Tout quitter pour tout changer

Chapitre 19

CHAPITRE XIX

« Je suis amoureux de toi »

La brise du vent frais envahissant les poumons de Clarke la relaxe immédiatement. Un calepin sur les genoux et un stylo dans la main, elle tente difficilement de trouver l'inspiration qui se fait attendre ces temps-ci. Le rythme qu'elle avait réussi à prendre après le décès de sa mère a été bouleversé à partir du moment où Bellamy a décidé de mettre une distance entre eux à laquelle elle n'est absolument pas habituée. Tous les deux c'est tout ou rien : s'embrasser fiévreusement sur les toits ou être pratiquement des inconnus l'un pour l'autre. Cette situation, aussi frustrante soit-elle, Clarke l'a déjà vécue pendant plusieurs mois qui étaient très certainement les pires de sa vie. Cependant, c'était son choix et il le respectait, il savait très bien qu'elle avait besoin de temps pour arriver à lui pardonner les atrocités qu'il avait dites. Le problème, c'est qu'elle n'a absolument pas la moindre idée de la raison qui pousse Bellamy à agir comme si elle était juste sa colocataire. Elle ne compte plus les multiples fois où elle a tenté de lui parler, de lui demander pourquoi est-ce qu'il semble la haïr à ce point, mais devant son indifférence, ses émotions prenaient le dessus et elle finissait souvent seule avec ses pensées, griffonnant sur son carnet sans avoir de réelles idées : comme maintenant. Bellamy a décidé de dresser un mur entre eux. C'est comme si les moments avec lui étaient comptés, qu'il allait s'en aller définitivement d'une seconde à l'autre et laisser le cœur de Clarke au passage.

Il y a plusieurs semaines...

Une fois débarrassée de sa veste et de son sac, Clarke arrive à pas de loup dans le salon, son cœur fait un bond dans sa poitrine au moment où elle aperçoit Bellamy allongé sur le canapé. Ce dernier est sorti de l'hôpital il y a peu de temps et son médecin lui a ordonné le repos complet. C'est sans arrêt la même histoire, elle est angoissée de rentrer chez elle, tous les soirs, c'est complètement ridicule. Son air insensible et désabusé a le don de la rendre complètement folle.

Sans lui accorder une parole, de peur de sa réponse sans doute, Clarke s'installe sur le fauteuil à côté de lui et pianote sur les touches de son téléphone. En entendant des grognements et des soupirs, elle lève discrètement le regard et constate le tee-shirt de Bellamy à moitié relevé et devine tout de suite sa grande difficulté à changer son pansement.

Une partie d'elle lui ordonne de l'aider tandis que l'autre lui indique de rester là où elle est. Poussée par des possibles explications de sa part, elle se lève subitement et s'approche de lui. Le contact physique entre ses mains froides et son ventre chaud lui envoie une décharge électrique dans tout le corps. Même après tout ce temps, il se passe toujours la même chose lorsqu'elle le touche. Une fois son bandage délicatement retiré, elle laisse, malgré elle, ses doigts caresser ses abdominaux sculptés. Quelques secondes magiques plus tard, elle enlève à contrecœur sa main et s'occupe de poser le nouveau pansement. Dès lors cette tâche effectuée, elle plante ses yeux océan dans ceux cuivrés du jeune homme. Transportée par son regard, elle a la sensation d'être seule avec lui, plus rien ne compte à part ce contact, tellement rare ces derniers temps. Durant l'espace d'une ou deux minutes, ses parents sont encore en vie et Bellamy n'a jamais été blessé. Tout cela n'est pas arrivé, ils sont juste tous les deux, ensemble.

La réalité reprend vite le dessus au moment où il détourne le regard. Sa mère et son père sont morts et il a bel et bien eu cet accident qu'il a failli lui coûter la vie. Sans ménagement, elle replace son tee-shirt, attrape violemment son sac avant de monter à l'étage, en sentant les yeux de Bellamy à nouveau posés sur elle.

Si elle n'avait pas repris le boulot, ce vide l'aurait déjà entièrement consumée. Heureusement, les vies qu'elle sauve l'aident à ne pas sombrer dans un état de mélancolie total. L'hôpital est comme une bouffée d'air frais chaque jour. Reprendre son métier, avoir ce tel ressenti est très bénéfique et elle aimerait le partager avec quelqu'un. Le problème est que sa relation avec Bellamy est au point mort, qu'Octavia est la plupart du temps au travail ou chez Lincoln et que Wells... Wells est parti. La seule personne à qui elle pourrait faire part de tout ça n'est plus là elle non plus.