Chapitre 24

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- Pour moi aussi ça fait longtemps. Ce que nous vivons me rappelle une époque où j'étais jeune et insouciant, peut être stupide aussi. Ça me rappelle l'époque où Célia était encore en vie.

Il termine sa phrase dans un murmure, comme s'il parlait pour lui-même.

J'ai entendu distinctement, il a dit son prénom, Célia.





- Célia?

Il me regarde, surpris du mot que je viens de prononcer.

- Tu viens de dire ce prénom. C'est aussi une de tes amis d'enfance comme Roxane?

- Euh... oui, enfin non, était une amie et même plus. Elle est morte. Je...

Il n'a pas le temps de m'en dire plus qu'il se fait couper par la sonnerie de mon téléphone portable. Je laisse sonner et me tourne vers lui pour lui signifier que je l'écoute plutôt que de répondre. La sonnerie se coupe et reprend de plus belle.

- Tu devrais répondre.

- Je m'en fiche de ce stupide téléphone, tu étais en train de me dire quelque chose qui semble important pour toi.

Il me fait un sourire timide et des plis apparaissent sur son front. Quoi? Je décode pas.

Une autre sonnerie retentis, cette fois cette obstination m'interpelle. Qui peut bien s'acharner autant à me contacter? A part ma mère ou Sandy, je ne vois pas. J'ai un mauvais présentiment. Je me dirige à grandes enjambés sur le téléphone.

- Oui? Allô?

- Ah Fauve! Enfin tu décroches! J'ai cru que je n'arriverai jamais à te joindre.

- Papa, c'est toi? Qu'est ce qui se passe? Tu as l'air stressé.

- Stressé et oui ma fille, ta mère est à l'hôpital et tu n'as pas répondu de la matinée!

Cette nouvelle est comme un coup à l'estomac qui me coupe la respiration. Ma mère, à l'hôpital? Pourquoi? Est ce qu'elle a eu un accident? Est ce que c'est grave? Pourquoi est ce que je n'ai pas répondu plus tôt? Oh non, j'espère qu'elle va bien!

Une main apaisante me frotte le dos, je reprends le fil de la conversation.

- Qu'est ce qu'il s'est passé? Dans quel hôpital êtes-vous? J'arrive tout de suite.

Il me dit en quelques mots que ma mère est tombée dans la cuisine à cause du sol mouillé et s'est fracturé le poignet. Il m'a aussi donné le nom de l'hôpital où elle attends encore de terminer tous les examens qu'ils lui font. Elle aurait pu se faire beaucoup plus mal, apparemment elle se serait cogné la tête aussi.

Jo a compris ce qui se passait en entendant notre conversation. On se dépêche de s'habiller. Il prend ses clés de voiture, nos vestes, je n'oublie pas de refermer mon appartement et nous voilà parti.

J'espère que ce n'est pas trop grave, qu'ils ne vont rien lui trouver de plus. Si ça se trouve, elle fait une hémorragie interne à cause du choc à la tête et personne ne s'en est rendu compte. C'est possible ça? Oui, je crois que je l'ai vu dans une série télé. Mais qu'est ce que je raconte?

Je cherche des yeux celui qui a bien souvent été mon soutient psychologique dans des moments pareils depuis deux ans, depuis le moment où nous nous sommes retrouvés.

Il conduit mais doit sentir mon regard et mon angoisse parce qu'il pose sa main sur ma cuisse et la presse doucement. Une larme de stresse et de soulagement de ne pas être seule s'échappe.

Je pense à mon père, lui, il doit être seul depuis ce matin à attendre des nouvelles de sa femme. Une part de moi lui en veut toujours des blessures morales qu'il a pu infliger à ma mère. Mais il avait l'air désemparé au téléphone, je sais qu'il tient réellement à elle. Il sont mariés depuis 37 ans et ne se sont jamais quittés malgré ses infidélités.

L'amour?... Non merci.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant