Chapitre 3.

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[Musique en média !]

Sa peau pend, ses yeux sont exhorbités, entièrement noirs cherchent à voir mon âme à travers mes pupilles. La sorcière fronce les sourcils. Elle rit, sardonique, et se déplace, courbé et dans une position étrange vers Miranda qui la toise sans ciller.

- Tu veux quoi la vieille ?

La sorcière s'approche, encore, puis, presque imperceptiblement, Miranda se met à trembler.

De tout son corps.

Nous sommes interrompus lorsqu'un violent éclair frappe dans les bois, faisant trembler la terre. La maison fait irruption dans mon champ de vision, assez petite, avec du foin en guise de toit, et des branchages éparses escaladés de feuilles foncées.

L'atmosphère s'alourdit lorsqu'une seconde sorcière à la peau plus pâle que la lune qui nous illumine sort de la cabane, accompagné d'une troisième aux cheveux plus noir que les ténèbres qui m'attendent à la fin de ma vie. Toutes aussi défigurées les unes que les autres, la peau en lambeaux. La sorcière à la peau pâle me paraît aveugle, et plus calme que les deux autres qui se mettent à rire ensemble, en nous pointant du doigt.

- Miranda ? L'appelais-je en me rapprochant, en la voyant trembler, secouant légèrement sa tête de droite à gauche.

Tout à coup, elle se cambre, se tord en un, se prend la tête dans les mains en hurlant.

- LAISSES MOI !

Je tressaille.

- Qu'y a-t-il ? Demandais-je, ne sachant quoi faire.

Elle continue à hurler, se cambre à nouveau en avant, secoue sa tête de plus en plus vite, puis se redresse en hurlant mon nom.

La chair de poule me gagne, l'appréhension me confère une boule d'espoir logé dans mon torse, et il y a ma gorge qui se noue. Mes yeux se couvre d'un fine voile humide. Deux voix se sont mélangées, et celle qui me torture depuis si longtemps s'est en effet élevée.

- Arkin AIDE-MOI !

Ce sentiment glacé s'insinue à nouveau dans mes veines, et l'envie irrémédiable de la saisir pour la replacer dans son corps me submerge tant que je me mets à trembler à mon tour. Je me précipite face à elle lorsqu'elle tombe à genoux, en pleurant, les deux voix s'entremêlants.

- Isil, tu es là ?

Les mots me manquent pour exprimer ce que je ressens, je la balaye des yeux pour comprendre ce qu'il se passe, elle se jette sur moi, m'enserre si fort que je sens son cœur battre. Ses larmes coulent dans le creux de mon épaule.

- Arkin, je ne comprends pas... Qu'est-ce qu'il se passe ? Je n'y arriv... DEGAGES DE LA !!

Elle s'arrache cette fois à moi et me pousse, puis se relève en fulminant.

- Tu n'es pas censé... Arrête... LAISSE MOI ! Pitié...

Puis ses yeux se révulsent, et elle choit au sol, s'effondre lamentablement, comme une poupée de chiffon usée, dans mes bras impuissants.

Et j'entends les sorcières ricaner de l'horreur qu'elles ont commis. Je balaye mes larmes, ainsi que ma faiblesse. Garçon de huit ans, ce furent mes premières larmes, lorsque mon oncle s'est volatilisé sous le soleil, devant mes yeux. Là, j'ai l'impression d'observer l'esprit d'Isil se soustraire à un second.

Je la hisse dans mes bras et bouscule les deux vieilles sorcières en entrant dans le vieux logis délabré. L'air froid s'engouffre à ma suite, et je trouve un simple lit en bois minuscule de paille, ou je décide de l'allonger. Puis je me munis d'une vieille bougie et la hisse haut à ma droite.

- Qui a jeté ce sort ? Demandais-je aux sorcières entrées à ma suite.

- Nous ne t'avons pas permit d'entrer, démon, murmure l'une d'entre elle en baissant le regard sur le sol humide, de sa voix crissante.

- Réponds à ma question ! Ou le feu décimera ton dernier habitat te protégeant des lycans. Cette maison n'appartient à aucune d'entre vous...

Elles s'agitent, se mettent à crier, hurler, agitant les mains dans les airs.

- Nous ne te dirons rien ! Affirme l'une d'entre elle en crachant au sol.

La jeune sorcière aveugle renifle, puis secoue la tête. Ses cheveux gras se balancent dans le sens que suit son visage, puis elle s'approche de moi, si près que son odeur putride emplit mes narines.

- Si je te l'avoue, laisse les vivre ici paisiblement, me dit-elle, les yeux humides.

- QUI ? Tonnais-je.

Et elles redoublent de hurlement, la sorcière aux cheveux noirs corbeaux vient s'agenouiller, les mains jointes, la pluie filtrant à travers les branchages de paille au-dessus de nos tête. L'autre saute sur un petit bureau et se met à pleurer en tournant sur elle-même. Toutes ensemble, dans des mouvements incohérents, elles agitent la maison, presque synchronisées.

- Il nous tuera ! Hurlent-elles toutes les trois en même temps, tombant au sol.

- Vous préférez laisser les flammes vous consumer ?! Je ne sais qui vous craignez, mais sachez que vous devriez me craindre plus encore.

Puis les mains se lèvent, et désignent l'aveugle qui se redresse.

- C'est moi, je l'ai fait.

Je souris, narquois, puis laisse tomber la bougie sur le sol en attrapant la jeune fille par le cou. En quelques secondes, le feu gagne le bois humide, se propage à une vitesse folle, puis s'attaque aux deux autres, et j'ai juste le temps de sortir, Isil sur mon épaule. Face à la cabane en feu, la sorcière se met à hurler à plein poumons en essayant de se jeter dedans à son tour seulement retenue par ma poigne.

En écho, les braillement et les pleurs de ses consœurs agitent les bois. Les flammes se reflètent dans nos yeux, se mouvant d'une danse endiablée, la danse des enfers, avalant seulement les restes d'un étrain de vie, comme si elles n'avait jamais existé.

La pluie fouette les arbres, et ne tarde pas à calmer le feu, bien que persistant. La fumée s'élève, et la jeune aveugle se laisse tomber à genoux, secoué de larmes, tremblant en dressant ses mains vers l'habitacle ruiné de cendres. Comme une immense bougie, mêlée à quelques feu d'artifice lorsque quelques potions explosent et pourrissent le sol d'herbe jaunies. Bientôt, les plaintes s'éteignent en même temps que l'incendie, et ne demeurent que les pleurs silencieux de la petite sorcières frêle à mes pieds.

- Estimes-toi heureuse que je t'ai gardé en vie, annonçais-je froidement en fixant l'abri délabré.

- Je te hais, chuchote-t-elle doucement, à la manière d'une petite fille, en se pliant en deux au sol.

Nostalgique, je ferme quelques secondes les paupières, humant l'odeur boisé de feu, puis lui avoue à mon tour, tout bas :

-Tu n'es ni la première, ni la dernière.

You are mine, Human - Welcome to Hell (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant