Chapitre 1: La gêne

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Mon réveil sonne, il est six heures. Je dois me lever pour aller au bahut, mais c'est la dernière chose dont j'ai envie. Je hais l'école. Depuis que je suis gamine. Déjà à la maternelle quand on faisait que du coloriage je détestais. Mais comme chaque matin, je me lève, je cherche des habits dans mon armoire et je les mets. Mes yeux se ferment tous seuls, ma bouche ne fait que s'ouvrir pour bailler. Je me traîne jusque dans la cuisine pour aller manger quelque chose. Mon frère dort encore, il loupe quasiment tous les matins sont bus, que j'aille le réveiller ou non. Mes parents sont déjà partis travailler, souvent ils ne rentrent pas la nuit, ils dorment sur place. Ils font parties des gens qui n'arrivent pas à décrocher de leur boulot pendant les vacances. Mathéo mon petit frère ne se lève pas avant huit heures, il est encore en primaire. Tous les matins lorsque je me lève, je n'ai qu'une envie, dormir et me réveiller aussi tard que lui. Malheureusement ce n'est pas possible.

Sacha daigne enfin montrer le bout de son nez. Il a les cheveux en bataille, son t shirt est de travers tel qu'il laisse apparaître les muscles saillants de son bras droit. Il se frotte les yeux comme Mathéo faisait lorsqu'il était petit, et il se met à bailler. Quand on me demande ce que je pense de mon frère le premier adjectif qui me vient est beau. Il l'a toujours était. Sur les photos lorsque nous étions petits il rayonnait, il avait une bonne bouille et un sourire craquant. Toutes mes amies l'aimaient et elles m envier de l avoir pour frère. Sacha est populaire dans notre lycée, il est connu et adoré de tout le monde que se soit des élèves comme des professeurs. En plus d'être beau il est intelligent. Il a vraiment tout pour lui et je suis fière de dire que je suis sa soeur.

Moi je suis plutôt du genre petite et graçouillette, mais sans être grosse. Je suis toujours moyenne partout, moyenne à l'école , moyennement jolie et cela sur à peu près tout.

Je finis de manger et je remonte me laver les dents. Quand je redescends mon frère n'est toujours pas près, je râle :

- Franchement dépêches toi tu vas encore louper le bus.

- Mais non t'inquiète pas pour moi. Je sais ce que je fais.

- Ah bah tant mieux parce que moi je ne comprends pas.

Je mets mes chaussures et mon manteau et je pars en direction de l'arrêt de bus.

Je monte dans le bus et je m'assois sur une place libre et je mets mon sac sur l'autre siège. Je sais que mon frère risque de rater son bus, mais je demande au chauffeur de patienter un petit moment. Au bout de trois minutes je vois mon frère marcher tranquillement au bout de la rue. Je descends du bus et lui hurle de courir. Il se met à rigoler et commence à trottiner. Je retourne à ma place, branche mes écouteurs et sombre dans un sommeil profond.

- Debout, debout, Sacha me secoue comme un prunier pour me réveiller.

- Oh c'est bon du calme. J'arrive.

Ma voix est encore toute endormie, mais je dois me dépêcher de descendre parce que le chauffeur de bus nous lance des regards noirs. Mon frère me tire par la manche de mon manteau pour me faire sortir. Une fois dehors je me remets à bailler.

- Dis donc c'est à moi que tu dis que je vais louper le bus. Si je n'avais pas était là tu ne descendais pas.

- Je sais, je sais mais cette nuit je n'ai pas beaucoup dormi.

J'avais regardais jusque tard dans la nuit la télé dans ma chambre, et souvent le matin il m'était impossible de ne pas dormir dans mon bus. Mais je continuais car c'était devenue une addiction.

Les cours commencent et se ressemblent. Un ennuie total. C'est long, pénible, et personne ne vient me sauver de ce cagibi. Je pense à Sacha qui comprend tout du premier coup, à ses facilités en maths, à ses rédactions qui font pleurer sa professeur de français, et à l'accent qu'il prend quand il me parle anglais pour que je m'améliore. J'aime mon frère. Je l'ai toujours aimé. Petite lorsque je n'allais pas bien, il était là pour moi, nous étions tellement proches. Maintenant cela n'a pas vraiment changer, mais c'est différent. Je lui confie tous mes secrets et lui les siens, on se comprend seulement par un regard, nous avons des fous rires ensembles, mais il y a comme une gêne entre nous. Je ne sais pas exactement quand est-elle apparue, mais peu à peu, lentement, elle c'est immiscée entre nous. Je hais cette gêne, je lui en veux d'exister, tout devrait aller pour le mieux entre Sacha et moi, mais elle est présente. Par moment j'arrive à l'oublier, puis elle se manifeste de nouveau, plus forte que la dernière fois. Comme si cela était interdit qu'un frère et une sœur s'entendent à merveille, sans avoir été fâché plus d'une heure tout au long de leurs dix-sept ans de vie commune.

Vivons heureux, vivons cachésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant