CHAPITRE 2
Les derniers rayons de soleil venaient de rendre l'âme. Seuls les lampadaires faibles ou grésillant éclairaient le chemin, le ciel d'encre couvert de masses grises et cotonneuses.
Ils s'arrêtèrent devant une vieille bâtisse. La noirceur du soir la plongeait dans une obscurité sans nom. Autrefois, elle attirait les plus courageux, les plus redoutables, de par sa belle pancarte colorée et vive. Mais plus rien ne semblait fonctionner. Elle n'était qu'une masse sombre parmi tant d'autres, elle n'avait plus rien d'extraordinaire. Le groupe s'avança près de ce qu'était auparavant l'entrée célèbre du bâtiment. Maintenant, ce n'était plus qu'un encadrement barré par des planches rongées par les mites et noires de moisissures. Dans les coins, s'étaient logées quelques araignées qui avaient tissé leurs belles fresques fines et fragile sur laquelle glissaient encore quelques perles de rosée. La jeune blonde s'affaira alors sur la barricade et tira sur les lattes, plusieurs fois. Les clous cédèrent peu à peu, avec mal, et bientôt, la première planche tomba plus loin. Rapidement, Karen et Karl l'aidèrent, retirant les quelques morceaux de bois plus bas. Et, enfin, l'ouverture fut assez grande pour que chacun, en se courbant jusque terre, puisse passer. Ils traversèrent alors un à un, accroupis, frôlant les quelques planches qui avaient résisté.
La pièce dans laquelle ils pénétrèrent n'était que noir et néant à leurs yeux. Ils n'osaient plus bouger, de peur de trébucher, ou de se cogner. Seuls les pas de la jeune fille résonnèrent. Elle se dirigea à tâtons vers sa droite et palpa le mur. Enfin, elle trouva l'interrupteur. Elle l'actionna alors, et toutes les lumières éclairèrent la pièce. On reconnaissait désormais les banquettes capitonnées, la table de billard, le comptoir. On apercevait les bouteilles, certaines brisées, d'autres bien entamées, et quelques-unes encore pleines. Les lampes donnaient de beaux reflets dorés aux murs dont la peinture s'écaillait, laissant paraitre le blanc du plâtre. On imaginait avec émerveillement le bel endroit que cela devait être, bondé de monde, empli d'une ambiance agréable, tamisée, quelque chose d'élégant et d'attirant, où l'on se retrouvait en petit comité et où l'on profitait pleinement de la soirée. Il avait cependant perdu de son éclat, cela n'empêchait pas aux jeunes gens d'imaginer ce qu'il pourrait devenir, s'ils le restauraient quelque peu et qu'ils lui rendaient un peu de prestige.
<<-Bienvenus...>>
La blonde se plaça au centre de la pièce, tourna sur elle-même pour faire face à ses amis, et lança, en ouvrant glorieusement ses bras.
<<-Au Bad Joke !>>
Le nom fit frissonner la bande. Tout le monde connaissait le tristement célèbre Bad Joke, ce bar qui avait vu les pires criminels de Gotham défiler sur les banquettes comme les voitures sur une grande route. Pire encore, tout le monde connaissait l'homme terrible et sa folle dulcinée qui le tenait, le Clown Prince du Crime, le Joker, et sa Princesse, Harley Quinn. Deux clowns au passé sinistre et lugubre, dont les noms rimaient avec « bain de sang », et « torture ». Tout le monde les craignait comme la peste, on n'osait leur tenir tête. Mais, après tout, cela faisait bien sept ans qu'on n'avait plus eu signe de vie de ces deux psychopathes.
La bande se dispersait dans la salle, observant chaque détail et chaque couture. Ils devaient l'avouer, ils s'imaginaient parfaitement faire de ce bel endroit leur nouveau repaire, malgré son passé cauchemardesque. Karl s'approcha alors du bar, et passa derrière le comptoir. Son pied s'appuya sur une latte qui grinça anormalement. Il se tourna vers ses amis, qui semblaient tout aussi intriguer. Curieux, il posa ses genoux sur le parquet, et glissa tant bien que mal ses doigts dans l'interstice des deux planches. Il s'y prit plusieurs fois, avant d'enfin réussir à la soulever. S'y dissimulait, sous le plancher, une trappe en cuivre qui semblait bien lourde, un anneau sur le dessus, comme une poignée. Il empoigna l'anse de ses deux mains, et prenant appui sur ses pieds, souleva le rabat de métal. Finalement, il dû avouer qu'il aurait dû laisser la tâche à Damian, qui avait plus de force dans les bras. Tout semblait aussi sombre, on n'y voyait pas plus loin que le bout de son nez. Karl, en tête de fil, passa le premier à travers l'ouverture au sol. Il posa ses pieds sur l'échelle qui se présentait sous lui comme il poserait ses pieds dans des étriers, et glissa ses paumes sur les barres de bois. Il descendit alors les marches une à une, avant d'enfin atteindre le sol.
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Les enfants de Gotham -Tome 1 : La Relève-
FanficGotham est sans arrêt en mouvement, comme sa population. Beaucoup de criminels ont fait leur temps, et de nouveaux arrivent avec des rêves de grandeur pour détrôner les anciens. Mais plus effrayant encore, Batman aussi à fait son temps, et le voilà...