You are mine, Human - Welcome to Hell (T2)

Chapitre 25

Mes mains se mettent à trembler, presque de façon compulsive à l'entente de sa demande. Je ris de nervosité.

-Tu crois pas que si ça avait été aussi simple je l'aurais déjà laissé ? Je lui demande, avant de tirer une grimace de rage qui fait tiquer ma lèvre supérieure. Il est hors de question pour moi de retourner dans cet enfer. Plus jamais.

Je saisis mon plateau pour l'empêcher d'apercevoir l'émotion qu'il me cause avant de me pencher vers lui.

-Tu crois peut-être que c'est la joie pour moi, mais ce corps est autant une prison que l'endroit où j'ai passé les derniers mois, néanmoins, je ne permettrai à personne de me renvoyer là-bas.

Son regard durci.

-Tu vois Arkin, tu as beau être mon frère, mon instinct de survie reste la chose sur lequel j'ai le plus travaillé tout le long de mon apprentissage de sorcière. J'ai visité tellement d'endroits, tellement de pays, côtoyé le danger, dévoré tellement d'âme... qu'à un moment, j'ai bien cru être devenue la mort. J'avais oublié. J'ai été comme père, aveugle devant le pouvoir, dévorer ces âmes... C'est ce qui m'avait rendu aussi puissante. Pourtant... On se retrouve tous si impuissants face à la mort.

-Tu te sers du corps de la femme que j'aime en sachant pertinemment qu'elle ne tiendra jamais le coup ! Il grogne entre ses dents. Tu es bien trop puissante pour résider dans un corps aussi faible, alors je t'en prie, laisse lui des moments pour respirer, laisse nous le temps...

-Arkin.

-Tu as toujours été la plus égoïste, il me crache à la figure.

-Vous m'avez tous abandonné ! Tu n'as aucune idée de la peur que j'ai eu lorsque j'ai vu s'allumer dans les yeux de père ce regard malsain...

-Je n'ai pas fui ! Il tonne cette fois-ci. J'ai essayé de nous débarrasser de ce monstre seul !

Je me saisis du plateau et me lève, filant droit vers les poubelles pour en jeter le contenu. Il me suit.

-Et moi je n'ai jamais eu le droit d'avoir peur, il continue. J'ai fait tellement pour vous avant que vous ne me tourniez tous le dos. Tout ce que j'ai jamais demandé c'était votre compréhension face aux évènements. La femme de Logan n'était pas ce qu'elle semblait être...

-Oh, Arkin et ses beaux discours, bien sûr que ça n'est jamais de ta faute ! Tu te pares de belles actions comme si ce dont tu étais l'auteur était toujours excusable ! Te réputation ne repose pas sur des actions héroïques Arkin, tu l'oublies, je dis en m'approchant tout près de lui, bien au contraire, tu es un vampire de la pire espèce aux yeux de tous, ne l'oublie pas.

Il soutient mon regard.

-Ce que j'ai oublié c'est qui j'étais. J'ai fini par me conformer aux dires de père, peut-être bien, mais lorsqu'il s'agissait de vous... j'ai toujours tout fait pour vous sauver, vous aidez, que vous sachiez que je vous aimais. J'ai fait ça pour toi, tu en avais besoin, j'ai été là et ne t'ai plus abandonné, et voilà que maintenant que je te le demande, tu ne parviens même pas à accéder à ma demande ?

-Tu était là parce que tu le voulais tout autant que moi !

Les regards sont tournés vers nous depuis de bonnes minutes maintenant.

-Les tourtereaux calmez-vous, lance Yémi, un sourire forcé pour ne pas inquiéter les enfants.

-J'étais là parce que tu le voulais, il répond l'air sincèrement troublé.

-Tu mens ! Je lui crie au visage, les émotions perdues.

Je ne saurais même pas mettre un mot sur mes sentiments entremêlés.

-Je... Evelyne, ce n'est pas ça...

-Dis le !

-Laisse-moi t'ex...

Je panique, mon coeur cogne, ma tête tourne, tout en moi crie vengeance pour un affront fait, une femme au coeur blessé. Mon corps entier tremble, des faisceaux lumineux se débattent sous mes paupières closes par l'anxiété, l'irradiante imminence de ma colère.

-Tu n'essayes pas de comprendre à quel point ça me déchire le coeur de te voir à sa place...

Et tous se figent.
Le silence pénètre la salle entière, et même les enfants sentent le danger approcher, comme je le sens aux tréfonds de mes boyaux. Certains grognent.

Mes yeux se teintent, Arkin recule, le visage trahi par l'incompréhension.

-Ce n'est pas ce que je voulais dire.

Je serre les dents, relève le regard, les larmes menaçant de couler.

-Ecoute...

-Non !

Je tape le pied au sol, et... tout ralentit...
Le plateau tombe lentement, et le coin de celui-ci cogne le sol en même temps que s'élancent mes lianes contre le béton froid à mes pieds. Elles tentent de se saisir de lui une première fois alors qu'il saute en arrière, puis, sans qu'il ne s'y attende, une nouvelle se dresse derrière lui, lui ceinture la cheville avec aplomb et conviction avant de l'attirer dans le sol, vers un passage accessible par moi seul. Un abîme que j'ai créé et façonné à partir des mes souvenirs de mon cauchemar...

L'Enfer.

Puis je m'effondre lentement au sol, et tout ce que j'ai l'occasion d'apercevoir, c'est Linda se saisir de mon bras avec violence avant que mon crâne ne s'écrase au sol.

Je me réveille cette fois presque instantanément, le souffle haché, consumée de froid. La sensation d'inconfort persiste tandis que j'attrape le bras de ma soeur presque par automatisme.

-Isil ? Elle demande.

Je hoche aussitôt la tête, désorientée, les sens en alerte alors que je peine à ne pas me noyer sous l'afflux de haine dont elle me transcende.

-Je suis si heureuse de te voir, je lui dis, le souffle hâché.

Mes poings se serrent, la brume qui s'échappe de ma bouche témoigne de mon corps gelé.

-Amenez une couverture ! Elle hurle aussitôt.

En moi, elle se tasse doucement, l'écho de ses larmes et ses plaintes dans mes oreilles.

-Tout va bien, je halète à Linda, ça va...

C'est la dernière chose qu'il m'est possible de dire avant de tomber de fatigue, les paupières lourdes, enfin reposée.