Bleeding Scars [Vkook]

18 -The Mood For Love

Son oncle et Hoseok avaient tous deux quitté la chambre, y laissant les deux jeunes hommes pour qu'ils se reposassent. Taehyung regardait le plus jeune toujours inconscient. L'infection avait été soignée et les marques noires avaient complètement disparues à son plus grand soulagement.

Il avait eu tellement peur en comprenant que ce qui s'était développé dans l'organisme du jeune brun n'était autre que sa propre blessure. Peut-être que les Animus avaient un pouvoir curatif qui transférait les maladies ou les blessures dans leur propre organisme. Après tout, son oncle lui avait bien précisé qu'il ne savait encore que peu de choses sur eux. En tout cas, cette capacité, quelle qu'elle était, était effrayante : Jungkook avait beau eu la faculté de le sauver, il ne semblait pas capable d'éradiquer lui-même l'infection par les griffes de Darkhâme et n'était donc alors qu'une sorte de réceptacle ou d'hôte qui l'avait accueillie. Quel était l'intérêt de posséder ce pouvoir s'il ne pouvait le guider qu'à la mort puisqu'il ne pouvait pas se débarrasser du mal après l'avoir récupéré ? En fait, cette capacité ressemblait fort à celle qui permettait à un Scarlange d'éliminer quelqu'un en donnant sa vie. Mais si celle des Scarlanges prenait une vie, celle des Animus en sauvait une ? Était-ce ainsi ? Ou alors, peut-être qu'il possédait bel et bien le pouvoir de se soigner lui-même jusqu'à un certain point mais qu'une blessure due à des griffes de Darkhâme était tout simplement hors de sa portée. Après tout, pour qu'il soit encore vivant jusqu'à ce jour en ayant supporté l'infection il devait bien avoir endigué le mal jusqu'à une certaine mesure. Parce que la blessure d'origine était bien trop grave pour qu'un organisme humain ne la supportât, et Jungkook en demeurait un.

Taehyung espérait que cette deuxième possibilité était la bonne. Une faculté sacrificielle était bien trop terrifiante.

Alors Taehyung repoussa toutes ces pensées sombres. Ces pensées terrifiantes. Il les balaya d'un revers de main. Pour qu'elles se dispersassent et s'évanouissent dans le vide. Il lui semblait qu'à tout moment elles allaient refermer leur prise sur son ami et l'emporter. Loin. Très loin. Il ne pouvait pas leur laisser prendre consistance. Le garçon autorisa juste son regard à s'oublier sur la figure endormie du brun. Ses traits paisibles en cet instant pouvaient tout évincer. Et les nuages sombres de son cœur s'évaporèrent. N'y laissant qu'un ciel bleu. Dégagé. Clair. Pur. Pourtant il n'était pas vide. Il était Couleur. Son cœur était Flamme Bleue. Douce et chaude. Et dans ses yeux, elle danse. Elle parle. Et il y a quelque chose qui valse au bout de ses lèvres. Quelque chose qu'elles veulent souffler, qu'elles veulent révéler. Mais il ne sait pas.

Il laissa le souvenir de la voix faible à son réveil résonner dans son être. Elle était plus belle qu'il ne l'avait imaginée. Il voulait s'en imprégner à jamais. De peur qu'à nouveau le silence se fît maître sans qu'il pût encore une fois en entendre le son. Il voulait la faire vivre en lui et que jamais elle ne s'effaçât pour qu'elle le berçât à chaque instant. Le jeune homme se demanda comment une simple syllabe pouvait à elle seule être tout un monde. Il savait seulement qu'elle était son monde à lui. Tout comme l'endormi tout entier.

Lorsqu'enfin les yeux du garçon papillonnèrent, Taehyung retint son souffle. Et sursauta lorsque le brun se redressa brutalement et que son prénom frappa ses tympans, au son duquel son cœur devint fou.

Il vint s'asseoir devant lui en le prenant par les épaules pour le faire revenir à la réalité. Le regard désespéré de Jungkook se posa sur lui, transperça les yeux vermeils. Pour ne plus les lâcher. Et se remplir de larmes. Ses mains affaiblies montèrent lentement, en tremblant, jusqu'aux joues porcelaines du plus âgé, envoyant mille et une petites étoiles le long de sa peau. Il voulait s'assurer que tout ceci n'était pas un rêve, s'assurer que le garçon n'allait pas disparaître sous ses doigts. Le jeune homme à la tignasse neigeuse ne dit rien, se contentant d'admirer chaque grain de peau du plus jeune, chaque détail dans ses orbes sombres embuées.