Chapitre 17.

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[Musique en média]


Je deviens complètement fou. 

Mes tempes pulsent, mon corps entier se fige, mon souffle se retranche dans ma gorge : Je ne réalise pas tout de suite. Je reste figé face à moi-même, dans ce putain de reflet qui me fait comprendre combien Isil est en danger. Et, comme toujours, je me remets à trembler. Mes yeux parcourent le miroir entier, alors que je m'approche pour poser mes doigts qui s'ébranle contre la surface dont je ne peux même plus sentir le contact avec cette nouvelle peau. Mes paupières s'ouvrent et se ferment machinalement, ma poitrine palpite, se vide. Je peux presque sentir le sol se dérober sous mes pieds. Je peux presque revoir se jouer la scène : Daniel, s'apprêtant à nous rejoindre, ma vie entière posée sur son épaule. Je pouvais presque le voir nous atteindre, sa silhouette se délimitant dans le verre. 

Et le hurlement déchirant de Linda me fait brutalement revenir sur terre, alors que j'ai l'impression qu'on m'arrache le cœur. 

-Rouvrez le portail, je murmure, les yeux dans le vide. 

Linda se jette sur moi pour me pousser, s'emparer des rebords du miroir de ses deux mains en leur tonnant d'une voix forte de rouvrir le portail. 

-Le gamin est fatigué, nous informe Grégor en le tenant par les épaules.

-Je m'en fous ! Hurle Linda. Ma sœur est de l'autre côté !

Elle brandit son poing, prêt à l'abattre, et c'est ce qu'elle fait. Aussitôt, le miroir se fissure, et Kaleb attrape son tee-shirt entre ses petites mains frêles en mugissant une plainte tout droit sortie de sa gorge. 

-Rouvres le portail, je lui ordonne, sans pitié. 

-Le gamin va mourir s'il le fait !

-ROUVRE LE PORTAIL, je hache plus fort. Je suis prêt à sacrifier le gamin, ce miroir va voler en éclat s'il ne le rouvre pas. 

Yémi fronce les sourcils, mais il est le seul à rester de l'autre côté alors que tout le monde, dans l'immense salle, font silence, nous fixant, prêts à dégainer les crocs à tout instants. Leurs yeux luisent dans la pénombre, menaçants.

-Cet enfant est sous notre protection, énonce calmement un grand homme âgé en s'agenouillant près de lui.

Il pose sa main à plat sur son front avant de se redresser. 

-Il faut qu'il le rouvre, et vite ! Arkin, pitié, fais quelque chose, me supplie Linda, les yeux bercés de larmes.

Avant même que Grégor n'ait le temps de cligner les yeux, je m'empare du gamin, et le porte haut en le tenant par la gorge.

-Si qui que ce soit approche, je lui brise la nuque. 

Certains et certaines se transforment, laissant planer dans la salle entière des craquements sinistres et des grognements qui ne me disent rien qui vaille. 

-Tu es sûr de ce que tu fais, vampire, grogne Grégor, le regard sombre, les bras relevés comme prêts à m'arracher la gorge à mains nues. 

-Ne perdez pas plus de temps ! 

Ma voix tonne fort, et fait frissonner le pauvre gamin frêle entre mes mains puissantes et entièrement sombres. Mes yeux se teintent, et il ne lui en faut pas plus pour puiser dans ses dernières forces. Ses deux globes oculaires s'éclaircissent jusqu'à refléter à la perfection mon visage. Comme deux minuscules miroirs incrustés sous ses paupières aux long cils bruns. Le miroir se liquéfie avant de laisser place à la salle précédente, Miranda, que je reconnais par son sourire machiavélique qu'elle adore afficher justement lorsqu'elle s'empare de la vie d'une créature qu'elle fut autrefois avant de lui trancher la gorge. 

You are mine, Human - Welcome to Hell (T2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant