Chapitre 33

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Je n'ai pas l'occasion de prolonger ce moment précieux de questions/réponses, mon téléphone sonne.

Jo en profite pour s'échapper et fait mine de vérifier le sien.

Il ne perd rien pour attendre celui là... Je peux être très convaincante quand je veux. Et j'ai des arguments de taille sous la chemise que je lui ai empruntée...

Surprise de voir apparaître un numéro inconnu, je décroche néanmoins.





Qui peut bien me téléphoner à... quelle heure est-il?... quasiment 8h du matin? Certainement pas quelqu'un qui me connait.

- Oui, allô?

- Bonjour, vous êtes bien Madame Fauve Brieux?

Ah, j'avais raison, mais ça n'annonce rien de bon en général. J'espère qu'il ne s'agit pas de mes parents, pas encore.

- Oui, que puis-je faire pour vous?

- Je suis Ophélia de Chez Rosalie, je vous contacte pour m'assurer de votre venue ce weekend.

Perdue, je me gratte la tête par réflexe. Aucune réponse ne sort de ma bouche. Mon cerveau tourne à plein régime à la recherche d'une certaine Rosalie.

- Madame? Vous êtes encore là?

- Euh oui, désolée, je suis attendue chez Rosalie vous me dites?

- Et bien oui, je vois que vous avez une réservation de deux nuits pour deux personnes.

A ces paroles, une petite ampoule imaginaire s'allume dans mon esprit.

Jo s'agite soudain à la périphérie de mon regard. Il est, lui aussi, pendu à son téléphone et ses sourcils se froncent. Je le vois chercher ses chaussures et commencer à les enfiler.

- Allô?

- Excusez moi, oui, le weekend romantique dans le Pays de la Loire. Oui, je confirme notre présence. Je suis désolé, je vais devoir vous laisser. Merci de votre appel, à bientôt Ophé... Ophélie.

Ma conversation interrompue à la fin de ma tirade, je me rapproche de mon homme et le questionne. Les seuls mots compréhensibles dans sa réponse marmonnée ont été "Roxane", "divorce" et "Tristan ivre". Inutile de forcer les choses, je pars à la recherche de ma jupe et mes baskets qui feront bien l'affaire avec sa chemise blanche. A peine mes lacets noués que je dois me précipiter à la suite d'un brun soucieux et râleur.


La voiture passe de la file de droite à celle de gauche et grogne comme un avertissement au conducteur trop prudent et trop lent. Effrayée par tant de nervosité, la petite Fiat 500 se décale dès que possible. Le feu orange ne semble pas impressionner le conducteur brun au regard presque noir assis à mes côtés. Loin de faire la maligne, je ne fais plus qu'un avec mon siège au rembourrage confortable. Aucun son ne filtre dans l'habitacle, seuls les vrombissements du moteur résonnent.

Garés à la va-vite devant le siège social de l'entreprise de consulting Tristan Renand, je m'extirpe du véhicule de Jo. Je le suis du mieux que je peux à travers les couloirs. Les regards alertés des secrétaires de direction nous scrutent avec intérêt et soulagement. Mes pas se stoppent net devant les portes du bureau du grand patron. Des éclats de voix féminins et masculins se mêlent à des bruits de verre brisé.

Mon détective carre les épaules, respirent profondément et ouvre la porte sans plus d'hésitation.

- Ah! Le voilà... le fils prodige est arrivé!

Tristan, debout devant son bureau où règne le désordre, s'exclame en postillonnant et en écartant les bras d'une façon théâtrale. Il a l'air d'avoir beaucoup trop bu, il est complètement différent de l'homme tout en contrôle que j'ai pu rencontrer.

L'amour?... Non merci.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant