Shadows [ Terminée - En correction]

15.

Aria retourne auprès des autres après avoir quitté Samuel. Elle a compris son erreur, et ne la reproduira pas.
Alban et Sadia affichent des mines inquiètes, mais l'expression calme de Chiron a le don pour apaiser la jeune fille.
-Ça ira pour Sam, dit-elle pour devancer les interrogations des deux adolescents.
Et elle ajoute en se tournant vers le centaure :
-Quand puis-je faire une offrande ?
- Si tu le souhaite, dès ce soir, le temps de rassembler les éléments nécessaires. Au crépuscule, quand tout monde aura dîné, on s'installera dans l'amphithéâtre.

La rousse lui jette un regard surpris. Il veut le faire en public ?
-Je sais que ça te déplait, mais cela fait partie de la Quête, et c'est important pour chaque membre du camp.
Même si elle n'adhère pas à l'idée, elle hoche la tête. Il connaît bien mieux les jeunes et le camp qu'elle, alors Aria le laisse gérer sans protester. Elle prendra sur elle. Elle en est capable.

Rien ni personne ne l'empêchera de protéger son père.

-Très bien. Retrouve-moi ici après le dîner, vers...
Il consulte sa montre avant de répondre, prenant quelques instants pour réfléchir.
-Vingt heures. Ça me laissera le temps de t'expliquer comment tu vas réaliser l'offrande.
La fille d'Hadès acquiesce, avant de se sauver à peine Chiron leur a fait signe de partir, sans attendre Sadia ni Alban.

Elle se précipite vers son bungalow. Son sac à dos n'est pas défait, les jeunes ayant choisi de se dépêcher pour aller voir le centaure. Elle range rapidement ses affaires avant de se laisser tomber sur le lit.

La rousse ferme les yeux. Les derniers jours l'ont épuisée, mais elle ne se sent pas capable de dormir. De nouveaux cauchemars sont venus s'ajouter à ceux dont elle avait l'habitude, à chaque fois qu'elle s'endort. Ses heures de sommeil sont ponctués de réveil qui la plonge chaque fois dans un malaise qui met un temps fou à se dissiper.

Ses pensées vagabondent. Aria leur laisse libre court. Elle a besoin de faire le point.

Voir Sam près de l'arbre de sa soeur l'a touchée, mais constater qu'il se sent si impuissant a fait du mal à la jeune fille. Elle n'a jamais eu l'habitude de vivre avec des gens, mais sa souffrance à lui la rend triste.
Ce qu'il a dit, l'idée de le décevoir la rend triste.
Sa fragilité la fascine. Il a des blessures secrètes, des failles. Sans doute autant qu'elle.

Et l'idée qu'il l'apprécie plus que de raison la rend malade. Parce qu'elle n'a pas le droit d'aimer qui que ce soit. L'abandon qui en résulte n'est pas instantané, mais il est inévitable. On a toujours fini par lui tourner le dos à chaque fois qu'elle s'est attachée.

Même sa mère l'a abandonnée. La femme qui l'a mise au monde. Il a suffit de cinq ans pour faire céder l'amour maternel. Un jour, elle l'a laissée, dans un cimetière, seule.
Aria ne lui en veut pas. L'amour mortel le plus fort ne peux lutter contre les malédictions des dieux.

La jeune fille met du temps avant de se rendre compte qu'elle pleure, mais choisit de laisser court à ses sanglots. Elle est seule, personne ne la regardera avec pitié. Elle n'a plus envie de se retenir. Elle n'y arrive plus.