You are mine, Human - Welcome to Hell (T2)

Chapitre 2.

[musique en média]

Dix minutes qu'on marche dans le silence. Imperturbable, et aussi à bout de nerfs, je presse Miranda qui refuse d'avancer.

- Il vaudrait que tu avances si tu veux pas que je t'enfonce la tête dans la boue.

- J'ai lavé mes chaussures en rentrant, s'écrie-t-elle tout à coup.

- Tu choisis, c'est soit la tête, soit tes bottes, qui finiront dans la boue.

Son regard devient encore plus mauvais que je n'ai eu l'occasion de le voir dernièrement, et elle enfonce rageusement sa botte dans la boue. Une averse s'est déclarée depuis maintenant quelques minutes, d'où les nombreuses plaintes de Miranda, et j'entends tout le monde nous chercher, ayant peur que je ne l'aie tué. C'est une proposition tentante, si seulement elle ne logeait pas le corps d'une personne qui m'est chère. Trop importante pour faire cesser les jérémiades en un bon craquement de nuque libérateur.

Ça pourrait devenir un fantasme.

- On y est presque ou pas ?

- Non, on est encore très loin. Enfin je crois.

- Comment ça tu crois ?

- Je me souviens de où ça se situait, mais pas du chemin. D'ici, tout se ressemble. Je me souviens juste que l'air était très humide, donc ça devrait se situer par là-bas, dit-elle en désignant une direction.

- Je te préviens, si tu me mens, ta tête finit...

- Dans la boue, je sais ! Elle me coupe, en s'acharnant sur le sol.

- Grouilles-toi, j'ai pas envie de finir la nuit ici, continuais-je.

- Ce serait plus simple si tu me transformais.

Je ris en levant les yeux au ciel.

- Ça risque pas.

Elle continue à ronchonner. Autour de nous, la pénombre s'installe trop rapidement. On passe devant l'arbre où Logan l'a trouvé, dans sa robe blanche, pure...

C'est trop étrange.

Cela me fait me rappeler quelque chose, mais... Un souvenir trop lointain.

Pour l'instant, je suis focalisé sur le but de cette expédition. Je dois rapidement trouver ces sorcières, et espérer que l'une d'entre elle saura faire revenir... faire revenir Isil.

La faire revenir.

La faire revenir.

La faire revenir...

- Arkin !

Miranda vient me tirer de ma rêverie.

- Ouais ?

- Bouges là, tu me presses depuis tout à l'heure alors t'arrête en plein milieu du chemin !

Je ne m'étais même pas rendu compte de m'être arrêtée face à ce tronc immense. De la mousse se bouscule au pied de l'arbre, et il y a cette humidité poisseuse qui accroît l'odeur profonde des bois. Une odeur âcre et pénétrante.

Mon odeur.

Un quart d'heure de marche, et déjà la terre se transforme progressivement en une boue plus dense qui nous fait décélérer et rend notre marche plus difficile. L'air devient poisseux, une mousse plus étendue se présente, et il y a ces algues étendues un peu partout, ainsi qu'une invasion de champignon dans les alentours, quand subitement, les sapins disparaissent du paysage, se raréfient. Un cours d'eau s'étend entre nous, et la brume pèse, nous barrant la vue à quelques mètres.

- Fais gaffe où tu mets les pieds, me dit-elle alors qu'elle l'enlève justement d'un profond tas de boue.

Je hoche la tête, puis accélère, sentant la magie plus loin. Il y a ce truc dans l'air, ce mélange de soufre et de ... mort. D'ailleurs, un étrange autel finit par s'offrir à nous. Des branches disposées de façon à former cette étrange étoile à l'envers.

Cette constitution est partout autour de nous. En y regardant de plus près, je m'aperçois que plusieurs branches formées de cette façon sont accrochées le long des bois. La pluie nous frappe de plus en plus fort, et bientôt, toute la boue sous nos pieds pourrait nous engloutir.

- On y est, ajoute-t-elle finalement.

Je relève la tête, mais rien.

- C'est une blague ?

La clairière est assez petite, mais il n'y a aucune maison ou signe d'éventuels sorcières.

- Tu vois pas la maison ?

Je me tourne vers elle, incrédule, puis rabats mon regard sur ce qui se présente à moi : une clairière sans signe de vie, puis, tout à coup, en regardant de plus près, je m'aperçois qu'un immense tas de terre sec au sol ne s'humidifie pas. De plus, des gouttes ruissellent dans l'air.

D'accord, j'ai compris.

Je quitte le cercle pour aller attraper un de ces branchages accrochés un peu partout, quand j'entends Miranda m'interpeller.

- Arkin.

- Quoi ? Dis-je en me hissant sur une branche.

- Arkin vite !

Je le saisis, puis descends d'un bond en ramenant le centre du triangle près de mon oreille.

Une sorcière. Une vieille et horrible sorcière est dressée face à moi. Je jubile. Je les ai trouvées.

Je tisse un sourire carnassier.