Les enfants de Gotham -Tome 1 : La Relève-

CHAPITRE 3

CHAPITRE 3

Elle observe avec attention la sphère mauve. Elle cherchait désespérément le mécanisme pour l'étudier de plus près, mais rien n'y faisait, tout était parfaitement dissimulé comme si on ne voulait pas que l'on découvre les secrets du magicien. Elle déposa alors une main sur chaque demi-sphère et dévissa le couvercle du socle. Au centre, elle y découvrit la poupée horrifique, sur ressort, qui restait encore au fond. Elle se pencha alors vers le récipient. C'est à ce moment que le clown lui sauta dessus, sa tête gonflée par les chevrotines cognant contre son nez, et lui écorchant la joue droite. Elle échappa un cri de surprise, et glissa deux doigts sur la plaie. Elle constata un peu de sang, mais visiblement rien d'abondant. Elle entendit alors les pas lourds d'Edward s'approcher de sa porte. Elle se précipita pour ranger la poupée dans la sphère et referma le ballon mauve. Elle glissa rapidement le jouet effrayant dans son dos et se tourna, assise sur son lit, vers la porte qui s'ouvrit sur Edward. En ouvrant la porte, la lumière dorée du salon traça une belle ligne droite sur le parquet et éclaira quelque peu la pièce sombre. Souvent, quand elle rentrait, elle s'enfermait dans sa chambre, baissait les volets, éteignait les lumières, s'enfermait dans ce cocon d'obscurité, sur son lit, avec ses pensées, sa solitude confortable.

<<-Le repas est prêt, annonce-t-il. >>

Elle acquiesça. Il repartit alors, laissant la porte ouverte. Elle attendit patiemment qu'il disparaisse de l'encadrement pour se diriger vers l'armoire au fond de sa chambre, la sphère lourde en main. Elle ouvre les portes et retire la plaque de bois au fond, dévoilant le parquet. Elle glisse ses doigts dans l'interstice et retire une latte, sous laquelle elle glissa sa trouvaille, avant de refermer sa cachette. Elle reposa la plaque soigneusement, referma le placard, et sortit de sa chambre comme si de rien n'était, refermant calmement la porte derrière elle. Ses chaussettes grises frottèrent contre le parquet brut de l'allée, s'accrochant légèrement aux quelques petites échardes. Elle arriva alors dans la salle à manger, baignée par la douce lumière ocre du lustre. La belle table est dressée, pas très longue, et régnait dans la pièce une ambiance chaleureuse. Le repas était son préféré, pour son anniversaire. Elle ne tenait pas à le fêter, alors Edward avait négocié un bon repas, tout en aillant préparé un beau pendentif comme cadeau. Elle s'assit alors à côté d'Edward qui remplissait les assiettes. En face était allumée la télévision, comme chaque soir, à l'heure du journal télévisé.

<<-Ce soir, un drame terrible c'est produit à Gotham, dans les rues du Diamond District. Un crime datant de cet après-midi, nous retrouvons notre envoyé spécial sur les lieux.>>

Les deux jumeaux restèrent concentrés sur la télévision, leur seau de bonbons entre eux. Leur mère était partie pour la soirée, et comme très souvent ils profitaient de son absence pour ressortir les bonbons d'Halloween. Les petits papiers colorés parsemaient le canapé et certains tombèrent sur le sol. Les sucettes et les poudres qui crépitent, toutes les sucreries y passaient, leur tiroir secret était une vraie caverne d'Ali Baba. Karen avait même la trace de son chewing-gum autour des lèvres, des amas d'une teinte rose chimique et qui colle à la peau. Le bas amples et leurs tee-shirts les mettaient à l'aise, comme deux larves sur les assises du grand fauteuil. C'était souvent ainsi, et encore plus quand ils étaient tous ensemble. Parfois, quand leur mère partait, ils invitaient le reste de la bande à regarder la télé avec eux. Ce n'était pas qu'un pauvre seau, mais bien toute leur réserve qui y passait. Affalés sur le canapé ou assis par terre sur des coussins, ils étaient tous là, à commenter les programmes débiles du soir, et à se remémorer les fous rires de la journée. C'était comme ça presque chaque weekend end, un bon moyen de décompresser, d'oublier l'école, et de se retrouver. Mais là, ils n'étaient que deux, parce qu'on était lundi, et que le lendemain, les cours les réveilleront tôt, et qu'il était presque impossible de faire venir des amis. Mais ils ne se privaient tout de même pas sur les chocolats et les sucreries, sans compter les pop-corn chauds qu'ils venaient de faire sauter au micro-onde et qu'ils recouvraient de caramel.