Tout quitter pour tout changer

Chapitre 13

CHAPITRE XIII

« Reste avec moi »

Bellamy est envahi par un immense sentiment de soulagement au moment où il aperçoit Clarke franchir le seuil de la porte. Ce qu'il éprouve est indescriptible tellement il est apaisé de voir son amie saine et sauve. Il s'apprête à la prendre dans ses bras mais remarque aussitôt son expression ce qui le freine instantanément, comme si un mur invisible et insurmontable s'était dressé entre eux. Le jeune homme essaie de décortiquer ce qu'elle ressent au fond d'elle, ce qu'il arrive très bien à faire d'habitude. Mais devant son visage fermé, ses yeux rouges et son air exténué il a l'impression que la personne à qui il tient énormément s'est envolée pour laisser place à une jeune femme austère et plongée dans une grande souffrance. Bellamy se pose des tas de questions mais la plus évidente lui fait mal à la tête tellement elle résonne dans son cerveau : que s'est-il passé dans cet hôpital ? Il s'attend à toutes sortes de situations chacune plus grave les unes que les autres. S'il ne connaissait pas Clarke il pourrait facilement croire que ce qu'elle dégage est seulement dû à une grande fatigue ou simplement quelque chose qui l'a contrariée. Le fait est qu'il n'a jamais perçu ce genre de chose dans le regard de la blonde : un gigantesque et profond malheur.

Bellamy et Octavia dirigent leurs regards tantôt vers Clarke, tantôt vers Wells. D'un côté pour comprendre le problème et d'un autre pour obtenir des réponses à leurs questionnements. Seulement, ils n'ont pas le temps de déchiffrer quoi que ce soit que Clarke s'est déjà évaporée. Au moment où celle-ci est passée à côté de Bellamy, il a eu une douleur inexplicable, comme si son corps ne supportait pas de voir son amie dans un état pareil.

Wells se mord la lèvre inférieure et se laisse tomber sur le canapé, ses coudes appuyés sur ses cuisses et sa tête dans ses mains, sentant les yeux interrogateurs de ses deux amis le transpercer.

— Putain Wells c'est quoi le problème ? s'emporte Bellamy en brisant le silence.

Le concerné lève la tête, quelques larmes perlant aux coins de ses yeux, menaçant de couler d'une seconde à l'autre.

— Abby est morte, explique-t-il d'un ton glacial, faisant froid dans le dos aux deux autres.

Le fait de prononcer ces trois mots qui ont littéralement changé la vie du petit groupe le chamboule et lui rappelle lorsqu'il a dû les avouer à son père.

Il y a quelques heures...

Wells se laisse aller et sanglote dans les bras de son père. Cette situation ne leur était jamais arrivée, ils ne l'avaient même pas imaginée. L'idée de se retrouver dans les bras l'un de l'autre et de lui avouer ce qu'il ressent au plus profond de son cœur ne l'avait même pas effleuré un seul instant. Il a la sensation d'avoir réalisé un de ses rêves et de s'être débarrassé d'un poids qui était décidément beaucoup trop lourd pour lui. Wells respire une grande bouffée d'air et des senteurs familières viennent lui titiller les narines, cette pièce où il a passé tant d'années dégageant un effluve boisé et ce parfum légèrement mentholé mélangé à une légère odeur de café émanant de Thélonious lui rappelle tellement de choses. Wells se laisse aller encore un peu et reste quelques secondes de plus dans les bras de son père qu'il vient tout juste de retrouver.

Une poignée de minutes plus tard, père et fils sont assis sur un gigantesque canapé. Le seul bruit audible est le crépitement du feu provenant de la cheminée.

— Wells, commence Thélonious d'une voix qui se veut rassurante.

L'intéressé plante ses yeux noirs dans ceux de son père, attendant la suite.