Les Fantastiques (Tome 1) - L'Ombre dans le placard.

12 - Invisibilité

Précédemment : Au moment où je fermai les yeux pour me réveiller j'entendis un craquement, sûrement Laurian qui se levait lui aussi. J'ouvris les yeux et le vis effectivement devant moi. Mais il n'était pas dans ma chambre. Il était dans le jardin.
" Qu'est-ce que vous faites tous les deux dans ce jardin pourri à huit heures du mat'. "

En effet le soleil commençait à se lever à l'horizon et il n'y avait plus que Steven et moi dans le jardin, le satyre avait disparu. En regardant autour de moi pour vérifier ou il était et s'il avait réellement disparu je le vis caché dans un buisson. Laurian devait avoir des problèmes de vision parce que même s'il s'était caché sa tunique brune jurait avec le vert de la végétation. En plus ce n'était pas un jardin pourri c'était le jardin le plus magnifique que j'ai jamais vu.

" T'es aveugle ou quoi ? Il est magnifique ce jardin. " répondis-je à mon frère.

" Bien sûr si tu aimes les arbres morts et les mauvaises herbes. T'es vraiment bizarre. "

Steven et moi nous regardâmes. Des arbres morts ? Des mauvaises herbes ? Mais qu'est-ce qu'il voit au juste ? Les arbres ont plein de feuilles d'un vert magnifique et l'herbe est parfaitement tondue, sans mauvaises herbes. Au risque de paraître encore plus folle à ses yeux je demandai à Laurian s'il voyait la table et la chaise au pied du grand arbre.

" Oui, je les vois... "

Je fus rassurée pendant quelque instant : je n'avais pas d'hallucination.

" ... mais je ne m'y assiérais jamais. Je ne sais pas quand elles ont été lavées pour la dernière fois mais vu la couche de poussière, de feuilles mortes et de toile d'araignée ça doit remonter à au moins cent ans. "

Je replongeai instantanément dans la peur et dans l'incertitude. Steven me regarda une deuxième fois et me fit signe que lui non plus ne voyait pas ce que Laurian disait voir.

Et là je compris. Là où Steven et moi voyons un magnifique jardin, accueillant et confortable, Laurian, lui, voyait un horrible jardin, abandonnée et glacial. Je lancai un regard au satyre qui me sourit et me fit signe.

J'avais enfin compris. J'y croyais enfin. J'étais une Fantastique !

" Qu'est-ce que tu regardes là-bas ? " dit Laurian en regardant le buisson.

Je voulus détourner son attention pour laisser le temps au satyre de s'en aller mais il ne bougea pas. Au contraire il regarda Laurian droit dans les yeux mais celui-ci ne semblait pas le voir.

" T'es vraiment très, très, très bizarre. Tu devrais faire un truc parce que là ça fait peur. "

Laurian repartit dans la " jungle " et je me dirigeai vers le buisson.

" Il ne t'as pas vu. " dis-je au satyre.

" Non, ton frère est ce qu'on appelle un Iaque Nec Per. "

" Un Ia... euh... ça veut dire quoi au juste ? "

" Un Imbécile d'Adulte Qui Ne Croit Plus En Rien. Les Vénérables du Conseil ont aménagé les initiales pour les rendre plus cohérentes que juste I. A. Q. N. C. P. E. R. "

" C'est marrant ça : un imbécile d'adulte qui ne croit plus en rien. C'est tout lui sauf en ce qui concerne le côté " adulte ". Il se comporte beaucoup plus comme un gamin. "

" Par définition un gamin, comme tu dis, croit à la magie donc même pour quelqu'un comme ton frère on utilise le terme d'adulte. Au fait tu me crois maintenant ? "

" Ouais. Pour te croire, ça c'est sûr, je te crois. Tu peux me dire que le Père Noël et la Petite Sirène existent et qu'ils vivent tous les deux aux îles Caïman, je te croirai. "

Ma discussion avec le satyre s'arrêta là. Sylvia m'appelait pour que je parte au lycée. Je donnai donc rendez-vous au satyre et à Steven au même endroit, sous l'arbre, après les cours, pour en savoir plus sur ce Monde Magique.

Au lycée, durant les rares moments où je pouvais parler à Steven nous n'avions que le Monde Magique aux lèvres. Nous comptions les minutes jusqu'à la fin des cours pour revoir le satyre.

*****

Alors que pensez-vous de ce chapitre ? Des Iaque Nec Per ? Et d'après vous est-ce qu'un jour Laurian croira qu'Alix n'est pas folle ?

N'hésitez pas à me le dire dans vos commentaires et à me poser tout pleins de questions.

Bye bye mes lecteurs chéris.