L'Équilibre d'Evangeline

Chapitre 21

« Je suis celle qui pleure dans la salle de bain dans les films. »

Roy

Je m'empressai ensuite de rejoindre Seb et Evangeline qui avaient pris place à la même table que Tammy, Claire, Damien, ainsi qu'Evan, Carter et toute la clique. C'était l'un de ces derniers midis d'été où le soleil réchauffait encore assez le dos des élèves pour qu'ils osent déjeuner dehors. Ma mère nous préparait toujours notre repas pour le midi, alors la semaine chez elle, nous n'avions pas besoin de payer le repas de la cantine, ce qui ne nous empêchait jamais de prendre du pain comme les autres élèves. Seb m'en tendit trois morceaux qu'il avait gardé pour moi et je laissai tomber mon sac de cours sur le sol après avoir récupéré l'emballage de papier kraft où se trouvaient un simple sandwich à la dinde sous-vide et à la moutarde ainsi qu'une orange. Je n'aimais pas les oranges, mais j'avais compris il y a deux ans que j'aurais beau lui répéter, elle ne s'en souviendrait jamais. Ma mère n'était pas négligente, ou une mauvaise mère. Elle était simplement... Ma mère, la femme de plus de trente ans avec encore une mentalité d'une jeune femme de la vingtaine, comme si elle avait arrêté de grandir à partir du moment où mon père l'avait quitté jusqu'à ce qu'elle accepte -des années plus tard- l'idée qu'elle ne le retrouvera jamais. Je lâchai un soupire.

« Evan, elle t'a donné quoi ?

- Mmh... commença-t-il en ouvrant son sac repas. Je crois que c'est un sandwich dinde mayo et une orange.

- C'est de la moutarde, rectifiai-je avant de grogner. »

Je lui lançai mon orange tout en faisant le tour de la table. Le groupe était comme divisé sur deux tables de pique-nique différente, les terminales sur une violette et les premières sur une jaune. En regardant autour de soi, on pouvait voir un tas de rappel des couleurs de Twin Hills, que ce soit sur les vestes et certains t-shirts de footballeurs et de basketteurs, les uniformes des cheerleaders, les banderoles au-dessus des casiers et même les tables de déjeuner. Je m'assis quelques secondes à côté de mon meilleur-ami au bout du banc puis me levai à nouveau et commençai à faire le tour des tables. Mon trajet formait un 8, ou le symbole de l'infini, à vous de voir.

« Roy, arrête de tourner autour de la table, tu me donnes le tournis, m'ordonna mon frère.

- Je m'ennui quand je suis assis.

- Rien à foutre, assieds-toi ! »

Je grognai et me mis à faire le tour de la table des premières tout en mâchant difficilement les bouchées de l'infecte sandwich qui me servait de repas ce midi.

« On fait quelque chose à la sortie ? demanda Seb lorsque la conversation sur le match de basket de vendredi fut finie.

- Je sais pas.

- On va à la plage ? proposa Tammy.

- Oh non, il fait trop froid, protesta immédiatement Claire, les joues rougissantes. »

Personne ne sembla y prêter vraiment attention.

« Mais l'été est presque fini ! Si on veut encore quelques bains acceptables avant l'automne c'est maintenant ! insista Tammy.

- On n'a pas montré le repousse-salope de la mère de Roy à Eva, intervint Damien, la bouche pleine.

- Ah ouai ! 'Faut qu'on te montre ! s'enthousiasma Seb en se tournant vers l'intéressée.

- Le repousse-salope ? répéta-t-elle incrédule.

- Tu vas voir c'est génial, commenta Carter. »