Prologue.

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[musique en média]

Cette douleur qui me comprime la poitrine persiste, pourtant cela fait une à deux heures que je suis avachi sur ce bureau, face à la fenêtre. Les rayons de soleil filtrent à travers les stores, créant un halo doux, protecteur autour de moi. Comme s'il m'enlevait du monde réel, comme si à l'intérieur le temps s'arrêtait. Comme si elle était toujours là, à moi...

Je me souviens de ce moment, dans le bateau, lorsque un rai de soleil a traversé la pièce, qu'à l'intérieur j'apercevais se mouvoir la poussière. 

Tout était si calme. Elle était à moi. En entier. La dernière sensation qu'elle m'a appris, après aimer, être aimé. La peur, l'angoisse, la détresse, le désespoir, l'abandon. La Perte.

Là, tout est différent.

L'odeur immonde assaille mes narines depuis un bon moment, et je sens les tissus de chair de déchirer, et fondre. Je sens tout mon dos brûler, comme si on y apposait un fer chauffé à blanc.
Et puis il y a cette souffrance, cette détresse qui m'oppresse surplombant le supplice physique que je m'inflige depuis des jours.

Il y a ce manque, cette absence, cet abandon qui me torture plus que je ne l'aurais imaginé, qui déborde en moi.

C'est plus que je ne peux en supporter. C'est trop.

Et puis, lorsque mes yeux sont clos, il y a ce fantôme, ma chimère, qui, je le sais, n'est qu'un rêve, mais paraît si réel. C'est presque comme si je pouvais l'entendre, la sentir. Comme si je pouvais deviner ses bras enroulés autour de mon cou, lorsqu'elle se penche pour m'enlacer, sa bouche près de mon oreille, son odeur que j'inhale, faisant abstraction de celle putride, indiquant ma faiblesse.

Sa voix, bon sang, cette voix qui me hérisse les poils.

Arkin, aides-moi.

J'ai l'habitude d'entendre ces mots depuis deux semaines, et c'est là la pire torture que l'on puisse m'infliger.

Celle de reconnaître mon impuissance bien que je sois l'une des bêtes les plus féroce sur cette Terre.

Elle me le susurre à l'oreille, ou alors elle me le hurle dans mes cauchemars. 

Et il y a cet écho, comme si cela se répétait à l'infini.

Aides-moi, aides-moi, aides-moi...

Mes mains tremblent lorsque j'agrippe ma tignasse à m'en arracher les cheveux.

- J'AI ESSAYÉ ! Hurlais-je en agrippant les rebords du bureau.

Contrôlé par mes nerfs et mon angoisse, j'envoie le bureau à travers la pièce, qui se brise dans un fracas assourdissant, les bouts de bois éclatant sous la pression.

- Je le jure... finis-je par murmurer en glissant à terre, la tête entre les mains.

J'entends quelqu'un grimper les escaliers en courant, puis ralentir dans le couloir pour marcher devant ma porte.

Un silence, puis...

-Ça va là dedans ?

Linda. Sa petite voix me surprend, elle faisait preuve de tellement d'aplomb avant... ce foutoir.

Je ne réponds pas. À quoi bon mentir ? Ou avouer ma lâcheté.

J'ai l'impression qu'on me plante un pieu en plein milieu de la poitrine, de plus en plus profond. J'en ai marre de cette sensation, elle m'horripile, j'en n'en peux plus, je n'en veux plus. Je dois trouver une solution à ce merdier.

-J'arrive, dis-je clairement en me redressant, sentant les lambeaux de chair se reconstituer dans mon dos. 

Comment vais-je me nourrir dorénavant ?

You are mine, Human - Welcome to Hell (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant