Bleeding Scars [Vkook]

21 - Make It Right

  Eût-il été sous sa forme matérielle, l'univers tout entier aurait pu voir la teinte aussi vive que douce de ses deux pommettes relevées par son ineffaçable sourire depuis qu'il s'était laissé allé aux bras de Morphée, bien au creux de l'étreinte du Scarlange.

Son spectre dansait, et chantait son âme.

Euphorique, dans la maisonnée endormie, où sa fleur de bonheur semblait éclore en pétales arc-en-ciel.

Assis dans un coin de la pièce, il se regardait dormir avec le jeune homme à la tignasse nivéenne. Lovés l'un contre l'autre. Lui tirant un sourire rayonnant. Mais bientôt, n'y tenant plus, il s'approcha pour s'allonger sur le matelas. En se disant avec amusement que deux Jungkook entouraient le garçon endormi, il redessinait avec délicatesse les courbes de son dos nu, la naissance de ses cheveux dans sa nuque et les jolies mèches immaculées.

Il se sentait bien. Serein. Tellement mieux que lorsque avait débuté la discussion. A se repasser en boucle les événements qui avaient eu lieu avant de sombrer dans le sommeil...

...Il resta médusé. Les yeux écarquillés. La féerique et intense couleur rosée de l'aurore s'éveillant sur ses joues. Et les pas impétueux sur un rythme endiablé tambourinant dans la poitrine. Le toucher mirage des lèvres du garçon sur l'infime parcelle de sa peau, à l'extrémité de son nez, persistait encore, caresse fantasmagorique de tendresse.

Incroyablement doux. 

Tant dans le geste en lui-même, que dans la réponse qu'il signifiait. Tellement qu'il semblait faire monter en lui un profond sentiment de bien-être, de chaleur rassurante et d'amour. Un geste qu'il accompagna d'un second, en déployant deux longues traînées de plumes, pour venir envelopper son protégé de l'une d'elles.

Et c'était tout ce dont il avait besoin.

Après tout ça.

Après s'être torturé pendant si longtemps de cette culpabilité tenace qui lui avait collé à la peau, et qui s'était imprimée dans chaque pore de son corps, au fur et à mesure que le temps passait, aux côtés du garçon à la tignasse neigeuse.

Il avait envie de pleurer. Encore.

Tout relâcher. Laisser courir le flot de la rivière, qu'il se déversât, qu'il s'éloignât, qu'il fuît son cœur trop inondé, d'une tristesse et d'une souffrance trop lourde pour lui. Tout évacuer.

Et permettre à ces nouvelles émotions ensoleillées de l'envahir complètement.

Il le couvait toujours. De son regard précieux. Éclatant. Qui lui était devenu si familier. Gorgé d'un trop plein qui ne souhaitait qu'être libéré, lui aussi.

« Ne te retiens pas. »

Aussi, il n'en fallut pas plus pour qu'il laissât le fleuve aller.

C'était vrai. Pourquoi le retenir ? Il ne lui manquerait pas une fois que la source serait épuisée, il sentait le poids des océans s'écouler, loin, très loin, et cela le fit sourire derrière la cascade. Il aimait le sentiment de ses eaux noires qui prenait le large. Et il aimait surtout la douceur du soleil rubis qui venait raviver son être qui n'avait que trop transi sous les litres abyssaux et glacés de la peine, des remords, et de la douleur.

Il aimait les doigts qui s'entrelacèrent aux siens au creux du silence cotonneux, alors qu'une autre main s'était échouée sur sa hanche et le bas de son dos pour tracer des arabesques frissonnantes sur sa peau, l'apaisant. Sous l'ombre de l'aile déployée autour d'eux dont les si belles plumes soyeuses venaient l'effleurer avec une délicatesse sans nom.