Chapitre 2

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Pour ce qui est de la patience et du sang froid, disons que ça peut dépendre des situations

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Pour ce qui est de la patience et du sang froid, disons que ça peut dépendre des situations. Et dans la situation présente, je ne maîtrise pas du tout...



J'étais en train de filer un mari que l'on suspectait d'être infidèle. Sa femme avait trouvé une carte avec seulement un numéro de téléphone et un baisser laissé par une trace de rouge à lèvre couleur sang. Elle s'était aussi rendue compte que tous les vendredis sans exception, il revenait tard du travail, des heures supplémentaires, disait-il.

J'avais suivi cet homme dans la cinquante jusqu'à un hôtel. Je l'avais vu demander une chambre à la réception puis il était monté seul. J'avais attendu au bar qui avait vue sur le hall pour voir ce qui allait se passer. Je supposais qu'une magnifique blonde demanderait sa chambre et espérais pouvoir les prendre en flagrant délit en ressortant de l'hôtel. Mais rien. L'homme était ressorti seul une heure plus tard, exactement le même, l'allure discrète dans son trench gris, l'humeur un peu maussade. Le vendredi suivant, la même chose se passa au même endroit.

J'en avais fait le rapport à mon supérieur, Jo. On avait monté un scénario pour le prendre sur le fait. J'allais me faire passer pour une des employées de l'hôtel et frapper à sa porte pour voir ce qui se passait à l'intérieur et surtout avec qui. Grâce aux nombreuses connaissances de Jo, toutes féminines évidemment, on avait pu obtenir l'uniforme et le matériel des femmes de chambre. Je portais une de ces lunettes espionnes qui filment ce que le porteur voit. Jo, dans une des chambres de l'hôtel, verrait en direct ce qui se passerait dans la chambre sur un ordinateur et enregistrerait tout. Il nous resterait plus qu'à décortiquer les images prises par la suite.

Le plan semblait simple et sans danger.

La chambre que Jo avait pu avoir n'était pas au même étage que celle du mari suspect, en cas de souci il mettrait cinq minutes à me rejoindre. Mais cela ne nous avait pas semblé dérangeant.

Je suis actuellement devant la porte de la chambre. Je respire profondément et frappe à deux reprises. J'attends quelques secondes qui paraissent se transformer en minutes. L'homme ouvre. Je lui dis que je suis la femme de chambre et que l'on m'a dit qu'il avait demandé à ce que quelqu'un vienne. Il me scrute de la tête aux pieds. Un sourire s'esquisse sur son visage.

- Monsieur? Que puis-je faire pour vous?

J'en profite pour jeter un coup d'œil à l'intérieur de la chambre, je n'aperçois personne d'autre.

- Ahah... ils ont fait fort cette fois-ci! Le fantasme de la femme de chambre! Un peu vieille mais ces lunettes te donnent un petit air sévère, ce n'est pas pour me déplaire!

J'écarquille les yeux, je viens de comprendre. J'essaie de me rétracter au plus vite avant que ça tourne mal.

- Excusez moi, il me semble que vous faites erreur sur la personne, je lui réponds un peu sèchement.

- Viens par là toi, qui t'a donné la permission de répondre?! Erreur sur la personne, je ne pense pas avec ton rouge à lèvre de salope et ton air aguicheur! J'avais effectivement demandé quelqu'un, je suis un peu surpris mais ton personnage me plait bien finalement.

Il m'attrape brusquement par le bras, me tire vers l'intérieur avant que je n'ai le temps de réagir et referme la porte derrière nous. Le claquement violent me fait sursauter, je reprends mes esprits. Je réussis à libérer mon bras et recule d'un pas. Il n'a pas l'air de cet avis. La présence de l'homme jusqu'à maintenant effacée devient subitement autoritaire et menaçante.

En moins de cinq minutes, je me retrouve dos au mur, la chemise ouverte, soutient gorge relevé, les seins nus et les mains maintenues par la poigne de fer de ce cinquantenaire déchaîné.

Uniquement deux choses me viennent à l'esprit: "Merde, je vais y passer!" et "Jo, qu'est ce que tu fiches, pourquoi t'es pas déjà là?"

Je ferme les yeux et essaie de me défaire de son emprise en évitant de vomir en sentant son regard pervers sur ma poitrine. Mais pourquoi a t-il autant de force? Il met une main sur ma cuisse nue et remonte avidement jusqu'à mon entrejambe. Cette sensation qui pourrait être plaisante dans une autre situation, m'irise les poils de dégoût. Je me sens défaillir. Je n'aurai jamais cru perdre mes moyens. Je me sens faible. Je ne sais plus quoi faire. Je veux hurler. Les mots se bloquent dans ma gorge. Mon cœur s'emballe. Ma vue se brouille. Je ne peux plus réfléchir. Je panique.

On tambourine à la porte.

Mon agresseur est distrait et relâche un peu la pression qu'il exerce sur mes mains. Je reçois comme un électrochoc, mon cerveau fonctionne de nouveau. Je ne perds pas un instant, je tire et dégage une de mes mains pour finir par lui coller mon poing dans la figure. Je remets plus ou moins mes vêtement en place et m'écarte de ce pervers qui saigne maintenant du nez. J'ouvre la porte, c'est Jo.

Mon collègue ouvre de grands yeux ronds quand il voit dans quel état j'ai mis l'homme. Il me regarde à mon tour et scanne mon apparence défaite. Il entre dans la chambre pour venir se dresser entre nous deux. Je me demande s'il se sert de son corps comme bouclier afin de me protéger des assauts de cet homme vicieux ou, à l'inverse, pour que je ne puisse pas finir ce que j'ai commencé.

- Monsieur, il me semble approprié d'avoir une discussion.

Le mari infidèle de notre cliente, pervers et agresseur sexuel, ne se laisse pas faire et essaie de nous mettre à la porte. Son attitude change rapidement quand on lui parle de sa femme, du fait que nous avons tout filmé et que l'on a assez de preuve pour porter plainte et le faire inculper. Il nous explique qu'il m'avait prise pour une des call girls de l'agence dont il utilise les services tout les vendredis dans cette chambre. J'écoute Jo marchander tout en restant en retrait. J'ai beau être forte et prendre sur moi, ces quelques minutes de pure horreur me glacent encore le sang. On lui fait écrire et signer des papiers déclarant qu'il trompait sa femme et qu'en cas de divorce il lui céderait tout. Apparemment, il aurait un poste important et désire éviter tout scandale.

En moins d'une demie-heure notre mission est finie. Nous ressortons de la chambre aussi rapidement que possible. Dans le couloir, nous croisons une créature de rêve habillée d'un tailleur ultra sexy en cuir, de talons d'au moins quinze centimètres et avec de longs cheveux tirés en chignon, et approchant certainement à peine de la vingtaine d'années. Un petit sourire nerveux se dessine sur mes lèvres.

Les aventures de Fauve commencent!

L'amour?... Non merci.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant