Chapitre 48

11.3K 1.2K 151
                                    

« On sait toujours ce que les autres sont pour nous, mais on ne sait jamais ce que l'on est pour les autres. » Paul Claudet

Eva

Lorsque mon frère rentra à la maison ce jeudi-là, il resta silencieux, ne parla à personne de tout le repas et prétexta la fatigue pour expliquer son absence. Je n'y croyais pas mais ne dis rien.

Le lendemain, lorsqu'il dit que l'on se rendrait au lycée en bus, je m'inquiétai un peu plus. Je lui demandai pourquoi nous n'y allions pas avec les Atkins et il répondit qu'il s'était disputé avec Evan. Je n'osai pas demander la raison de la dispute, mais lorsqu'ils se croisèrent dans les couloirs du lycée sans que mon frère calcul son meilleur-ami, ou ex-meilleur-ami, tandis que le regard d'Evan dévia à peine quelques secondes sur nous, je ne retins plus la question. Il ne me répondit pas, baissa les yeux, s'humidifia les lèvres puis soupira avant de partir lorsque la sonnerie retentit. Je me rendis en cours, espérant que Roy pourrait m'éclairer, mais ce dernier arriva à la dernière minute, décochant ainsi une place à l'autre bout de la salle. Dès que la sonnerie retentit, il s'éclipsa rapidement sans m'adresser un regard. Je tentai ma chance auprès de Sébastien qui me répondit qu'il ne voulait pas se mêler de ça avant de partir lui aussi. Il savait, de toute évidence, et ça commençait à me taper sur le système.

Quand la pause du midi arriva enfin, Claire, Tammy et Damien m'assurèrent qu'ils ne savaient rien de tout ça. Je repérai la table à laquelle Seb et Roy avaient pris place, m'avançai vers eux, suivie par nos amis et avant même que j'aie posé mon plateau, le brun se leva et repartit, les yeux baissés et une pomme coincée dans la bouche. Il débarrassa son plateau et passa la porte de la cafétéria. Dans ce genre de cas, certaines personnes se seraient assises et auraient pleuré sur leur propre sort.

Mais j'étais déjà bien assez énervée par la tête d'enterrement de mon frère, je n'avais pas besoin qu'en plus Roy se mette à m'éviter sans que je sache pourquoi. Surtout après que je me sois tant attacher à lui.

Je laissai alors mon plateau à mes amis et traversai la cafétéria afin de sortir par la même porte que Roy. Je regardai des deux côtés du couloir en sortant et repérai l'adolescent s'éloignant vers nos casiers.

« Roy ! »

Il se retourna et reprit sa marche à pas rapide en se rendant compte que je venais de l'interpeler. Je le rattrapai en trottinant et posai ma main sur son épaule pour qu'il se retourne. Et même lorsqu'il le fit, il n'osait toujours pas me regarder et gardait les yeux levés vers le plafond ou rivés vers le sol.

« Tu peux m'expliquer ? Est-ce que j'ai fait quelque chose ?

- Non. Oublie juste les trois derniers jours. Et tout ce qui s'est passé avant.

- Pardon ?! »

Il se retourna pour partir mais j'agrippai son épaule.

« OK, laisse-moi, abandonne-moi, je ne peux pas te forcer à rester avec moi mais aie au moins le courage de me dire pourquoi ! »

Il baissa les yeux. Je ne l'avais jamais vu aussi froid.

« Eh ! l'interpelai-je pour qu'il me regarde. Sois mon ami ou plus et dis-moi tout. Sois mon ami ou plus et ne me plante pas un couteau dans le dos mais dans la tête ou dans le thorax, là où je pourrai le voir arriver. Sois mon ami ou plus et explique où est-ce que j'ai fauté. »

Il me survola brièvement du regard, la mâchoire serrée.

« C'est moi. Je suis trop dangereux pour toi. Tu es encore fragile, faible. Après tout ce que t'y est arrivé, c'est trop rapide. Alors laisse-toi du temps et laisse m'en aussi.

L'Équilibre d'EvangelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant