Les enfants de Gotham -Tome 1 : La Relève-

CHAPITRE 23

 Chapitre 23

Il se planta devant l'accueil, la blonde sur ses talons.

<<-L'entrée est à 15 euros, précise la dame derrière son bureau, un sourire faux étirant ses lèvres.

-Oui je sais, il répond aussitôt, j'ai justement réservé un balcon au nom Wayne.>>

Aussitôt, la jeune femme semble premièrement offensée, avant de masquer cela par un autre sourire faux dont elle a le secret. Elle pianote sur son clavier, avant de confirmer la réservation.

<<-Tout est en ordre, si vous voulez bien me suivre ?

-Merci, ajoute Damian, mais je suis déjà venu, je connais le chemin.>>

Et comme si cette phrase enfonçait un peu plus la jeune femme dans sa bêtise, sa face vire au pourpre et elle retire sa main, les traits renfrognés avec rage. Et alors qu'elle colère toute seule devant son standard, les deux jeunes gens s'avancent vers la grande entrée. Mais au lieu de rejoindre la foule grandissante et mouvante au centre, ils bifurquent sur la droite. Face à eux, deux hommes d'une taille impressionnante, dont un tenant un calepin. Lorsqu'ils s'approchent, l'un d'entre eux demandent d'une voix forte :

<<-Votre nom.

-Wayne.>>

Après avoir vérifié, il laisse passer les deux adolescents. Ces derniers montent les escaliers avant d'atteindre le balcon de droite, donnant sur toute la salle qui se remplissait à grand pas. A ce moment, Damian abandonne Lucy pour chercher sur la petite table deux des six coupes d'alcool pétillant. Il lui en tend une, qu'elle tient en enroulant ses doigts, et tous deux trempent leurs lèvres dans la boisson. Leurs corps considérablement proches, ils n'arrivent à se quitter des yeux. Et alors que Lucy, un regard mesquin et la bouche pincée en coin, reprend une gorgée, le regard de Damian s'arrête sur la marque écarlate de ses lèvres sur son verre, et il ravale difficilement sa salive. Elle s'humecte alors les lèvres, un geste qui avait le don de rendre fou son pauvre ami, déjà sous l'emprise d'un désir ardent. Du bout de ses doigts, il dégage son visage enfantin et si envoutant, rayonnant, d'une mèche platine qui retombait librement sur son front. Et, dans une même continuité, sa main redessine la courbe de sa pommette, avant d'entrouvrir ses lèvres rosées. Et son contact semblait lui faire perdre la tête. Il était frappé par la froideur de sa peau, alors qu'il était fiévreux, mais il était persuadé qu'il lui faisait aussi de l'effet, à la vue de son souffle de plus en plus saccadé et de ses joues qui rougissaient à vue d'oeil. Et lentement, il la sentait chauffer contre sa main. Comme si elle enlevait ses barrières et qu'elle se donnait à lui et à l'emprise qu'il exerçait lentement sur elle. Et il était le seul.

Mais leur jeu s'interrompt au moment où Karen et Karl font irruption dans la pièce. Les deux amoureux se lâchent alors du regard, accueillant leurs amis avec un grand sourire, comme si de rien n'était. Mais leurs visages cramoisis et leur soudaine euphorie ne trompait personne.

Légèrement gênée et appréhende la suite de la soirée, Lucy enchaîne un drôle de rituel. Elle craque ses doigts, un à un, avant de passer la main droite dans ses cheveux. Puis, elle passe sa langue sur les coins de ses lèvres, fronçant un sourcil et soulevant l'autre, elle craque son cou d'un mouvement de tête, avant d'esquisser un semi-sourire. Un rituel que Damian voyait de plus en plus fréquemment chez Lucy, devenant une habitude journalière, ce qui lui donnait quelques doutes.

Deux bonnes heures qu'ils attendaient, mais rien n'était à signaler. Du haut du balcon, ils avaient vue sur tout le théâtre. Sur les planches, les platines envoyaient des musiques dansantes sur lesquelles se déhanchait la foule. La fête battait son plein, les plus riches de Gotham étaient bien présents, mais pour le groupe de six adolescents, c'était le calme plat.