1 - Solitude

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En ce moment, dans la voiture, Sylvia et Laurian étaient en grande discussion sur le lycée où j'irais avec Laurian. Comme le gros flemmard qu'il était Laurian essayait de gratter quelques jours de plus à la maison pour soi-disant " s'aclimater à cette nouvelle vie " et pour " ranger toutes ses affaires " -que des mensonges à mon avis -. Ils en riaient.

Ils riaient de ce changement. Ils riaient des lycées. Mais moi je n'avais pas envie de rire, j'avais plutôt envie de vomir rien qu'en pensant que j'allais me retrouver encore une fois dans un univers inconnu.

J'avais déjà supporter ça plusieurs fois donc autant dire que j'était une experte dans ce domaine. Dans tous les lycée où j'ai été - j'étais en seconde - certains élèves se plaignaient de moi. Et bien sûr ils inventaient des histoires, le plus souvent à dormir debout. Forcément, ils ne pouvaient pas juste dire que j'étais bizarre et que je leur faisais peur.

Mais du coup le directeur convoquait mes parents et rapportait ces histoires à dormir debout. Ils finissaient toujours leur discours par " vous comprenez bien, monsieur et madame Bilgan, que dans ces conditions nous ne pouvons garder votre fille dans notre établissement ".

En rentrant à la maison, je me faisais passer un savon. Lors de mes premiers renvois j'essayais d'argumenter, de leur dire que je n'avais rien fait, bref la réalité, mais au fur et à mesure j'avais abandonné. Je savais déjà très bien ce qui allait se passer : quoi que je dise à mes parents ceux-ci ne me croient jamais et me punissent.

Pour vous donner une estimation, en un mois j'avais dû faire environ quatre lycées. C'est mon record personnel. Donc forcément j'étais habituée à changer de milieux et à voir le regard des autres sur mes frêles épaules de nouvelle. Mais pourtant, j'avais toujours un grain d'espoir qui naissait en moi, une toute petite voix au fond de mon être qui me disait : " c'est bon, c'est ici, tu verras, tu te feras des amis et tu ne seras plus obligée de changer de lycée ". Mais elle se trompait.

Au final rien ne changeait. Je restais seule, en classe, au réfectoire, dans le bus, pendant les sorties. Tout le monde m'ignorait et me regardait de haut et du coup, par une suite logique, je finissait par être renvoyée et par rechanger de lycée. Pour vous donner une idée de l'immense vide social qu'est ma vie je n'ai eu qu'une seule amie, en maternelle, et encore cette soit disant amie m'avait volé mon doudou préféré.

En repensant à ces épisodes de ma vie assez douloureux, j'ai ressenti une forte envie de dessiner. Une coccinelle. Dessiner une coccinelle pour me calmer. Oui, c'est une bonne idée. Une coccinelle, c'est tout mignon, c'est tout doux. Le seul souci c'est que ma mère m'avait pris mes feuilles et mes crayons. Quelle bonne idée !

Mais c'était plus fort que moi, je vous ai bien dit que c'était devenu une obsession. Ma main faisait elle-même tous les mouvements. Sans vraiment m'en rendre compte, elle glissait sur mon jean, formant des arrondies, des boucles. Elle repassait plusieurs fois au même endroit et au final j'ai dû faire au moins dix coccinelles. On arrivait presque à la voir grâce aux traces d'usure présente sur mon jean.

Grâce à mes coccinelles j'avais pratiquement réussi à le calmer. Pour achever mon chemin sur la voie de la zénitude j'essayais de penser à mon prochain dessin, un vrai cette-fois, sur du papier et non sur mon jean. C'est à ce moment que Sylvia se décida à me parler. Je ne l'avais pas tout de suite remarqué, toujours dans mes pensées, et ne leva la tête que lorsque Laurian me donna une pichenette sur les genoux :

" Eh ! Ça ne va pas la tête ! T'es débile ou quoi ! " lui criais-je.

'' N'importe quoi c'est toi qui est sourde ! '' me répond-il sur le même ton.

'' Eh ! Calmez- vous tous les deux ! Alix je t'ai demandé si tu voulais prendre la chambre de gauche ou celle de droite ? ''.

'' Bein j'en sais rien. Je verrai comment elles sont là-bas. ''.

'' Sinon, pour le lycée, tu veux y retourner quand ? ''

Je ne voulais pas parler du lycée et surtout je ne voulais pas y retourner. J'aurais bien voulu lui répondre " jamais " mais j'étais sûre que Sylvia allait mal le prendre et qu'elle allait encore me dire qu'il faut être social, que je me ferai des amis, que je devais faire des efforts, et plein d'autres phrases bateau qu'elle me sort à toutes les sauces.

'' Ah ! Tiens, voilà on entre dans Mistreria. ''

Bizarrement j'avais hâte d'arriver au manoir. Mais pas pour le visiter, je voulais juste partir en courant pour aller m'asseoir quelque part et dessiner.

Je commençais à compter les secondes, les minutes et même les maisons me séparant de ma libération prochaine. Etonnamment, elles étaient toutes immenses et imposantes. Je pensais que l'on avait été privilégiés avec l'achat de ce manoir mais finalement cela semblait assez commun ici, d'habiter dans une telle demeure.

Au moment où la voiture s'engagea dans l'allée et où les pneus crissaient sur le gravier, Sylvia et Laurian poussèrent toutes sortes de cris de stupéfactions. Il y avait des " oh ! ", des " ah! ", des " c'est magnifique ! " qui se bousculaient dans la voiture formant alors une espèce de brouhaha de manifestation de joie.

Alors que Sylvia et Laurian étaient aux anges, moi je voyais ma peur devenir réelle : le manoir ressemblait vraiment à ceux des films d'horreurs et pour combler le tout le jardin était abandonné et ressemblait plus à une forêt qu'à un jardin. De quoi faire des cauchemars pendant au moins un an !

*****

La fin de mon premier chapitre ! Je vous ai décrit un peu plus Alix et j'espère que vous la centrer un peu mieux.

Est-ce que comme moi vous êtes excités à l'idée que la nouvelle vie d'Alix va commencer ?

Sinon désolé pour le nom du chapitre je suis un peu nul pour ça.

N'hésitez pas à commenter et à me donner des idées pour les noms des chapitres.

Les Fantastiques (Tome 1) - L'Ombre dans le placard.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant