Les enfants de Gotham - Prologue

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Prologue :

La sonnerie stridente retentit. Un son terrible qui alarmait les environs, qui était leurs pires ennemies. Le jeune garçon était resté dans la vieille voiture, assis à l'arrière, s'acharnant sur sa Gameboy volée. Il entendait vaguement l'alarme du magasin derrière lui résonner. Il ne réagit que lorsque les portières à l'avant s'ouvrirent violemment et se refermèrent dans un claquement terrible. Les deux adultes se jetèrent sur les sièges, ne prirent pas la peine de boucler leur ceinture, et démarrèrent en trombe, quittant le parking. Le moteur ronronnait dans l'habitacle, tandis que le père roulait à vive allure, et que la mère comptait minutieusement les billets du sac qu'elle gardait sur ses genoux. L'enfant releva légèrement sa tête brune, posant ses yeux clairs sur le rétroviseur. Il y voyait ses parents qui lui souriaient. Il leur rendit alors, avant de continuer, et de s'acharner jusqu'à ce qu'il réussisse son niveau. Le père alluma la radio. Cette dernière cracha une musique qu'ils connaissaient bien, qui tournait en boucle ces temps-ci tant elle était devenue populaire.

Mais alors, la route qu'il prenait d'habitude, la plus rapide, qui menait directement aux banlieues de l'état, était bondé de monde. C'était étrange, jamais ce chemin n'était encombré par la circulation, encore moins à une heure pareille. Ils avaient tout programmé, ils étaient persuadés que, encore une fois, ils passeront entre les mailles du filet. Mais le destin en avait décidé autrement.

Les gyrophares des voitures de police se faisaient désormais de plus en plus assourdissant. Les deux parents commencèrent à paniquer. Ils étaient des criminels recherchés depuis belle lurette, avec un beau bambin à charge, et la police était prête pour les emmener en prison.

Le père prit une initiative. C'était risqué, mais à quoi bon, il voyait là la seule issue. Il fit brutalement demi-tour, faisant crisser les pneus sur le bitume froid. Rapidement, il prit le premier virage qui se présenta à lui. Il était serré, et le pauvre garçon bascula sur la banquette. Deux coups de feu retentirent. Les pneus sifflèrent dans un son aigu, et la voiture se mit à valser sur la chaussée. Les passagers se cramponnaient du mieux qu'ils pouvaient à ce qui leur passait sous la main. L'homme n'était, à ce moment-là, plus un criminel, mais un père. Il pensait à son fils à l'arrière, il ne pouvait pas se permettre de continuer. Il préférait voir son fils avec de nouveaux parents, plutôt que dans un cercueil, six pieds sous terres. C'est à contrecœur, qu'il ralentit, avant de s'arrêter. Les voitures noires et blanches arrivaient lentement derrière eux. Le père utilisa ce laps de temps pour lui donner ces derniers ordres. Il se tourna vers son fils, attrapant le col de son tee-shirt. Le petit fut surpris, il laissa tomber son jouet plus bas, et trembla de peur face à son paternel.

<<-Ecoute moi bien. Tu vas courir et entrer dans l'immeuble à ta droite. Il y aura une femme, une brune, avec un œil...particulier. Dis-lui simplement ton nom, et elle te laissera passer. Tu montes jusqu'au toit, et tu nous attends. J'ai été clair ?>>

Le petit était abasourdi, il déglutit, avant d'assimiler difficilement tout ce que venait de débiter son père.

<<-Est-ce que j'ai été clair !?>>

Il le secoua brutalement. Il hocha alors frénétiquement la tête. Le regard de l'homme se leva, et regarda à travers la vitre arrière, scrutant les voitures qui s'approchaient dangereusement.

<<-Va-t'en.>>

Le bras de son père le poussa vers la portière. Il l'ouvrit alors précipitamment, et se jeta hors de la voiture. Il ne regarda pas derrière lui, il ne gardait en tête que les ordres de son père comme des œillères. Il chercha simplement du regard l'immeuble dont il lui avait parlé, et une fois ce dernier trouvé, il fonça vers les portes. Il faisait abstraction des sirènes, des hurlements des flics, du carnage qui se passait à côté. Il enfonça la porte et se précipita à l'intérieur. Il s'arrêta sur le pallier, et balaya la pièce du regard. C'était une grande salle circulaire, où discutaient différentes personnes, beaucoup de vieillard, de jolies jeunes filles trop maquillées, et de quelques gars plus jeunes qui avaient un regard meurtrier. Une femme, une brune, s'approcha du petit garçon, l'air furieuse. Elle l'attrapa par le collet, le soulevant à quelques centimètres du sol. Il regarda un instant ses pieds qui brassaient l'air, avant de reporter son regard sur le visage de la femme. Il fut effrayé par un de ses œil, blanc et recouvert d'un voile laiteux, aucune pupille apparente, et l'iris était décoloré, ivoire.

<<-Qu'est-ce que tu fiches ici, le mioche ?>>

Elle était menaçante, ses dents étaient serrées, et ses ongles peinturlurés de mauve perçaient le tee-shirt noir du petit.

<<-Je...je suis Prometh Alteus.>>

La femme, en entendant son nom, se radoucit légèrement. Elle le reposa lentement, transformant son regard noir en un regard moins méprisant.

<<-Vas-y, lâche-t-elle simplement en le regardant de haut, lui indiquant de la tête les escaliers derrière elle.>>

Il voulut la remercier, mais il sentait encore le col de son tee-shirt lui serrer la gorge. Il se précipita alors vers les escaliers. Il les gravissait à une vitesse folle, il manquait de s'emmêler les jambes dans les marches. Encore quelques pas, et le voilà sur le toit. Il y était presque, il avait accompli cette mission que lui avait donné son père. Et, lorsqu'il posa un pied sur le béton, et que le vent s'engouffra sous ses vêtements, il se sentit fier, et il savait que son père le serait aussi. Soudain, il entendit un coup de feu. Un son semblable à celui qui avait fait exploser les deux pneus arrière de la voiture. Ce son, il le trouvait terrifiant, il lui provoquait des frissons, il le trouvait macabre. Un signe de mort, rien de plus. Il s'approcha, soucieux, du bord. Il se pencha au-dessus de la ruelle.

Sur le sol, dans une mare de sang, reposaient, paisible et calme, le corps d'une femme, le corps d'un homme, les cadavres frais de ses parents. Et, devant, deux policiers, de flics, deux pourris, qui pointaient encore leurs armes fumantes dans le vide.

Il se laissa tomber à terre. Le sol abimé lui écorcha les genoux. Il était à quatre pattes sur le sol. La vue qu'il avait eu lui soulevait le cœur, il voulait vomir. Il se haïssait. Il se détestait. De n'avoir rien fait, d'avoir fui comme un lâche, de les avoir laisser mourir, comme deux minables, dans une ruelle sombre, là où personne ne connaitra l'injustice qu'ils ont subi, ni même les conséquences.

Il hurla. Il poussa un cri, un rugissement, empli de rage, un déchirement dans l'air, un signe de détresse, de regret, de haine. Surtout de mépris, et de haine noire. Ses muscles se contractaient, sous ce sentiment qui, comme un venin, vous noircissait les veines, vous engloutissait, vous tuait à petit feu. Et, soudainement, la rage lui blanchit sa chevelure. Elle ne devint qu'une touffe blanche, hirsute, un phénomène inexplicable, qui n'était que le reflet de la vie du futur Prometh.

Les enfants de Gotham -Tome 1 : La Relève-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant