Chapitre 36.

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[Musique en média]

Mes yeux s'aperçoivent assez rapidement que le sol s'éloigne à grande vitesse. Mes poings, informes, masse de chair putride et noirâtres, frappent le dôme, seulement, cette fois-ci, l'électricité ne fuse pas directement dans mon corps... au lieu de cela elle semble se débattre avec la multiplicité des atomes qui me composent maintenant, indescriptibles et minuscules cellules dont je devrais me débarrasser.

Mais ça grouille en moi, ce désespoir. Plus que la colère, ce qui me fait trembler au point de devenir ce monstre massif et abominable, c'est l'abandon d'Isil. Alors que je fais tout pour la mettre en sécurité, elle s'acharne à toujours allez batifoler ailleurs.

Mon papillon n'a une espérance de vie que d'une journée, et il semble préférer passer les 23 heures sur les 24 ailleurs, loin de moi... Pourtant, je ne suis pas l'ennemi. Cette fois-ci j'ai tout fait pour ne pas l'être.

La barrière commence à céder. Ma main, qui se dématérialise avant de se rematérialiser dans une forme approximative, tente alors de s'infiltrer de façon frénétique, tâtant, cherchant un poing d'ancrage pour me hisser à l'intérieur.

La terre entière sous nos pieds se met à vaciller, trembler, comme si elle était prête à se retourner à tout instant. À se fissurer.

-Putain, fais-chier, grince Zakary. Arkin, arrête !

Ma deuxième main plonge à son tour, se liquéfie avant de se restructurer, quelques doigts malléables et une paume creuse. Qui eût cru qu'un être aussi abstrait dans la conception de sa structure puisse être capable de s'accrocher aussi hardiment à cette barrière.

La brèche s'entrouvre alors que je tire dessus de toutes mes forces, un hurlement guttural sorti des tréfonds d'outre-tombe. La fumée autour de moi s'épaissit, tout comme mon désarroi qui se tanne dans un coin de mon cerveau que ce dernier analyse, pour comprendre comment j'en suis arrivé à un tel débordement.

-Arkin !

Linda, campée sur des jambes frêles près de Zakary, tente maintenant de me raisonner, alors que je tends une oreille distraite.

-Si tu continues, les Lycans pourraient refuser de nous aider ! Elle hache difficilement. Alors je t'en prie, arrête... On va trouver une solution, patiente encore quelques instants...

-J'ai... assez... patienté...

Ma voix est un véritable souffle de braise qui fait un appel d'air pour alimenter le feu qui ronge mes entrailles. J'éructe difficilement quelques plaintes en continuant mon ascension.

-Tu pourrais en mourir si ce dôme se refermait sur toi ! Scande Yémi.

Je lui lance un regard noir avant de m'acharner à nouveau, entêté. C'est à mon tour de prendre les choses en main...

-Plus il va laisser le Monstre se manifester... et plus il aura d'emprise sur lui, marmonne Zakary à l'attention des deux autres.

Isil

La terre tremble sous mes jambes.

-Que se passe-t-il ? Demandais-je, les yeux grands ouverts comme des soucoupes.

Aedel a l'air tout aussi bouleversée que je le suis. Grégor nous fait de grands gestes pour nous dépêcher de sortir, alors qu'il attrape contre son corps nu, celui de la jeune endormie. Je manque de tomber face contre terre lorsqu'un nouveau tremblement fait osciller les murs du mausolée.

-Allez ! Il tonne soudain.

Je me remets d'aplomb, ma langue mordue au sang pour retenir mes plaintes de douleur et de peur. Ma tête tourne, et elle me fait souffrir affreusement, comme si l'on s'amusait à me planter de long clous à chaque tempes. A cela s'ajoute la bile qui me monte et m'enserre la gorge. J'effectue quelques pas, aussi frêle qu'une biche qui vient de naître. Aedel me soulève puis hisse mon bras par-dessus son épaule alors que nous contournons les tombes qui nous barrent le chemin.

You are mine, Human - Welcome to Hell (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant