Chapitre 26.

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Je me réveille dans une chambre aux murs étroits. Je clos une nouvelle fois les paupières pour me reconcentrer.

-Isil ?

En bout de la chambre, Linda, les mains serrées contre son coeur me regarde, méfiante.

-C'est moi, je chuchote en regardant mes mains.

Enfin, enfin, enfin ! J'ai l'impression que Evelyne semble disposée à me laisser du répit. Enfin, j'en pleure presque de joie. Ma soeur se lance dans mes bras comme si j'avais réellement disparu. J'ai pourtant l'impression d'être à leur portée, et pourtant si loin... si seule...

-Tout va bien ? Tu te sens comment ? Comment peut-on t'aider ? ...Je n'en peux plus de cette situation, elle se lamente en me serrant contre elle.

-Je... Je n'en ai aucune idée, je bégaye, parfois c'est grâce au souvenir... ou bien lorsque Mir... euh Evelyne est fatiguée. D'ailleurs, je le suis un peu, mon corps est si lourd...

J'inspire un air incertain, la langue pâteuse, les pupilles vitreuses, les paupières lourdes.

-Comment tu vas, toi ? Je lui demande, enfin presque sereine.

Elle sourit en expirant, puis colle son front au mien.

-Oui, oui ça va.

Elle recule, les yeux louchant presque en me toisant de haut en bas.

-C'est vraiment toi ? Elle place ses deux mains de part et d'autres de mon visage en tirant dessus.

-Oui, je ris presque, le coeur léger.

Bon sang, comme ça fait du bien de me sentir en plein contrôle de mon corps, le mien, c'est moi...
Je tâte mes bras, mes épaules, mon torse, posant une main à plat sur mon coeur qui bat anormalement vite, qui bat pour deux.

-Je... Je ne sais même pas quoi te dire, éclate tout à coup Linda en riant, une main sous l'oeil pour tarir ses larmes.

-C'est bizarre hein ?

Elle me serre à nouveau contre elle.

-On t'aura avec nous plus longtemps cette fois-ci, n'est-ce pas ?

Je hausse les épaules, encore quelque peu tremblante, le bout de mes doigts violacés.

-J'espère bien, je ne sais vraiment pas. Mon corps est malade, n'est-ce pas ? Je fais remarquer.

Elle se pince les lèvres, pose son front contre le mien à nouveau comme si cet acte liait nos esprit.

-J'aurais préféré que tu restes à la maison, peu importe ton amour, et la survie d'Arkin. Mais... J'imagine que tu ne m'aurais pas écouté.

Je souris.

-Ton corps est malade, elle confirme.

C'est ce que j'ai toujours aimé, et toujours haï chez ma soeur, sa faculté à m'avouer les choses avec une sorte de flegme propre à elle, comme si elle évaluait la situation. Les choses de tous degrés.

-Tu m'expliques ? Je demande.

Elle souffle doucement, se redresse, puis dresse l'oreille. Enfin, elle se calme et me confie, le dos rond, les épaules affaissées.

-Arkin a trouvé quelque chose dans ce foutu livre, celui de Dan...

Elle me regarde.

-Je sais... qu'il est mort.

Ma voix est si basse que je peine moi-même à m'entendre. Les évènements se sont succédés tellement vite que je n'ai eu le temps d'éprouver chaque chagrin un à un. Et je n'en ai même plus la force.

You are mine, Human - Welcome to Hell (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant