Chapitre 25

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- Venez donc, entrez dans la chambre, je dois attendre les résultats et l'autorisation du médecin avant de rentrer. Nous avons du temps pour discuter. Ma fille n'arrête pas de me parler de vous et en deux ans nous nous sommes à peine croisés.

Le rouge aux joues, le regard suppliant et les sourcils froncés, je tourne le dos à ma génitrice encombrante et fais face à Jo. Égal à lui-même, son sourire charmeur et son air assuré, il me défit deux secondes avant de dire combien il serait enchanté de passer un peu de temps avec elle.

Seigneur, aidez-moi!





Je n'ai jamais été aussi gênée de ma vie.

Ma mère a parlé de mes "problèmes amoureux" à Jo. Heureusement, elle ne savait pas la moitié de mes histoires de cœur. Elle s'est quand même délectée de lui raconter la fois où j'ai fait pleurer mon camarade de classe en primaire en lui disant que je ne l'aimais pas, de mon abruti de petit-ami qui m'avait larguée à la fac, ou encore de cette histoire avec l'architecte marié et infidèle qui m'a fait douter de moi.

Et dire qu'elle pensait qu'il n'est que mon patron, elle a dû deviner qu'il est plus que ça en nous voyant ensemble un dimanche, enfin j'espère qu'elle ne raconte pas ma vie au n'importe qui.

Ils ont bien ri tout les deux en disant que j'étais déjà un vrai bourreau des cœurs quand j'étais petite. Mais l'ambiance a pris un ton plus grave au moment où elle s'est intéressée à sa vie sentimentale, à lui, l'homme mystérieux. Il a été très bref en disant qu'il avait vécu une période douloureuse mais que dorénavant s'était de l'histoire ancienne. Pas si ancienne que ça, je me suis dit en pensant à notre discussion post-coïtale et au retour de la magnifique blonde dans sa vie.


- Tu me fais un peu de place?

Je relève brusquement la tête de la mousse qui danse sur mes genoux, sors de mes pensées et me décale dans la baignoire. Il s'installe derrière moi et passe ses longues jambes de chaque côté des miennes. Je me rallonge sur son torse et soupire de bien-être. Je suis dans un cocon protecteur, entourée du corps de mon mâle et de cette merveilleuse mousse aux senteurs florales. Je  n'aurai pu rêver mieux pour finir ce weekend infernal.

- Alors comme ça, déjà gamine tu brisais des cœurs?

- J'étais sûre que tu allais en reparler. Ma mère ne peut pas garder ce genre de détail croustillant pour elle. T'imagine si elle était au courant pour Christian, elle aurait été capable de dire que je l'ai rendu fou d'amour pour moi!

- Ne me reparle pas de ce connard. Si je le vois encore une fois, je ne réponds plus de rien.

Je me retourne pour lui faire face. Il n'a pas l'air de plaisanter avec son visage fermé, sa mâchoire crispée et ses poings serrés.

Je pose une main sur son épaule pour l'apaiser.

- Détends toi, qu'est ce qui se passe?

- Je ne supporte pas qu'un homme lève la main sur une femme. Quand je repense au soir de votre rupture, tu pleurais tellement que tu ne pouvais pas t'arrêter, tu avais la lèvre en sang... rien que d'y penser ça m'énerve.

- N'y pense plus alors, c'est du passé, maintenant, je suis avec toi.

- En le voyant te tenir par le bras devant le club, j'ai cru devenir fou. J'ai cru revivre...

Il s'arrête, la voix nouée. Il semble bouleversé.

Je passe mes bras autour de son cou et me penche sur ses lèvres. Notre baiser est doux, réconfortant, apaisant.

L'amour?... Non merci.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant