CHAPITRE 9

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Chapitre 9

Ils avaient traversé tout le bateau. Candy s'était assurée de passer par les couloirs et la salle du centre, là où trainait le plus grand nombre des hommes du Pingouin, histoire d'effrayer les adolescents.

Elle les fit entrer dans l'immense salle de théâtre. On y reconnaissait bien la grande scène aux lattes cirées et les épais rideaux de velours rouge. Les talons aiguilles de Candy gravirent les escaliers pour atteindre la scène, suivi de la bande d'adolescents qui s'émerveillait face aux décors de comédie et de tragédie. Ils passèrent dans les coulisses, derrière la scène, où le sol était recouvert de câbles et des caisses s'empilaient dans les coins. La femme les mène alors vers une porte dissimulée derrière les amas de tissus rouge. Elle leur indique d'un signe de main de s'approcher. Ces derniers avancent d'un pas hésitant, toujours Damian en tête, et finalement, il enclenche la poignée et entre.

Le bureau est plutôt grand, éclairé d'une lumière dorée qui semble venir du lustre au plafond. Un petit homme se tient à son bureau en chêne, trapus et tassé, face à un grand brun musculeux au visage balafré.  On reconnaissait sur sa chaise le célèbre Oswald Cobblepot, qui semblait bien petit face aux méfaits et escroqueries qu'on lui connaissait. Il était boudiné dans son manteau au col de fourrure, et un de ses yeux était recouvert d'un beau monocle à la monture d'argent.

<<-Qu'est-ce que c'est que ça, crache-t-il de sa voix railleuse.

    -Pour ma part, je suis Damian Wayne.>>

L'entente du nom déclenche quelque chose en lui, ses yeux se plissent et il jauge le visage du jeune homme afin d'avoir la vérité. Mais, à son grand désarroi, il ne ment pas, et il s'en rend bien compte. Il renvoie alors d'un geste peu amical l'homme avec qui il s'entretenait jusque-là. Ce dernier sort, laissant un regard méprisant à chaque adolescent, avant de fermer la porte derrière lui.

<<-Un Wayne, reprend Cobblepot. Sa faisait longtemps que je n'en avais plus vu.

    -Je suis sûr que mon père aimerait en dire autant, glisse-t-il tout bas.>>

Seulement le mafieux l'a entendu, et ne semble pas apprécier la remarque. Il se lève, l'air furieux, et s'approche pour les chasser. Mais alors, son regard dérive vers le reste du groupe.

<<-Toi, là...>>

Il pointe son gros doigt vers Lucy qui s'avance, comme si elle voulait qu'il l'examine de plus près.

<<-Tu me rappelle quelqu'un, poursuit-il pensif. C'est quoi ton nom ?

    -Lucy Quinzel.

   -Non d'un manchot...>>

Il avait entendu parler de cette fille, il avait même fait sa propre enquête, en bon "Roi", mais n'avait rien trouver et avait laissé ça sur le compte de la rumeur. Jamais il s'attendait à la voir devant lui, dans son beau bateau. Et, finalement, elle lui ressemblait. Elle avait sa pâleur, bien que moins prononcé, et ses cheveux, bien que moins clairs. Elle avait ses traits doux et enfantins, son aplomb. Mais ce qui l'effrayait davantage n'était pas sa ressemblance avec elle, mais avec lui. Elle avait ses yeux. Deux prunelles vertes qui reluisaient de malice et de folie que l'on ne saurait soupçonner dans un être humain, quel qu'il soit.

<<-Laissez-moi deviner, reprend-t-il en balayant le groupe de ses petits yeux noirs. La gosse à Ivy et ceux à Selina, je me trompe ?>>

Les trois hochèrent affirmativement la tête, plus faiblement pour Priscilla, terrorisée. Il le savait, parce qu'il savait tout, ou presque, sur cette ville. Que, plusieurs années après la naissance des enfants, il avait encore affaire avec les mères de ces marmots désormais dans l'âge dur, l'âge de comprendre. Comprendre que la vie, en particulier à Gotham, n'est que noirceur et corruption.

Les enfants de Gotham -Tome 1 : La Relève-Où les histoires vivent. Découvrez maintenant