Shadows [ Terminée - En correction]

2.

-Aria... murmure Samuel, en tendant la main vers la jeune fille.
-N'avance pas.
La voix de la rousse vient de claquer. Froide et sèche.
Le jeune homme semble se reprendre, et c'est le visage sérieux, et la voix ferme, qu'il parle :
-Il faut te soigner.
-Ce n'est pas la peine.

Le mètre qui les sépare se transforme en gouffre. Samuel enchaîne tout de même, tentant de conserver son calme face à l'entêtement et la froideur d'Aria :
-Ne soit pas stupide. Tu as encore mal. Et ces plaies sont affreuses ! s'exclame-t-il d'un ton un brin agacé.
-Tu ne sais rien de ce que je ressens. Alors ne te prononce pas, s'il te plaît. Je n'ai pas besoin de ta compassion, encore moins de soins, d'accord ?

Elle sait qu'elle est trop glaciale, trop sèche. Mais elle n'arrive pas à réagir autrement.
-Tu n'étais pas censé voir ces blessures. Personne n'est censé les voir. Ou savoir. Ça ne regarde que moi.

Le blond recule d'un pas devant sa véhémence. Il voit son regard se teinter d'un brin de... tristesse. Et l'expression de la jeune fille devient lasse. Elle se laisse tomber, assise, sur le lit, en se passant une main sur le visage.
-Tu ne comprends pas. Tu ne peux pas comprendre.
-Pourquoi est-ce que tu veux avoir mal ?

La voix adoucie, il avance à nouveau d'un pas. Elle secoue la tête, les yeux obstinément baissés vers ses genoux, ses cheveux roux cachant une partie de sa figure.
-Je ne veux pas avoir mal.
-Alors viens avec moi. On a une super infirmerie en plus.

Aria relève le regard, pour le planter dans celui du jeune homme. La couleur s'en est assombrie. Son expression est aussi déterminée que sa voix :
-Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort.

Samuel sourit, un peu désespéré, mais continue de parler avec douceur :
-Je suis d'accord avec toi. Mais ça ne signifie pas pour autant qu'il faut accepter d'avoir mal. Laisse-toi aider, s'il te plaît.
Il lui tend la main. Attendant sa réponse.
Aria murmure, baissant à nouveau les yeux sur ses mains. Incapable de soutenir le regard rempli de compassion de Samuel. Ni son sourire. Ni cette main tendue. La première à laquelle elle a droit. Enfin, de quelqu'un d'autre que son père.

-Je voudrais éviter que tout le monde le sache.
La jeune fille a toujours préféré la discrétion, peut-être par habitude ou manque d'autre choix à faire.

Sa voix hésitante fait apparaître un sourire doux sur les lèvres de Samuel, qui prend quelques secondes pour réfléchir.
-Je connais un fils d'Apollon. Il pourra te soigner, et c'est mon meilleur ami. Il ne dira rien si je le lui demande.

Elle relève doucement la tête, ses cheveux masquant une partie de sa figure. Mais son expression s'est un peu adoucie. Cependant, sa voix conserve un peu de méfiance. Comment faire confiance à des gens que l'on connaît à peine quand on a été seul presque toute sa vie ?

-Il ne me connaît pas. Même s'il te fait confiance, comme peux-tu être sûr qu'il ne demandera pas autre chose en échange ?
Elle l'entend soupirer, et le voit se passer une main sur la nuque.
-Tu n'as pas l'habitude de nouer des relations, pas vrai ?