L'amour?... Non merci.

Chapitre 28

Je vois que mes dernières paroles le font paniquer. Ses yeux deviennent fuyants, il se redresse et triture ses doigts. Je m'empresse de continuer avant qu'il ne se referme totalement.

- Si vous me voulez réellement aucun mal, c'est que vous avez agi par impulsion, n'est ce pas? En fait, vous et moi, on est pareil. L'être que l'on pensait aimer nous ment et nous trompe. C'est pour cette raison que je vous ai suivi. Je voulais simplement vous parler mais je n'ai pas oser... Je n'ai pas osé vous aborder pour vous parler de mon amour brisé. Vous comprenez?

Je guette sa réponse.

J'ai l'impression d'être dans une partie de poker dont l'enjeu n'est autre que ma vie. J'espère que mon bluff est réussi et paraître inoffensive à ses yeux. Le visage de mon adversaire n'exprime aucun état d'âme, aucun indice. La seule chose que je pourrai dire c'est qu'il semble réfléchir, le regard vague.

Je me suis peut être trompée. Je le croyais amateur et manipulable. J'ai mal interprété son comportement. Je vais finir avec une balle entre les deux yeux pour être assurer de mon silence. J'en sais beaucoup trop à présent. Je suis certaine que Simon, l'homme qui me toise de toute sa hauteur, est la personne coupable du vol d'informations. Suite à la conversation téléphonique, je sais aussi qu'il a été employé par l'associé du grand patron de Roxane, un certain Monsieur Delorme. Cette affaire est plus complexe qu'on le pensait. Et c'en est fini de moi.

J'aurai dû prévenir Jo que j'avais reconnu l'homme de la photo. Il m'aurait posé des questions, je lui aurai avoué avoir enquêté sur lui, on se serait disputé. Il serait sans aucun doute furieux contre moi et déçu de mon comportement mais, au moins, on aurait eu une chance de se réconcilier. J'aurai peut être pu de nouveau me blottir dans ses bras réconfortants, avoir un dernier baiser. Il n'en est rien.

Je vais mourir aujourd'hui, seule, dans cet entrepôt abandonné.

Je ne peux m'empêcher de fermer les yeux et laisser perler une larme. Je suis lâche. Je suis faible. Je regrette d'avoir agi de cette manière, je m'en veux aussi d'avoir échoué. Est ce que Jo me le pardonnera?

- Allons, arrêtez de pleurer. Croyez-moi, votre copain ne vous trompe pas.

J'ouvre de grands yeux ébahis.

- Qu... quoi?

Il m'a cru?

- Je vous le répète, Roxane et lui ne couchent pas ensemble.

J'essuie mes larmes comme je peux avec mes mains attachées et attends qu'il développe de lui-même.

- Je dois avouer que vous avez raison sur un point...

Je suis suspendue à ses lèvres.

- ... j'aime cette blonde infernale.

J'en reste pantoise, la bouche ouverte.

- Mais si je les suivais, ce n'est pas absolument pas pour les mêmes raisons que vous.

- Vous voulez dire que vous êtes bien en couple avec cette femme, que vous l'espionnez alors que vous savez qu'elle ne vous trompe pas? Comment pouvez vous en être sûr?

Ça signifierait que mes doutes se confirment, Roxane serait sa complice.

- Oui, enfin non, on était en couple...

Je remarque de nouveau un mouvement évident de nervosité, il se frotte la nuque de sa main droite en dirigeant son regard vers le bas.

- Et on ne l'est plus pour la même raison que...

Son explication est soudain interrompue par un vacarme d'acier. La vieille porte qui grinçait tout à l'heure est projetée contre le mur, ses gonds protestent sous la violence du choc et la porte finit par s'affaisser. Une tête couronnée de cheveux d'un blond lumineux fait irruption dans cet endroit oublié et délabré.

Roxane est là, arme à la main.

Je me fige. L'espoir de m'en sortir indemne s'envole avec l'apparition de ce bout de femme au regard de tueuse. Elle n'est pas venue pour discuter.

Elle marche d'un pas déterminé, lève son bras armé et pointe son revolver non pas dans ma direction, mais dans celle de Simon.

Je suis complètement perdue.

Pourquoi menace t-elle son complice? S'ils ne sont pas de mèche, comment peut-elle savoir où nous sommes?

Je profite de la confusion pour me rapprocher discrètement des morceaux de verre. J'en saisi un avidement avec comme seule protection un pan de ma chemise. J'entame plus ou moins la corde à mes chevilles et tire jusqu'à ce qu'elle se rompe.

- Bébé, qu'est ce...

- Ta gueule Simon. Bouge encore un doigt et je te tire dessus.

Les pieds libérés, je m'accroupis doucement, sans mouvement brusque. J'essaie également de couper les liens de mes poignets avec plus de difficulté, je m'entaille le doigt.

- Comment as-tu pu me faire ça, sale chien!

- Attends, écoute moi.

Une détonation assourdissante retentis et se répercute sur la tôle des murs à travers la pièce.

- Je t'ai dit de ne pas bouger! La prochaine sera pour ton genou.

- Okay, okay, désolé. Calme toi Roxane. Je vais t'expliquer.

Enfin libre de mes mouvements, je me relève. Je m'éloigne de la scène. Personne ne m'accorde d'attention. Je profite de cette distraction pour sortir le téléphone de ma poche arrière et envoyer un message à Jo à toute vitesse.

"Un entrepôt abandonné. Simon et Roxane présents armés."

- Comment veux-tu que je me calme après ce que tu m'as fait?! Ils croient tous que je suis coupable! Et toi, toi, tu m'as fait croire que tu m'aimais.

- Mais c'est la vérité! Certes au début, je me suis rapproché de toi pour récupérer les informations dont j'avais besoin mais je te jure que je t'aime maintenant.

J'ai à peine le temps de vérifier la situation que mon téléphone vibre dans ma main.

"2 min je suis en chemin"

- Arrête de me mentir et de vouloir me manipuler, tu ne sais pas à qui tu as à faire. Crois moi, tu t'es trompé si tu pensais que tu pouvais m'avoir aussi facilement. A genoux!

- Roxane, s'il te plait, écoute moi. J'ai essayé de te protéger. Plus tu réussis à t'innocenter, plus ils voudront te discréditer ou te faire taire par tout les moyens possibles. Tu es leur bouc émissaire parfait.

média: Roxane énervée et armée

Nous arrivons bientôt au dénouement de cette enquête. Les apparences semblent trompeuses. Roxane est innocente mais qu'en est-il de Simon? Est-il honnête? Est ce que Jo arrivera à temps avant que la situation s'envenime?