ce n'était pas mon objectif en tout cas. Je me mets à rigoler nerveusement, une criminelle moi, ou même Sacha, c'est à mourir de rire. Depuis quand sommes nous des criminels parce que nous aimons. On ne choisit jamais d aimer. Des sentiments cela ne se commandent pas. Et puis Sacha n'est pas mon professeur, je veux dire nous n avons pas trente ans d écart et nous sommes consentant. C'est juste... mon frère. J'ai tellement envie lui dire pour une fois que frères et soeurs s entendent plutôt que de se taper dessus, elle devrait être contente. Et je repars dans un fou rire incontrôlable.
Les cheveux en bataille, le mascara étalé autour des yeux et un sourire béat, c'est la manière dont me trouve ma mère quand elle entre dans ma chambre. Sacha est à sa suite. Tiens, pourquoi vient elle me voir.
- Clara, dit elle d un ton dur.
Je ne réponds pas, de toute façon quand j ouvre la bouche elle ne m écoute pas.
- Tu réponds oui !
- Pourquoi ? Tu m écoutes maintenant ?
- Mais que tu es insolente ma parole, tu as tellement changé. Je ne te reconnais pas !
- Tu es tellement fermée d esprit, moi non plus je ne te reconnais pas, la fervente defensseuse des homos et de tous ceux qui subissent des discriminations. Mais quand il s'agit d écouter, de comprendre et de défendre tes propres enfants il n'y a plus personnes !!!
- Clara, intervient mon frère.
- Quoi ce que je dis est vrai et tu le sais!
- Maman fait le premier pas en venant te voir alors essaye de faire le deuxième.
- Ce n'est pas ce que j appelle faire le premier pas de venir dans ma propre chambre et de dire mon nom !
- Je fais un effort ! répond ma mère la voix posée mais légèrement plus élevée que d'habitude.
- Parce que maintenant c'est devenue un effort de venir dire mon prénom ??? hurlai-je. Nous sommes des pésticides maintenant ? Le "je vous aimerai toujours quoi qu'il arrive" à disparu ? Nous sommes plus digne de ton amour ...
- J'ai pas dit ça Carla ne déforme pas mes propos ! J'ai horreur de cela !
- Je propose que tout le monde se calme, cela ne sert à rien de s'énerver. On va se poser et parler tranquillement, réclame Sacha pour tempérer l'électricité qui plane dans la pièce.
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Vivons heureux, vivons cachés
RomanceUn frère et une soeur qui s'aime depuis toujours voient la nature de leurs sentiments envers l'autre changer du jour au lendemain. Effrayés puis rassurés ils vont entammer une histoire d'amour. Ils ne savent pas vers quoi cela va les mener, mais ils...