Chapitre 39 : Partie 2

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Comme promis, voici la suite du chapitre 39 !

Je mourrais de chaud à l'étage. Assise sur une chaise, prêt d'une table où l'on servait encore des boissons, je restais en retrait, regardant les personnes se défouler sur la piste de danse. La danse entre la mariée et son père et entre le marié et sa mère s'était révélée plus émouvante que l'on avait pu le prévoir. Le père était en pleurs et Olivia plus rayonnante que jamais. Sa longue traine balayant le sol de la piste de danse s'était salie depuis le début de la soirée, mais son chignon impeccable, son maquillage et son sourire resplendissant étaient toujours là. Olivia représentait le genre de mariée que toutes jeunes filles voudrait devenir. Moi-même, je n'avais pas échappé aux quelques appréhension en la voyant remonter l'allée sur la plage, ou lors de l'éloge touchante de John à son égard, lors de leurs première danse ou encore lorsqu'ils avaient partagé les premières coupes de champagne. C'était comme un rêve.

J'avais perdu Roy de vue lorsqu'Olivia avait demandé une danse avec chacun de ses nouveaux beaux-fils et depuis je ne l'avais pas revu. Ce soir-là, nous ne cessions de nous perdre et de nous retrouver et je devais avouer que je préférai les instants passés côte à côte que loin l'un de l'autre. Malheureusement, ces derniers étaient plus long et plus nombreux.

Fatiguée par la soirée, morte de chaud et les tympans massacrés par la musique forte, je me levai, récupérai deux coupes pleines sur la table puis longeai la piste de danse afin de rejoindre l'escalier me permettant de descendre. Une fois en bas, je remarquai la porte vitrée ouverte afin d'aérer la pièce et décidai d'aller directement dehors. Je n'avais pas ma veste mais à vrais dire, j'avais tellement chaud que j'étais décidée à m'en passer. Je sortis sur la terrasse et posai l'une des coupes sur la rembarre avant de prendre une gorgée de l'autre. Le froid mordait ma peau ce qui était plutôt agréable. J'entendais encore la musique provenant de l'étage, mais de manière moins oppressante que précédemment. Je me penchai légèrement. La terrasse se trouvait au-dessus de l'eau si bien que si mes pieds avaient pu passer entre les poteaux de la rembarre, j'aurais pu les mettre dans l'eau. Je repris une nouvelle gorgée, l'oreille bercée par le clapotis des vague et engourdi par l'air ambiant. Je ne tardai pas à vider complètement le premier verre.

« Tu n'as pas trop froid ? »

Je me retournai. Roy s'approchait lentement, les mains dans les poches et sourire en coin.

« L'alcool réchauffe.

- Tu n'as pas trop bu ? »

Je pris une grande inspiration en appuyant mon ventre contre la barrière en bois, gonflant mes poumons des embruns de l'océan.

« Ana était une ballerine, une de celle qui dance avec les jambes et les hanches cassées. Et petite Ana avait un ensemble de couteaux pour une simple paire de lèvres et portait de l'ombre à paupière, un de ceux qui vient des cendres de la cheminée. Elle ne boirait jamais d'eau, seulement du café qui serait plus noir que noir. Ana était un clown, un avec une voix grinçante comme un personnage de dessin animé (le mot anglais est 'toon' et je ne suis pas sûre de la traduction). »

Je me tournai vers lui et captai immédiatement son regard.

« Ana est parfois moi. Et Ana est parfois toi. Bryce Stoskopf. »

Il appuya sa hanche contre la rembarre.

« Même après quelques verres tu peux toujours réciter de la poésie ?

- (NDA : les mots italiques sont prononcés en français) Et par le pouvoir d'un mot, je recommence ma vie, récitai-je en reculant, laissant glisser mes doigts sur le bois. Je suis née pour te connaitre, pour te nommer. »

L'Équilibre d'EvangelineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant