L'Équilibre d'Evangeline

Chapitre 53

« Tes mensonges sont des balles. Ta bouche est une arme. » Selena Gomez

Evangeline

La tension dans le petit véhicule du coach aurait été insoutenable s'il n'avait pas comblé le silence avec ses hurlements. Je me trouvais sur le siège passager, ce qui m'arrangeait bien puisque je n'avais la possibilité de regarder personne. Sur la banquette arrière, Oliver séparait Carter et Evan, tout en tenant son nez probablement cassé, la tête renversée en arrière. Roy se retrouvait dans le coffre, obliger de se baisser dès que le coach entrecoupait son discours de « police » ou de « baisse-toi ».

Etant la seule épargnée d'insultes dans l'histoire, je fixais le paysage, attendant que l'on arrive à l'hôpital. Seulement il y avait des ralentissements en centre-ville ce soir-là et nous récoltions tous les feux-rouges ce qui avait le don d'énerver encore plus le coach.

« Espèces d'incapables ignorants bons qu'à foutre leur vie en l'air ! Non mais qui m'a donné des idiots pareils !? Vous battre au beau milieu d'un match ! Vous n'aviez rien trouvé de mieux !? Est-ce que vous avez idée de la honte que vous faites à votre établissement et à moi bordel de merde ! De quoi j'ai l'air devant le coach Ruben !? Toi là ! hurla-t-il en pointant Roy, tu vas devenir cacheur dans des sous-sol minables et tu finiras fauché à même pas trente ans ! Toi là, continua-t-il à l'intention de mon frère, tu vas finir témoin de Jehova ! Et toi là tu finiras en couverture de magazines santés que seuls les bonnes femmes telles que Monsieur Jemlins lisent !

- Vous voulez pas arrêter avec lui ? le coupa Roy avec dureté. »

Le coach manqua de s'étouffer et se retourna puisque nous nous trouvions à un feu rouge.

« Qu'est-ce qui te permet d'émettre le moindre avis après avoir déclenché une bagarre au beau milieu d'un match contre un membre de ta propre équipe !? Vas-y Roy ! Je t'écoute ! Je suis tout ouïe pour savoir ce qu'un chimpmunkes a pu trouver comme excuse pour OSER ouvrir sa boite à noisettes !

- C'est le nouveau copain de ma mère, répondit Roy en passant sa tête entre le porte tête d'Oliver et de son frère. »

Le coach fronça les sourcils et les traits de son visages firent progressivement un mélange entre un faux-sourire et une grimace.

« Je te demande pardon ?

- Monsieur Jemlins, reprit Evan en soupirant, sort avec notre mère. Ils sont en couple.

- Je... Que... Quoi ? »

Il redémarra et tenta de trouver quoi dire avant de finalement s'adresser à moi.

« Crie leur dessus à ma place. Dis tout ce que tu veux. J'ai plus de mots là. »

Je haussai un sourcil et pris le risque de me retourner. Grosse erreur, ils me fixaient tous, même Oliver qui pour quelques secondes avait rebaissé la tête. Je me rendis alors compte que Roy avait une large coupure au niveau du front qui saignait abondamment. Il tentait de contrôler l'hémorragie avec tant de bien que de mal à l'aide de compresse que lui avait donné l'infirmière. Je me remis droite et laissai mon imagination s'exprimer.

« Est-ce que vous avez un kinder surprise à la place du cerveau !? Non mais qu'est-ce qui cloche c'est vous !? Qui m'a refilé une bande de zozos comme vous !? Ma tante Lucie à elle toute seule aurait pu marquer plus de points que vous quatre réunis ! Et elle ne se serait pas battue par-dessus tout ! On aurait dit trois pauvres clochards se battant pour une part de pizza ! Et vous êtes blessés !? Mais qui va vous remplacer par la suite quand vous resterez sur le banc de touche !? Et ne me parlez pas de ces incapables de seconde ! »

J'appuyai ma tête contre mon poing.

« Avec leur grosse tête joufflue on dirait des bébés à peine sortis du ventre de leur mère ! On n'a plus qu'à récupérer la graisse dans leurs joues pour en faire le rembourrage de vos casques ! Les sanctions vont tomber ! Je peux vous l'assurer ! »