Les Fantastiques (Tome 1) - L'Ombre dans le placard.

4 - Le monstre aux chaussettes

Alors que je sentais toujours le regard pesant des passants sur moi en m'asseyant à la terrasse du café Steven me rassura en me disant : " Ne t'inquiète pas. "

" C'est moi qu'il dévisage, pas toi. " continua-t-il en s' asseyant en face de moi. " On peut dire que je suis comme le fou du village. "

" Le fou du village ? Rien que ça. " lui dis-je en pensant qu'il se moquait de moi, retournant le couteau dans la plaie.

" Ouais, il parait que je suis " autiste ". Et tout ça uniquement parce que je passe mon temps le nez dans mes bouquins ou à écrire. Mais je ne suis pas le seul dans ce cad, apparemment ta famille aussi pense que tu es folle. " dit-il en se rapprochant de moi, comme pour me montrer que rien de ce que je dirais ne quittera cette bulle qui se forme tout doucement autour de nous, nous séparant du reste du monde.

" Ouais, je suis autiste aussi. Mais de toute façon les psys disent des trucs au hasard. En vrai ils ne savent rien de nos vies. "

" C'est clair. J'aime écrire et inventer des histoires, qui soit dit en passant ne sont vraiment pas mal, et juste pour ça je serai un timbré. Ils ne nous comprennent pas et sont jaloux. En tout cas c'est ce que me disais toujours ma grand-mère quand c'était trop lourd à supporter. "

" Ta grand-mère à l'air d'être quelqu'un de bien. C'est indiscret si je te demande ce qui lui est arrivé ? " dis-je plus bas, espérant peut-être qu'il ne m'entende pas.

" Non, pas du tout ne t'inquiète pas. Mon père l'a envoyé dans une maison de retraite il y a quelques années. D'après lui, elle perdait la boule. En fait elle était comme moi, elle adorait inventer des histoires. Mais un peu avant son départ ça devenait plus fréquent, elle en inventait des nouvelles tous les jours et elles étaient vraiment tirées par les cheveux. "

" Tu t'en souviens, parce que si tu t'en rappelles j'aimerais bien que tu me les raconte, elles ont l'air sympa. " dis-je dans l'espoir de passer encore un peu de temps avec lui et peut-être d'en apprendre un peu plus sur ce jeune homme si ensorcelant.

" Pas de souci. Je vais te raconter... humm, laisse-moi réfléchir. Qu'est-ce que je pourrais te raconter ? Ah oui, je sais. Je vais te raconter ... l'histoire du " monstre aux chaussettes ". "

" Le " monstre aux chaussettes ". " répétais-je avec un sourire moqueur. " C'est quoi ça ? "

En vrai j'avais vraiment envie de l'entendre, mais je fis semblant de trouvé cela ridicule et levais les yeux au ciel. Je ne crois qu'il l'ait remarqué puisqu'il continua, comme transporté par une force inconnue lui faisant briller les yeux.

" Le monstre aux chaussettes est un monstre, une créature. " commença-t-il avec une voix plus grave, sûrement pour me mettre dans l'ambiance. " Une créature digne des plus horribles cauchemars, et des plus effrayants films d'horreurs. Il est dit qu'elle vivrait dans ton manoir, d'ailleurs des anciens locataires l'ont vu, c'est d'ailleurs la raison de leur départ et du prix si bas. A chaque fois qu'elle a été aperçue c'était au deuxième étage dans l'aile est. Elle n'a pas vraiment de forme précise mais tous ceuf qui l'ont vu dise s'être retrouvé face à de la fumée noire. Elle s'attaque le plus souvent aux enfants. Ces enfants s'étaient réveillés au milieu de la nuit, vers minuit. Ils avaient entendu des bruits de pas et de mâchoires qui claquent et s'étaient levés par pur curiosité. Quand leurs yeux s'étaient enfin adaptés à l'obscurité ils avaient vu une petite lumière qui venait de leur placard. Prenant leur courage à deux mains, ils avaient ouvert la porte et... elle était là, dans le placard : l'étrange fumée noire qui s'ouvrait l'appétit en dévorant des chaussettes - d'où son nom -. Elle était tranquille mais là, elle avait été dérangée durant son repas et n'était pas de très bonne humeur. Elle leur avait lancé un regard. Un regard qui les avait paralysés sur le champ. Ses yeux s'étaient illuminés et les enfants avaient vu la fumée noire informe se mouvoir et prendre la forme de T-Rex, d'aliens, de robots géants, de leur maîtresse de CP, etc... C'était à chaque fois différent mais il y avait un point commun à chaque fois, c'était l'expression que l'on pouvait lire sur le visage des enfants : la peur. Ils étaient tous terrifiés. Leur cauchemar était là, devant eux, en chair et en os et pour combler le tout ils étaient paralysés. Lorsque leur cauchemar commença à avancer, en quête de nourriture - et cette fois ci de la chair fraîche - la parole revint aux enfants qui poussèrent un cri aigu qui auraient pu réveiller tous les morts aux alentours. D'ailleurs leurs parents avaient été réveillés et s'étaient précipités dans la chambre de leur enfant, où bien sûr la fumée avait disparu. Cette apparition se répétait et se répète toujours avec n'importe quel enfant, courageux ou non, grand ou petit et à chaque fois les parents ne croient jamais leur enfant. Pour eux ce n'est qu'un cauchemar, ... mais un cauchemar bien réel qui prendrait vie. "

Son histoire m'avait tellement donné la chair de poule, m'avait tellement prise aux tripes que ce n'est qu'au bout de quelques minutes que je pus enfin parler.

" Ouah ! C'est une histoire digne des soirées d'horreurs au coin du feu. Tu racontes vraiment bien : j'en ai des frissons. "

" C'est normal, c'est fait pour. "

" Et... et donc, c'est ta grand-mère qui t'a raconté ça. Mais ça ne t'a pas fait peur ? "

" J'avais six ans, quand elle me l'a raconté donc si. Ça m'avait tellement choqué qu'un soir j'ai même cru le voir un soir quand je dormais dans la chambre de gauche, chez elle. Mais ma grand-mère, elle, m'a cru, contrairement aux autres parents. Je pense que ça m'a aidé. Et toi tu en penses quoi de ce monstre ? " me demanda-t-il sûrement pour voir si son histoire avait eu l'effet escompté.

" Euh, et bien... je ne sais pas trop. C'est une histoire pour les enfants mais la manière dont tu la raconté m'a quand même fait un peu peur. Mais je pense que je vais pouvoir dormir ce soir. " dis-je, peux sûre de moi.

" De toute manière tu n'as rien à craindre : ce n'est qu'une histoire. " dit-il en souriant, ce qui, étrangement, ne me rassurait pas vraiment.

*****

Alors vous en pensez quoi de ce monstre aux chaussettes ? N'hésitez pas à commenter.

Sinon je suis de retour de vacances donc je reprends mon rythme de publication : un chapitre tous les dimanches.