Chapitre 51

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« J'ai aimé jusqu'à la folie, ce que certains appellent la folie mais qui est pour moi la seule façon d'aimer. » Françoise Sabin

Roy

La semaine passa. Puis la semaine suivante. Et je me sentais lourd. A chaque fois que je voyais Carter et Evan s'ignorer dans les couloirs, agir comme s'ils ne s'étaient jamais parlé, ma gorge se serrait. Dès que Lindsey bousculait son ancien petit-ami de l'épaule et qu'il inclinait simplement la tête vers le sol, je baissais les yeux. Lorsque je me retrouvais face à Eva, dans la cafétéria, les salles de cours, le hall, mon souffle me manquait. Je la fixais, jusqu'à ce qu'elle fasse attention à ma présence.

Je détestais tellement cette situation que je venais à oublier que tout était de ma faute.

Je commençais à me faire à l'idée que tout était fini et que ma vie allait reprendre de la même manière qu'avant que je la rencontre, même si c'était impossible. Claire me lançait des regards désolés, traduisant qu'elle aurait aimé me parler mais qu'elle n'était pas de mon côté. Tammy me sondait, observant la moindre de mes réactions en présence d'Evangeline. Evan, Carter et Lindsey, qui auparavant formaient un trio presque inséparable, ne s'adressaient presque plus la parole. Enfin pas exactement, Evan et Lindsey se parlaient toujours, presque comme s'ils s'utilisaient l'un l'autre pour combler le vide de Carter. Le seul point éventuellement positif qui était survenu entre temps était le rapprochement d'Evan et Nathan. Le ramdam autour du pseudo coming-out de mon frère passé, ils avaient recommencé à se parler, même s'il n'y avait rien d'officiel pour l'instant.

Ma vie se résumait donc à des visages autrefois amicaux devenus étrangers que je croisais chaque jour et deux putains d'yeux bleus constamment dans mon esprit.

Et tout indiquait que cela allait durer longtemps jusqu'à ce jeudi, deux semaines après que Carter et Evan m'aient pris à part dans leur voiture. En ouvrant mon casier pour y récupérer mes affaires pour l'entrainement, un petit objet en tomba. Je le ramassai et écarquillai les yeux en m'apercevant qu'il s'agissait d'une clef USB, la même que j'avais rendu plusieurs fois à Evangeline après avoir téléchargé tous les morceaux sur mon ordinateur. Je me redressai et poser les yeux sur le post-it collé à l'intérieur.

J'ai aimé jusqu'à atteindre la folie, ce que certains appellent la folie mais qui est pour moi la seule façon d'aimer.

PS : Je tombais amoureuse.

J'arrêtai de respirer quelques secondes, relisant en boucle les mots soigneusement tracés sur le carré de papier jaune. Puis je la cherchai du regard dans la foule de lycéens présents dans le couloir, en vain. Je récupérai mes affaires afin de me rendre à l'entrainement, persuadé que là-bas je pourrai lui parler, mais en l'apercevant, assise sagement dans les gradins, les pieds sur le siège de devant, dessinant ou écrivant je ne savais quoi dans l'un de ses innombrables cahiers, je me figeai sur place. Je n'avais aucune idée de quoi lui dire. Qu'est-ce que je comptais faire ? M'expliquer ? Lui demander des explications ? Rendre la clef USB ? Je n'avais plus le droit de l'approcher. Lorsque je me rendis compte que Carter me fixait, écoutant à peine Yann, je me décidai à bouger et partis me changer, tout en serrant la clef USB et le post-it dans ma main.

Evangeline

« Bien ! J'ai fait une connerie ! »

Je faisais les cent pas, gesticulant mes bras dans tous les sens pour exprimer mon trouble.

« Je n'aurai pas dû lui donner cette playlist, c'était une ENORME erreur ! Qu'est-ce que je fais maintenant ? Bon, il ne comprendra probablement pas ce que ça signifie mais bordel qu'est-ce que je suis conne ! »

Je m'arrêtai quelques secondes et le regardai.

« Et ce n'est pas le pire ! J'ai mis un mot ! me lamentai-je. Un mot ! Je lui ai mis une citation qui parle d'amour et un « PS : je tombais amoureuse » ! C'est pas possible de faire plus con que ça ! Mais je me sentais tellement assurée quand je les ai laissés ! Je voulais juste... Le faire réagir ! Que quelque chose bouge dans ce monde de merde ! Et il n'est pas venu me parler à l'entrainement ! Il n'a rien fait ! Il ne m'a même pas jeté un rapide coup d'œil ! Le néant total ! »

Je lâchai un profond soupire en prenant ma tête dans mes mains puis passai ma main dans mes cheveux.

« Qu'est-ce que tu en penses ? Est-ce que j'ai empiré les choses ? »

Milo resta immobile, comme à chacune de mes visites.

« Aller ! Sois sympa ! Je t'ai apporté des fleurs ! Je suis venue te voir deux fois la semaine dernière ! »

Je m'assis sur le bord du lit et me penchai vers lui.

« J'ai des bonbons dans mon sac. Si tu te réveilles maintenant ils sont pour toi. »

Je fis une pause, guettant un mouvement.

« C'est de la guimauve entourée de chocolat ! insistai-je sur un ton lancinant en espérant une réaction. »

Je lâchai un long soupire en me redressant, le fixai quelques secondes, vérifiai que la porte était bien fermée puis lui donnai une petite tape sur la joue. En l'absence de réaction, je vérifiai que la porte était toujours fermée puis lui remis une petite gifle.

« Bon sang, Milo ! Fais un effort ! Tu ne m'aides pas beaucoup sur le coup ! Tu as vu toutes les mauvaises décisions que je prends sans toi ? J'ai besoin que quelqu'un me prenne par les épaules et me secoue violemment en me répétant que mes décisions sont stupides ! »

Je me relevai et me remis à déambuler dans la pièce.

« Qu'est-ce que tu veux ? Je t'ai proposé... Des bonbons, de la pizzas, des chocolats, de t'embrasser, des vacances tous frais payés aux Bahamas, d'arrêter les cours pour que l'on aille tous les deux monter un numéro de magiciens à Las Vegas, de te ramener une princesse, de sentir le sweat de R... Oh, bordel de merde. J'ai toujours son sweat ! »

Je passai mes mains dans mes cheveux en recommençant à faire les cent pas dans la petite chambre d'hôpital.

« J'ai son sweat chez moi ! Il sent toujours aussi bon... Pourquoi je garde ça ? Je fais quoi ? Je le brûle ? Je lui rends ? Qu'est-ce que je dis si je vais le voir en face ? Salut, tiens, ton sweat, adios amigo ? Où est-ce que je le laisse dans son casier ? Non, je ne veux plus jamais avoir à ouvrir son casier. »

Je m'arrêtai et regardai Milo, si paisible par rapport à mon esprit embrouillé.

« Tu as raison. Je vais le garder. On verra ce qu'il adviendra. »

Je m'assis sur le bord du lit.

« Non, je ne fais pas ça uniquement pour garder son sweat. Pas du tout je veux dire. »

Hey !

J'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaires !

Qu'avez-vous pensé : - de l'acte d'Eva ?

- de la relation entre Eva et Milo ?

Le chapitre est plus court, je sais, désolée.

Merci pour tous vos votes, vues et commentaires ! Je vous aime FORT !

L'Équilibre d'EvangelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant