Actuellement à son cours suivant, Jungkook n'accordait pas la moindre once d'attention au discours du professeur. Il se trouvait en réalité bien loin de cette salle, perdu dans les méandres de ses pensées. Ses propres actes le bouleversaient tout entier : il avait offert sa paume à Taehyung, et ce, de son plein gré, puis il avait affronté son regard en face. Cela faisait des années qu'il fuyait tout contact avec qui que ce soit, mais en à peine deux jours, quelqu'un s'était infiltré dans sa forteresse, et cet individu n'était pas un simple lambda, non, à son plus grand désarroi l'être qui avait réussi à l'approcher n'était même pas un humain. Qui était-il pour anéantir une asociabilité de plus de quinze ans en quelques heures ?
Mais le plus incroyable dans tout ça n'étaient autres que les sentiments du jeune homme. Pour la première fois depuis son réveil dans la neige, Jungkook s'était senti en sécurité, pour la première fois depuis ses quatre ans, Jungkook ne s'était pas senti seul, pour la première fois depuis seize ans, Jungkook avait voulu et aimé véritablement un contact avec une personne. Pendant le temps qu'avait duré la poignée de mains, le garçon s'était senti libéré du poids de tous ses problèmes, de toutes ses peurs. Pendant le temps que la main chaude de Taehyung avait enserrée la sienne, tout avait disparu, rien d'autre n'existait à part le jeune homme aux cheveux blancs, leurs mains entrelacées, et ses pupilles écarlates dans lesquelles il avait plongé. Son singulier sourire rectangulaire l'avait réchauffé de l'air froid annonçant l'hiver.
Pendant l'espace d'un instant, Jungkook s'était senti revivre.
Et cela l'effrayait. Était-ce une ruse de chasseur pour attirer sa proie dans son piège ? Si c'était bel et bien le cas, le fait que son corps eût répondu de lui-même positivement à la proposition de Taehyung se révélait dangereux, très dangereux. Comment pouvait-il garder ses distances si son organisme agissait de son propre chef contre son propre intérêt ? Allait-il de lui-même s'engager sur un chemin qui le mènerait à la mort ?
***
Lorsque les dernières heures de cours de Taehyung parvinrent à leur terme, le garçon déambula à travers le campus à la recherche de quoi soulager sa vessie. Mais ce dont il fut témoin sur le chemin insuffla l'inquiétude en lui.
Alors qu'il marchait tranquillement, regardant tout autour de lui pour trouver des toilettes, une scène dans un recoin sombre et reculé de l'université retint son attention. Dans l'ombre, un garçon en retenait un autre, plaqué contre un mur, en maintenant ses poignets au-dessus de sa tête pour plonger sa tête dans son cou. Toutefois, ce qui perturba Taehyung était ce que sa vision nocturne de Scarlange discerna sur la peau du jeune homme qui emprisonnait l'autre lorsqu'il releva la tête, la bouche entrouverte. De grosses veines noires saillaient sur son visage et dans son cou, tandis qu'une goutte de sang dégoulina au coin de ses lèvres.
Les yeux du Scarlange s'écarquillèrent et son souffle se coupa. Un Darkâme se tenait devant lui. Au moins un Darkâme vivait dans cette ville. Cette réalité le gifla brutalement. Il allait devoir faire très attention, il en valait de sa vie, sa peau était en jeu.
Les Darkâmes étaient les ennemis jurés des Scarlanges, et accessoirement leurs prédateurs d'une certaine façon. Une légende racontait que les Darkâmes étaient, à l'origine, des Scarlanges déchus. On racontait qu'un jour, une partie de la communauté des Scarlanges en avait eu assez de dédier leur vie à protéger l'humanité du monde des profondeurs et s'étaient coupé les ailes pour se libérer de leurs devoirs, devenant les créatures qu'ils sont aujourd'hui. Mais une telle hypothèse restait peu probable. En effet, premièrement, cela signifierait que les Darkâmes naissaient en tant que Scarlanges et qu'on leur arrachait les ailes, mais aucun d'eux ne possédaient de cicatrices sur leurs omoplates. Pourtant, derrière les légendes n'existait-il pas une certaine vérité ?
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Bleeding Scars [Vkook]
Fanfiction"Mais ce dimanche, lorsqu'il entra dans l'établissement, son cœur rata un battement et s'emplit d'effroi. Un garçon, accoudé au comptoir, tourna les yeux vers lui en entendant la clochette. Son regard le transperça et le paralysa. Rouge sang." Une p...