-Priscilla Isley-

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Elle donna un dernier coup de brosse dans sa belle chevelure rousse. Les deux jeunes femmes se ressemblaient beaucoup, malgré l'âge. Quelques traits différents, l'une avait une mâchoire plus ronde, plus enfantine, et l'autre avait le visage d'une élégante femme. Mais leurs prunelles azurs et leurs chevelures de feux ne trompaient pas, elles étaient bien mère et fille.

<<-Et voilà, bouton d'or.>>

La plus jeune eut un sourire angélique, face au miroir. Elle aimait quand sa mère prenait soin d'elle, qu'elle la chouchoutait, qu'elle la cajole. Elle aimait sa mère plus que tout, elle se sentait liée à elle plus que n'importe qui. La belle rouquine derrière elle s'en alla un instant, demandant à sa fille de rester là. Et c'est ce qu'elle fit, elle ne bougea pas d'un poil. Elle restait là, face à ce miroir. Ses petites fossettes se creusèrent dans un sourire. Elle repensait à ses amis, à leurs petites aventures, comme la fois où ils avaient réussi à s'introduire dans une salle de cinéma, juste parce qu'ils avaient oublié l'argent. Une anecdote qui faisait encore rire sa mère. Bien sûr, elle n'avait rien dit à son père, et avait fait jurer sa mère d'en faire autant. Ce dernier travaillait dans la police de Gotham, elle ne voulait pas imaginer sa fureur en apprenant ce petit incident.

<<-Et voilà...>>

La douce voix la sortie de sa rêverie. Quelque chose de froid se glissa sur son cou, et pendait de sa gorge. Elle glissa ses doigts le long de la fine chainette dorée et prit la petite émeraude. Il reluisait sous la lumière, elle le trouvait si beau, si captivant. Elle se retourna et étreignit sa mère. Son étreinte la serrait fort tout contre elle, sa tête sur son épaule. Elle sentit ses bras envelopper ses hanches et la presser contre son cœur. Sa main caressant affectueusement sa chevelure, et elle apprécia ces quelques minutes d'amour, de protection.

Les deux se regardèrent, les yeux dans les yeux, se souriant l'une à l'autre, comme le reflet dans un miroir. Puis, la porte claqua. Les pas lourds de l'homme s'approchèrent des deux jeunes femmes et, sans crier garde, les serrant fort dans ses bras, écrasant l'une contre l'autre. Les deux en rirent de bon cœur. Le trio se relâcha, dans un rire qui résonna dans toute la maison et lui donna vie. Cette maison était toujours emplie de bonne ambiance, on s'y plaisait, on s'y sentait chez soi. Les Isley était généralement très accueillant, toujours prêt à aider s'ils le pouvaient, des gens agréables.

La jeune fille salua sa mère, puis son père, d'un baiser sur leur joue. Puis, agrippant son sac à dos et le posant sur une épaule, elle se dirigea vers la sortie de la maison. De l'autre côté de la porte, elle se faufila avec agilité entre les branches des arbres et des plantes grimpantes qui recouvraient les murs de la maison et envahissaient la façade. Puis, elle descendit à petit pas les marches et s'engagea dans la rue. Il lui suffisait de la traverser, puis de remonter la route, et elle était à l'école. Cet établissement qui l'avait vu changer, devenir grande, plus ou moins responsable, et s'entourer de ceux qu'elle appelle aujourd'hui sa deuxième famille. « des bras cassés », comme elle les surnommait aussi, l'air moqueur, en les voyant se battre à coup de cuillère et de fourchette à la cantine, ou bien à coup de ballon au gymnase. Mais elle les aimait, rien ne pouvait changer ça.

Elle passa devant les immeubles, souriant à quelques passants, quelques garnements qui courraient après un chat, et qu'elle croisait souvent. Elle était une habituée de ce genre de coin, comme ses quatre amis. Seul le fils milliardaire n'y venait pas suffisamment souvent pour s'y sentir chez soi. Et, ensemble, ils avaient fait les quatre cent coups, ils avaient gravi tant de fois les murs de briques pour surplomber les toits de la ville et se prendre pour les rois. Ils avaient tant de fois embêté la vieille madame Greyson qui habitait au coin de la rue, en sonnant à sa porte et en détalant la seconde d'après comme des lapins. Elle n'avait jamais su que c'était eux, et à chaque Halloween, les gavait de bonbons en bonne mamie gâteau. Elle même avait des petits enfants, mais on ne les connaissait pas à Gotham. Ils n'étaient jamais venus la voir, alors on peut dire que le quatuor était sa seule compagnie, ainsi que les corbeaux qui viennent à sa fenêtre et son vieux molosse qui se trainait avec mal.

Au loin, elle vit la silhouette de son ami l'attendre, comme d'habitude, sur le palier de son appartement. Il avait une chevelure dorée, ébouriffée, comme s'il sortait de son lit. Un pan de sa chemise sortait librement de son pantalon, et il avait une mine fatiguée. Ses yeux bleus étaient légèrement cernés, et ses lèvres gercées pincèrent entre elles une cigarette à peine entamée. Elle pressa le pas jusqu'à sa hauteur, l'air furieuse. Elle lui arracha la clope du bec, la jetta par terre et, sous ses cris désinvoltes, l'écrasa de sa belle chaussure noire, insistant sur la pointe de son pied.

<<-Bien le bonjour à toi, Priscilla, rétorqua le blond, oui je vais bien, merci de demander, et toi ?

-Mieux, répondit cette dernière dans un sourire.>>

Il se remit droit, fourrant ses mains dans ses poches, et tout deux poursuivirent leur chemin vers le lycée de Gotham.

Jamais les deux ne s'étaient si bien retrouvés. 

Les enfants de Gotham -Tome 1 : La Relève-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant