Bonus 3 : L'histoire des citations, de quatre murs et d'un plafond

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« Les dieux nous envient. Ils nous envient parce que nous sommes mortels, parce que chaque moment pourrait être le dernier. Tout est plus beau parce que nous sommes condamnés. Tu ne seras jamais plus ravissante qu'à cet instant. Nous ne serons plus jamais ici ensemble. » L'Illiade d'Homere

Evangeline

Ce blanc me tuait.

Très sérieusement. J'étais convaincue qu'il voulait ma mort.

Il me rappelait le mur de ma chambre d'hôpital.

Il me rappelait que j'y avais auparavant accroché plus d'une centaine de photos de mes amis.

Il me rappelait qu'il n'y avait plus rien à y mettre.

Mais je ne voulais pas sortir non plus. J'avais bien tenté d'accompagner ma mère pour faire des courses. Mais le freinage un peu trop brusque d'une voiture m'avait plongé dans une crise.

Lorsque l'on m'avait autorisé à sortir de l'hôpital, la seconde fois, après ma tentative de suicide, j'étais restée cinq minutes devant la voiture de mes parents avant de la contourner et d'entreprendre de rentrer à pied

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Lorsque l'on m'avait autorisé à sortir de l'hôpital, la seconde fois, après ma tentative de suicide, j'étais restée cinq minutes devant la voiture de mes parents avant de la contourner et d'entreprendre de rentrer à pied. Il faisait bon, mais les rayons du soleil avaient couvert mon visage blafard et, l'espace de quelques secondes, j'avais savouré l'air frais s'engouffrant dans mes poumons avec délice. Puis, je m'étais simplement sentie vide. Froide. Glacée. Ce semblant d'ennui et de détachement s'était transformé en agacement lorsque mon frère était apparu à mes côtés. Puis mes parents étaient arrivés par la suite, mon père portant un sac de vêtements de rechange et de produits de toilette.

Lorsque j'étais sortie de l'hôpital pour la première fois, mon frère ne m'avait pas accompagné sur le chemin du retour. Il s'était porté volontaire pour ramener la voiture à la maison tandis que mes parents marchaient à mes côtés.

Mais la seconde fois, il m'avait suivi.

Et il avait attendu patiemment que je sois à nouveau capable de reprendre la voiture. C'est-à-dire des weekends passés à m'attendre derrière le volant, à me rassurer, jusqu'à ce que je me décide à l'accompagner pour un petit tour du quartier. Puis jusqu'à la plage. Jusqu'à la supérette. Jusqu'à l'un de ses matchs même. Et enfin jusqu'à l'hôpital où se trouvait Milo.

Toujours est il que, après mon retour de l'hôpital pour la seconde fois, j'avais pris des cours à domicile, et, la plupart du temps, je tournais en rond dans ma chambre.

Et à présent, le blanc de ses murs me tuait à petit feu. Le blanc de ses murs et mon ancien sac de cours. Je m'étais donc un jour convaincu de le vider. Et c'est ainsi que j'avais retrouvé ma première citation.

« Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien sera mon frère », Shakespeare.

Et sur un coup de tête, j'avais saisi un gros marqueur noir et l'avais recopié sur le mur vide au-dessus de mon lit. Après avoir pris quelques pas de recul et quelques secondes de réflexion, j'avais convenu avec mon même que ce n'était pas très beau. Mais que c'était en quelque sorte artistique. Et le sourire tordu de Carter lorsqu'il l'avait vu m'avait fait comprendre qu'il trouvait ça juste moche. Peu importe. L'art n'est fait ni pour être beau, ni pour être compris. Il est et c'est tout.

L'Équilibre d'EvangelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant